Le réseau franco-québécois pour la mobilité dans le secteur de l’intervention sociale : construire un partenariat transnational durable pour enrichir nos pratiques professionnelles

Année : 2011

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

DEBOVE Lucie (France) – lucie_debove@hotmail.fr

Résumé :

Depuis 2007, le réseau franco-québécois pour la mobilité dans le secteur de l’intervention sociale se structure. Aujourd’hui fort de douze partenaires, cinq IRTS (Basse Normandie, Bretagne, Lorraine, Poitou-Charentes, Ile de la Réunion), cinq Centres Jeunesse québécois (Estrie, Gaspésie, Montérégie, Québec-institut universitaire, Saguenay Lac-Saint Jean) et deux associations France-Québec/Québec-France, le projet s’est progressivement solidifié en partenariat et a élargi ses ambitions. A la fois partenariat national et transnational, le réseau franco-québécois est un accélérateur de réflexions et d’expérimentations de pratiques.

La contribution présentera un double niveau d’apports engendrés par la construction de ce réseau : la structuration progressive d’une gouvernance partenariale et transnationale inédite permettant un travail collaboratif vertueux et les retombées concrètes de ce partenariat, pensées à partir de la notion de transfert, pour enrichir les pratiques et les compétences professionnelles locales.

1/ La mobilisation d’un réseau large et souple : un outil pour questionner les pratiques

Le partenariat franco-québécois est structuré par une volonté de s’inscrire dans la durée et par une implication importante de l’ensemble des professionnels qui y participent. C’est par cette mobilisation que le réseau a pu impliquer un nombre large d’acteurs du social d’aujourd’hui et de demain : professionnels de terrain, formateurs, cadres, étudiants et usagers de l’intervention sociale. En favorisant une construction sur un temps long de la gouvernance du partenariat, le réseau a posé les bases d’une compréhension mutuelle des pratiques professionnelles et culturelles de chacun.

Dans un contexte de crise où se restructurent pratiques et identités professionnelles, la confrontation à l’autre, dans notre cas à un autre IRTS ou aux centres jeunesse québécois, loin d’être un facteur supplémentaire de dispersion, est au contraire un révélateur de l’expertise, des pratiques et de l’identité propre de chacun. Il s’agit de questionner les évidences implicites, de prendre conscience de nos représentations et de mesurer l’incidence des évolutions de notre environnement de travail afin de retrouver le sens et l’orientation de nos actions.

2/ Tenter la comparaison pour s’engager dans une plus grande réflexivité

L’ensemble des acteurs impliqués retirent d’ores et déjà des apprentissages en termes de processus partenarial et de pratiques professionnelles, que cela soit dans le quotidien de l’intervention auprès des publics comme dans le management de structures ou dans le domaine des études-recherche en travail social. S’il ne s’agit pas à tout prix de transférer les pratiques et politiques mises en œuvre dans chacun des pays, le détour par des perspectives théoriques que sont les notions de policy transfer et d’hybridation sont nécessaires pour mettre à jour les tensions et les apports qui sont au cœur de toute expérience transnationale. Celle-ci implique en effet un passage incontournable par la comparaison, qui, pour constituer un terreau propice aux expérimentations, ne peut se conduire sans une réflexion sur la complexité des mécanismes sociaux et historiques à l’œuvre ; il s’agit avant tout d’éviter la tentation de calquer un modèle sur un autre, pour au contraire penser l’innovation par l’hybridation.

La découverte et l’approfondissement conjoint des politiques et pratiques sociales québécoises et françaises par le moyen d’échanges poste à poste, de formations conjointes, d’études communes, de voyages d’usagers ou de stages, ont des incidences en cascade : elles permettent un retour sur ses propres réalités, elles sont un appui pour s’extraire de la menace de l’usure professionnelle et pour encourager des expériences hybrides et réflexives construites à partir de ce que pourrait être une analyse comparative du travail social.




































Mots clés :

Relation transnationale, Transfert des connaissances, Co-construction

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