La crise institutionnelle

Année : 2011

Thème : Un nouveau défi pour demain ?

Type : Autre

Auteur(s) :

SCHUIND Nathalie (Belgique) – nathalie.schuind@hotmail.com
CORDON QUINTANA Alexandre (Belgique)

Résumé :

Selon nos observations réalisées sur le terrain lors de nos stages respectifs, la crise institutionnelle se décline en deux grands thèmes.

1) La logique concurrentielle

Aujourd’hui, avec la multiplicité grandissante des services privés, les appels à projet alléchants de la part des pouvoirs publics, le secteur social s’est développé dans les traces directes des logiques économiques.

En effet, le secteur obéit à des lois de marché économique. Nous parlons, de l’offre pour qualifier les réponses que l’on peut apporter à la demande qui elle pourrait être synonyme de besoins.

Les services de type associatif sont contraints de suivre cette logique pour subsister, pour être concurrentiels. Ils sont donc souvent amenés à user de stratégies partenariales (création de réseaux) ou encore d’obtenir le monopole d’un projet, d’une action, voir d’un secteur entier.

Se différencier, être le plus innovent pour attirer le plus de bénéficiaires possible semble être une voie, empruntée de plus en plus couramment, pour obtenir des subventions. Le morcellement du travail social amène les organisations à proposer de plus en plus de services possibles. En conséquence, il y a donc un risque de « ghetto social et organisationnel».

2) La violence institutionnelle

Persuadées de vouloir faire le bien commun, les institutions provoquent des réactions violentes de la part des bénéficiaires due à leur complexité administrative ou bureaucratique.

Par exemple : L’aide à la jeunesse amène, de part la multiplicité des services spécialisés, des familles à devoir se débrouiller avec un grand nombre de travailleurs sociaux qui voltigent en orbite autour d’une même situation. Ce qui rend la situation encore plus confuse et complexe qu’au départ et qui provoque donc un « grand n’importe quoi » qui va souvent se traduire par une forte agressivité vue à tort comme de la violence alors qu’il s’agit bien, nous dit Alain Boyer, d’une manière de créer une relation (tentative de faire du logos).

Le n’importe quoi, la réelle violence au sens de Boyer dans ce cas-ci, vient bien de l’univers institutionnel.

Les difficultés de la réalité nous poussent, en tant qu’être humain, à créer des institutions (Le droit, la langue,…) pour préserver le bien commun. Or une fois mise en place, ces institutions sont figées et ne correspondent plus à la réalité que continue d’avancer. Alors, pour répondre à cette sclérose institutionnelle, l’homme a inventé des procédures d’ajustement (la jurisprudence pour le Droit, l’académie pour la langue). Le problème est que ces procédures d’ajustement n’œuvrent pas pour le bien commun mais bien pour le maintien de ces institutions.

Cette « boulimie juridico-préventive » nous fait perdre le sens de ce pourquoi on nous propose de nous protéger. Cette perte de discernement est due à un mouvement de panique qui nous aveugle et nous empêche de voir le bien commun qui est à l’origine des institutions qui en ont-elles-mêmes perdu le sens.

Le floue ainsi créé amène de l’incompréhension de la part des bénéficiaires et parfois même de la part des travailleurs sociaux. L’innommable devient ainsi du « n’importe quoi », de la violence.

Concrètement, selon Tomkiewicz, la Violence institutionnelle correspond à : « toute action commise dans ou par l’institution ou toute absence d’attention qui cause à la personne une souffrance physique, psychologique inutile et/ou qui entrave son développement ultérieur ».
C’est aussi lorsque l’institution donne plus d’intérêts à ses propres intérêts qu’à ceux de la personne. La violence est, de toute façon, inhérente au groupe et donc à l’institution. Déjà, la réparation est une violence, donc le placement est une violence. Toute séparation constitue une violence. L’entrée dans une collectivité amène à la perte d’une singularité afin d’adopter les règles collectives. L’attente du fait du manque de place en institution constitue aussi une violence institutionnelle.

Mots clés :

Pratiques en réseaux, Crise sociale, Management social, Concurrence, violence institutionnelle

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