JUNOD Roland (Suisse)

Les questions qui se posent dans une pratique de recherche-action partenariale entre chercheurs rwandais et chercheurs suisses dans un contexte post génocide peuvent paraître excentrées par rapport à celles qui font le quotidien des chercheurs en travail social. À y regarder de plus près elles font écho, sous une forme parfois exacerbée, à des questions qui nous traversent et que nous oublions parfois de creuser dans des contextes apparemment plus « apaisés » :

1.En quoi les finalités et les modalités d’un travail de citoyenneté démocratique dans des communautés de base, auxquelles la recherche-action propose un appui, rencontrent-elles la politique de l’État (la politique de réconciliation en particulier) ou au contraire ouvrent-elles des perspectives critiques ?
2.De quelle manière le concept de citoyenneté démocratique, affirmé dans la nouvelle Constitution du pays et qui sert de pont conceptuel Nord-Sud, est-il reçu et approprié par les groupes mis en conflit dans le génocide ?
3.Dans quelle mesure les chercheurs eux-mêmes, impliqués dans un contexte à charge identitaire et émotionnelle élevée, soumis à de vives tensions de loyauté politique, peuvent-ils développer en commun une vision critique partagée et restituer une pluriperspectivité prisée en recherche-action?
4.Quelle coopération les chercheurs peuvent-ils engager avec les acteurs de terrain (des associations regroupant les différents groupes séparés par le génocide) au niveau de la réflexion comme au niveau de l’action.
5.Quel genre d’implication les chercheurs du Nord peuvent-ils proposer ou risquer ?
6.Quels sont les transferts de compétence (Nord-Sud) souhaitables et réalisables entre les deux équipes de chercheurs ?
7.Quels transferts de compétences en particulier au niveau du travail de formation conçu comme un des outputs de la recherche-action (la mise sur pied d’un programme d’Éducation à la Citoyenneté Démocratique à l’usage des acteurs associatifs de terrain)

La communication se propose d’apporter quelques premières réponses (inachevées) à ces questions sous forme de provocation à penser. Les réactions et réflexions des participants pourraient être conçues comme un apport à la recherche-action qui est dans sa phase d’évaluation.

Action communautaire, Recherche-action, Transfert des connaissances, Réconciliation