LES EFFETS PARADOXAUX DU KARAOKE

Année : 2011

Thème : L'effet Janus (impact positif et négatif) du karaoké dans le développement social

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

ANCIAUX Alain (Belgique) – aanciaux@ulb.ac.be

Résumé :

Le karaoké est parfois utilisé par des animateurs, des éducateurs sociaux, des travailleurs sociaux ou d'autres professionnels avec la fonction et les exemples suivants :

-réhabilitation des aphasiques et des trisomiques (ethnomusicologie et musicothérapie produisant de la dopamine et de la mélatonine);

-apprentissage des langues : c'est le cas du Centre d'Animation en Langues (Bruxelles);

-encadrement d'actions de cohésion sociale : par exemple, la commune de Braine-l'Alleud a organisé pendant trois ans des soirées "SIDA-MST" avec une animation karaoké;

-mise en valeur des personnes handicapées : par exemple, l'Association Francophone organise du karaoké (à ma demande) lors de la Journée des Familles;

-actions inter-générationnelles : le karaoké est parfois utilisé dans un lien entre des jeunes et des personnes âgées;

-action interculturelle : en 2010 à Florennes (Belgique), le karaoké a été utilisé pendant une soirée réunissant des personnes d'origine ethnique différentes (belges, turcs, marocains, Congo, Cameroun...) avec la participation de FEDASIL (Agence Fédérale pour l'accueil des demandeurs d'asile)...etc.
de soi. Il apparaît que les personnes atteintes d’anxiété généralisée, de phobie sociale et de dysthémie (dysthymia) réagissent le mieux au karaoké.

Le karaoké peut donc avoir une fonction ou un impact paradoxal (effet Janus) : effets positifs et effets négatifs comme l'indique cet exemple.
Le karaoké n'entraîne pas uniquement des effets positifs, mais également des effets négatifs qui peuvent être considérés comme des "dégâts collatéraux" effet d’insubordination, d’exhibitionnisme, de dénaturation, de désorganisation, de contamination, de criminalisation, d’insécurité, de prostitution, de transgression et de pollution sonore…
D'autres effets négatifs du karaoké provoquent indirectement des effets positifs de la part des travailleurs sociaux. Par exemple, en Thaïlande (ou le karaoké s'appelle "Norae bang"), beaucoup de karaokés bars sont surtout occupés et gérés par des prostituées : des travailleurs sociaux y viennent pour réaliser de l'information sur les risques liés au SIDA et aux MST.
Un autre effet négatif du karaoké est le fait que cette pratique est surtout centrée sur l' "imitation" : il s'agit donc d'une activité de copie qui a été confirmée par des chercheurs dans un ouvrage centré sur le capitalisme (Karaoke capitalism : management for mankind, Jonas Ridderstråle, Kjell A. Nordström, Kjell Nordström - 2004 ).
Ces effets négatifs ont poussé certains animateurs et travailleurs sociaux à revenir sur une activité antérieure : le slam, avec les jeux d'écriture (scriludes) et la lecture parfois encadrée par de la musique (slamoke) dans la lignée de Grand Corps Malade et d'Abd-Al-Malik.

Se pencher sur le karaoké semble futile, incongru et non pertinent de la part d’un scientifique. Pourtant, des sociologues, principalement caractérisés par leur approche des analyseurs dans le cadre de l’analyse institutionnelle, ont eux aussi entrepris des démarches fort proches au cours des dernières années. C’est le cas de Georges Lapassade avec ses recherches sur le rap et de Rémy Hess avec ses écrits sur le tango .
Le rap, le tango, le karaoké…autant d’analyseurs potentiels de la réalité sociale qui nous entoure et de ses nombreux déterminants.
Ces recherches s’inscrivent dans un double mouvement touchant la France et les États-Unis : l’observation participante , d’une part et, d’autre part, l’ethnographie alternative .

Mots clés :

Action alternative, Animation, Utilité sociale, ethno-anthropologie ethnographie alternative travail social alternatif

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