RODARI Riccardo (France) – rodari@gmail.com

Le propos de cette communication est de présenter un modèle d’intervention qui facilite la communication et stimule le partage entre les participants d’un groupe de parole. La simplicité de sa mise en place et son efficacité à susciter l’entraide entre les participants en font un modèle d’intervention prometteur pour le travail social collectif et communautaire.

D’orientation systémique et anthropologique, la thérapie communautaire, a été conçue par le psychiatre brésilien Adalberto Barreto, à partir d’un travail dans des favelas du Brésil. Dans les pays où cette approche est appliquée, les animateurs sont surtout des travailleurs sociaux. La mise sur pied d’espaces de thérapie communautaire demande très peu de moyens ; la formation des animateurs est le seul investissement conséquent auquel il faut consentir.

Fondée sur l’idée que tous ont des compétences, la démarche cherche à mettre en valeur les ressources de la communauté dans la quête de solutions aux difficultés du quotidien. Cela exige des animateurs une posture de « non savoir » favorable à l’émergence d’auto-solutions. La pratique de la thérapie communautaire habitue les travailleurs sociaux à intervenir de façon horizontale et à se centrer sur les ressources et les compétences des participants.

La thérapie communautaire est un espace ouvert à tous où, à partir d'une situation problème, choisie par le groupe parmi celles que des participants ont proposées, les animateurs encouragent les présents à puiser dans leur histoire de vie, à partir des résonances créées par la situation choisie. Les échanges qui s'ensuivent permettent la création de liens, chacun pouvant reconnaître chez l'autre des similitudes avec sa propre histoire.

Le rôle des animateurs n'est pas de guider la séance, mais d'induire des modalités de questionnement qui permettent de mieux comprendre le vécu de l'autre et de développer l'empathie. Ainsi, chacun se sent entendu et accueilli. De cette manière, l'agent thérapeutique de la thérapie communautaire n'est pas le thérapeute mais le groupe.

Sur ces bases, les échanges sont résolument horizontaux, puisque ce qui est valorisé n’est pas la différence de statuts, mais la variété des expériences de vie et, à ce niveau, chacun se retrouve à la même enseigne. Cela aide à retrouver de l'estime de soi, ce qui est particulièrement important chez des personnes en souffrance car elles ont tendance à se centrer sur ce qui ne va pas et à se percevoir comme marquées par le manque de valeur et l'impuissance. La thérapie communautaire permet d'inverser cette tendance et de retrouver de l'espoir.
A partir des expériences menées depuis sept ans dans plusieurs quartiers populaires de Genève, seront présentés les avantages de cette approche, aussi bien pour l’intervention psychosociale, que pour la formation des travailleurs sociaux. Par ailleurs, il sera fait état des difficultés que posent sa mise en œuvre et son inscription dans la durée, en particulier au point de vue de son intégration dans les institutions et les espaces sociaux.
Dans un contexte de profonde crise du lien social, ce genre de pratique permet la création de réseaux de solidarité et d’entraide, ce qui représente une opportunité intéressante pour le travail social de développer des pratiques collectives innovantes.

Action communautaire, Lien social, Intelligence collective