DALLAIRE Nicole (Canada) – nicole.dallaire@usherbrooke.ca

L’objet de cette communication est de faire connaître un projet d’intervention de proximité développé dans deux quartiers appauvris de la ville québécoise de Sherbrooke. Ce projet combine l’intervention individuelle, de groupe et communautaire afin de répondre aux besoins psychosociaux des résidents tout en contribuant au développement de la communauté territoriale. Il s’agit d’un projet d’innovation sociale et pédagogique soutenu par une institution dispensant des soins de santé et de services sociaux. Deux intervenantes de quartier dont les bureaux sont installés dans des logements à prix modiques, à proximité des personnes à qui elles offrent des services polyvalents (clientèle de 0-100 ans), ont été embauchées. Ce projet comporte quatre objectifs : développer une pratique d’intervention complémentaire aux « programmes-clientèles » et adaptée à la réalité vécue dans chacun des quartiers : bonifier l’aide apportée aux citoyens en renforçant les liens unissant les différents acteurs des quartiers (réseaux de citoyens, communautaires et publics); rejoindre les résidents vulnérables des quartiers qui ne connaissent pas les ressources et/ou qui ne vont pas demander de l’aide ou qui refusent l’aide formelle; prévenir les problèmes sociaux et promouvoir la santé globale par une action sur les déterminants sociaux de la santé.
Un bref exposé mettra en lumière le caractère inusité et la diversité des rôles des deux intervenantes sociales, incluant la créativité dont elles font preuve pour développer les réseaux informels dans les quartiers par des activités de « reaching out », de jumelage ou grâce à la médiation d’intervenants pivots. De plus, celles-ci développent leurs compétences à « soutenir ceux qui soutiennent » comme elles le disent si bien. Ce travail d’intervention nécessite un « apprentissage du local » par lequel elles découvrent l’histoire et le caractère unique du quartier, de même que ses ressources potentielles à développer. Nous décrirons par la suite la nature des interventions de groupe développées à partir des besoins perçus ou des demandes des citoyens concernés. Également, le potentiel et les particularités de l’intervention de groupe au sein d’un micro territoire seront analysés. Un exemple évocateur d’une démarche interculturelle auprès de réfugiés africains de divers pays, dont certains agissent comme acteurs du développement de leur communauté, servira d’illustration.
Nous terminerons en situant ce projet dans un dispositif plus large de développement des communautés, dans ses aspects intersectoriels et territoriaux, ce qui implique une complicité étroite entre l’intervenante psychosociale de quartier, l’organisateur communautaire et des intervenants des milieux institutionnels et communautaires.
En somme, ce projet s’efforce de briser la dichotomie entre le « travail clinique » (individuel et de groupe) et l’action communautaire et de remettre le changement social au cœur de l’ensemble des pratiques des intervenants sociaux, et ce à l’intérieur d’une pratique territoriale.

Territorialisation, Développement social urbain, Solidarité de proximité