“Defaral Sa Bopp”: compter sur ses propres forces

Année : 2011

Thème : Le développement durable promu par les migrants sénégalais dans leurs villages d’origine

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

BEVIVINO Maria Luisa (Italie) – ilish85@yahoo.it

Résumé :

Cette contribution présente les opportunités issues par des pratiques alternatives de développement rural soutenues par les migrants.
Grâce à la contemporaine appartenance aux réalités d’origine et d’insertion, ces «citoyens parmi plusieurs espaces» et «agents collectifs de développement» vivent une «double présence» en promouvant des actions qui impliquent toutes les deux dimensions. Ils transforment les problèmes vécus dans le lieux d’immigration et les difficultés exprimées par les populations d’origine, dans des objectifs communs qui se lient aux luttes conduites par les autres acteurs de la société civile.
L’enceinte d’investissement la plus intéressante concerne le secteur agricole pour l’affirmation du droit à l’alimentation dans l’optique de la souveraineté alimentaire. Les initiatives visant à balancer de façon durable le rapport entre homme et nature, représentent des pratiques alternatives par rapport au model univoque qui a trouvé une vaste généralisation au sein des théories de la modernisation, au Nord comme au Sud du monde, et qui soutien une agriculture commerciale à détriment de la reproduction de l’agriculture familiale.
L’expérience de terrain ici présentée, c’est le projet Defaral Sa Bopp (en wolof, compter sur ses propres forces) promu l’Association italo-sénégalaise Sunugal et réalisé dans certains villages rurales au Nord du Sénégal, entre les Régions de Thiès et Louga. Cet initiative a le but d’améliorer les conditions sociales et économiques des populations résidentes, pour limiter l’exode rural et réduire la dépendance de l’extérieur, avec une particulière attention pour la souveraineté alimentaire et la durabilité. A travers l’accroissement et la diversification de la production agricole, on a l’intention de valoriser toutes les ressources du terroir même dans la contre-saison. Le projet, commencé en 2008, est composé de trois macro-phases: le démarrage de la production agricole dans le village de Beud Dieng, grâce à la mise en œuvre d’un système irriguées pour la contre-saison, des activités pour la formation des jeunes en agriculture biologique et la réalisation d’un forage dans le village de Ndiaye Thioro; le début de la production agricole dans ce deuxième village, une recherche-marché pour identifier les modalités de commercialisation des produits, la constitution d’une coopérative agricole; le renforcement de la coopérative qui est maintenant apte à s’occuper de toutes les activités qui concernent la production agricole et les rapports avec les partenaires locaux et internationaux.
Dans la même zone, aussi un autre projet a été réalisé par une entreprise italienne: la culture de jatropha curcas pour la transformation en agro-carburants. C’est une conception profondément opposée qui en est à la base: la monoculture vs la différentiation des productions; la dépendance du marché et de l’extérieur vs la production qui garantisse l’autosubsistance et adressée aux marchés locaux; l’utilisation des terres collectives pour des cultures commerciales vs une production finalisée à la sécurité et à la souveraineté alimentaire des autochtones; un développement exogène basé sur la surexploitation du travail vs une logique fondée sur une gestion autonome du terroir pour contribuer à sa reproduction durable.
A Beud Dieng, grâce à l’intervention des migrants réunis dans l’Association Sunugal, on a bien compris les risques liés à des politiques qui ne permettent pas de compter sur ses propres forces et qui, au contraire, laissent à des acteurs étrangers un profit sur ses propres terres. Les migrants, donc, avec leurs actions de co-développement, ils sont des acteurs protagonistes dans la lutte pour réclamer le droit à l’alimentation et pour promouvoir un développement endogène et durable dans leur contexte d’origine, avec une attitude critique envers des modèles imposés par l’extérieur et en réseaux avec les autres acteurs principales de la même lutte tels que les mouvements paysans.

Mots clés :

Acteur de développement, Développement durable, Zone rural, Migrants; Co-développement

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