Pour une éthique d'intervention

Année : 2011

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

DIDIER SEVET Claudie (France) – csevet@hotmail.com

Résumé :

Pour une éthique d’intervention
La communication de Claudie DIDIER SEVET s’appuie sur son expérience d'assistante sociale et de formatrice en France puis de consultante internationale dans de nombreux pays d’Afrique (Afrique de l’Ouest, RDC, Rwanda, Algérie), quelques pays d’Asie : Népal, Inde et Sri Lanka et en Haïti au cours de ces deux dernières années.
Centrée autour de la question de la protection des enfants, Claudie DIDIER SEVET intervient en situation de post urgence, dans ce temps spécifique où les populations comme les acteurs de la protection sont fragilisés et par la situation (guerre, catastrophes naturelles etc.) et par l’intervention des « urgentistes »
Il ne s’agit pas par là de disqualifier l’action humanitaire d’urgence mais de faire le constat que par sa nature même elle se substitut aux solidarités communautaires et attaque souvent le lien social.

Intervenir dans un « contexte de passage » entre urgence et développement nous amène à développer une éthique d’intervention particulière que nous déclinerons en trois axes :
-La compréhension des problèmes rencontrés et des solutions proposées ne peuvent se faire que si le nous entrons dans un processus de contextualisation et de co construction dans la recherche de solutions : toute organisation (famille, groupe, communauté) porte en elle des réponses aux problèmes qu’elle rencontre. Notre intervention ne viendra pas proposer des solutions externes, même si elles ont été pertinentes ailleurs, mais nous demandera d’entrer dans un processus de compréhension partagée des problèmes et de recherche de solutions qui tiendront compte de l’histoire (solutions déjà proposées, leçons apprises), des normes et valeurs contextuelles et des pratiques sociales

-Toute personne, tout groupe, toute communauté même fragilisés, même déchirés par la guerre, peuvent retrouver des forces de créativité si on favorise et stimule les capacités à renouer du lien social et du « faire ensemble ». Nous développerons alors davantage une intervention de type communautaire ou de travail de groupes que le travail social individuel qui très souvent ne correspond pas à la culture et risque de provoquer jalousie, attentes et interdépendance.

-Pour assurer la pérennisation des actions et l’appropriation des savoirs nouveaux, l’intervention doit s’appuyer sur des forces locales : appui technique auprès des ministères, partenariat avec des associations de la société civile, formation de formateurs ou appui à des instituts de travail social existants. L’intervention quelle soit de type accompagnement d’équipes ou de formation ne doit pas se répéter d’année en année mais s’inscrire autant que faire se peut, dans un processus de transmission et de renforcement des capacités locales.

Quelques remarques :
- le changement ou le passage pour aller vers un état nouveau s’inscrit dans une temporalité, celle ci dépend des forces et des obstacles liés à la situation dans son contexte et son histoire présente.
Le temps de l’intervention n’est généralement pas celui du changement, il est celui du programme et de son financement, cette limite souvent vécue comme un obstacle majeur nous invite à penser que nous ne sommes là que « de passage » pour stimuler des forces de créativité et participer à les organiser.
Nous sommes appelés à partir !
-Si cette éthique d’intervention nous semble indispensable dans un contexte sensible d’intervention à l’étranger, elle relève pour nous de la même exigence dans toute intervention sociale.



Mots clés :

Travail social international, Lien social, Co-construction,

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