KNOLL Carol (France) – carol.knollf@gmail.com

Fin 2008, les professionnels intervenant dans le domaine de l’action médico-sociale territorialisée exprimaient massivement une perte de sens, sous la forme d’un mouvement de grève remettant en cause une récente organisation : la mise en place d’équipes spécialisées en insertion et dans l’évaluation de situations d’enfance en danger, l’action généraliste de polyvalence était devenue pour les travailleurs médico-sociaux une mission par défaut, en perte de repères et d’identité.
Il importait dès lors de reconnaitre la spécificité de la polyvalence et sa nécessaire évolution, liée au contexte socio-économique, à la diversification et la complexité croissante des accompagnements, aux nouvelles pratiques professionnelles émergentes.
Face à cet enjeu, en termes de management, de pilotage des politiques sociales, de qualité, de continuité de service rendu aux usagers, une recherche action a été initiée. La méthodologie retenue avait un double objectif :
-interroger chacun sur ce qu’il perçoit de sa place, de son métier,
-favoriser l’élaboration de propositions et pistes d’amélioration envisageables.
Le choix a été fait de recourir à un prestataire, prêt à mobiliser des intervenants en sociologie et formateurs en travail social, non pas par manque de compétences en interne, mais pour assurer un regard extérieur et favoriser la prise de parole des équipes.
Un comité de pilotage, assurant une représentativité métier, a été constitué pour garantir la circulation de l’information et veiller à l’implication des personnes concernées.
Le plan de travail s’est concrétisé autour de trois grandes phases :
- séance inaugurale, sous la Présidence du 1er Vice-Président du Conseil général marquant l’importance que l’institution accordait à cette expérience ;
- constitution de groupes de travail autour des thématiques validées par le comité de pilotage : la qualité du service rendu aux usagers, les méthodes d’intervention dans le champ social et médicosocial, les publics en grande précarité, le travail pluridisciplinaire et pluri professionnel. La réflexion a été guidée en référence aux travaux de Michel CROZIER, de Cristina DE ROBERTIS, et du Conseil Supérieur de Travail Social (CSTS). Les groupes de travail ont procédé en deux temps : échange de considérations sur les sujets et élaboration collective de propositions synthétisées. Les professionnels ont rendu compte de leurs recherches devant l’ensemble de leurs collègues, six mois après la journée de lancement ;
- phase action.
Afin de répondre aux interrogations des équipes, la Direction des Solidarités s’est engagée à apporter une réponse, quelle qu’elle soit, à chacune des propositions.
Cette recherche action s’est déroulée sur une année pour respecter les souhaits des professionnels considérant les limites de leur disponibilité et la nécessité d’intégrer dans la durée les éléments recueillis pour les partager au sein des équipes. Elle a mobilisé une représentation diversifiée de professionnels en situation d’impulser une dynamique renouvelée, a permis de fédérer les équipes autour d’un projet participatif, de mutualiser les connaissances, de capitaliser les expériences.
A l’issue, cinq axes ont été identifiés : favoriser et promouvoir le travail et les échanges inter-équipes, développer le partenariat, développer les Interventions Sociales d’Intérêt Collectif, revoir le traitement des situations de violence et d’agressivité, adapter certaines questions d’organisation.
L’élaboration concertée de ces pistes de travail montre l’efficience de cette démarche. Celle-ci n’est pas une «fin en soi», l’ouverture de nouvelles pistes de réflexion prouve, s’il en était besoin, que les thématiques dégagées ont permis d’œuvrer pour améliorer le service rendu à l’usager, et d’initier une dynamique indispensable aux évolutions en matière d’accompagnement social.
La crise initialement exprimée a constitué une opportunité pour penser le travail autrement et retrouver du sens à l’intervention sociale.

Recherche-action, Solidarité, Fonction de direction