Une pratique de travail social avec un groupe de personnes atteintes d'un cancer comme espace de développement durable
Année : 2011
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
DAMY Catherine (France)
Résumé :
Je suis assistante sociale à la CARSAT Nord Picardie, actuellement en cours de formation sur le Travail Social avec les Groupes. J’ai choisi de mettre en place un groupe d’hommes et de femmes atteints de différents cancers, ayant fini leurs soins, mais n’étant pas encore aptes à reprendre le travail. Sur les personnes sélectionnées dans ma file active, 8 se sont saisies de l’opportunité du groupe. Les échanges à chacune des rencontres sont riches et fructueux.
3 grands axes de travail se profilent :
- Échanges sur les situations individuelles et préoccupations de l’évolution de tous les membres du groupe.
- Échanges sur la législation Sécurité Sociale, le droit du travail.
- Échanges sur les articles de presse écrite, Internet, etc.
Quand on est malade, on subit la logique médicale, il faut sauver sa peau. Mais lorsque les soins techniques, médicaux sont terminés, au cours de cette phase d’attente de diagnostic de rémission, quel statut social ont ces personnes?
Elles ne sont plus malades, puisqu’elles ne reçoivent plus de soins. L’entourage les considère sorties d’affaire. Elles ne sont pas encore en activité professionnelle puisque leur état de fatigabilité ne leur permet pas de reprendre le travail.
Ce sont des personnes qui souffrent du cataclysme physique et psychologique engendré par la maladie. Elles sont seules face à leur ressenti : désarroi, fatigue, repousse des cheveux, perte ou prise de poids, reconstruction d’un sein à envisager…
Elles subissent le manque de lien social, pâtissent de ne pouvoir se confronter à d’autres personnes ayant vécu des épreuves similaires.
Au sein du groupe, les membres discutent des conditions de prise en charge, des relations avec les médecins, les soignants, des traitements prescrits ou pas, etc. Ils s’approprient leur expérience particulière jusqu’à la dépasser pour aboutir à une réflexion d’ordre sociétale.
Par exemple, a émergé dans le groupe la notion qu’un malade coûte cher à la société. Chaque membre du groupe explore désormais ses décomptes de remboursement de la Sécurité Sociale, et évalue sa part de responsabilité dans son déficit.
A ce jour, au bout de 8 mois de rencontres bimensuelles, le groupe poursuit ses rendez-vous. C’est le maillage social crée qui a contribué à la reconstruction identitaire de la plupart de ses membres, permis une reprise de travail ou un retour aux soins dans de meilleures conditions.
Tout ceci contribue d’ailleurs indirectement à une économie sociale, ces personnes désormais résolues à affronter leur situation ne sont plus ni en marge, ni à charge de la Société ou se responsabilisent autrement dans leurs soins.
Enfin, le groupe a crée un phénomène de synergie, aucun des membres n’aurait pu se reconstruire autant isolément, l’effet positif obtenu génère un nouvel état d’esprit, autorisant à penser que la souffrance ainsi dépassée repousse l’éventualité d’une rechute. Le groupe contribue au développement durable en permettant à ses membres de reprendre une place de citoyen. La crise individuelle occasionnée par la maladie peut être transcendée par l’appartenance à un groupe de pairs. Et ce n’est que par cette démarche de résilience que l’individu peut s’ouvrir à une réflexion plus globale sur le fonctionnement de la société et la politique de prise en charge des soins.
Une conscience renouvelée de la citoyenneté remet l’individu dans le contexte social collectif qui s’inscrit dans le cadre du développement durable par une participation impliquée. Car, la notion de développement durable vise à orienter l’action au sein de la société. C’est ainsi que le groupe a pris son « autonomie » en transversalité en se dégageant du Travail Social avec les Groupes pour devenir acteur de la société en créant une association sur le département de l’Oise, visant à informer les nouveaux malades du cancer sur leurs droits et devoirs.
Ma pratique de travailleur social a initié une réflexion systémique qui a permis l’émergence d’une démarche plus globale.
Mots clés :
Usager, Vivre ensemble, Utilité sociale
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