Action éducative en milieu ouvert (AEMO) à Genève, participation des usagers et autonomie durable
Année : 2011
Thème : Contribution à la question de la détermination des usagers dans les programmes qui leurs sont concernés
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
PAULUS Eric (Suisse) – eric.paulus@eesp.ch
GALLANDAT CREVOISERAT Sybille (Suisse) – sybille.gallandat@foj.ch
HESS Pierre-Jean (Suisse)
Résumé :
L’assistance éducative en milieu ouvert (AEMO) est un modèle d’intervention éducative plus léger que le placement institutionnel. Elle répond aussi à une évolution de la prise en considération des droits et de l’intérêt de l’enfant, ainsi que des familles. Implantée en Suisse romande dans les années 70, elle a pris un importance toute particulière depuis les années 90 dans différents cantons romands, affilée aux systèmes d’aide et de protection des mineurs. L’implémentation de ce dispositif à Genève en 2009 a offert l’occasion de réaliser une nouvelle recherche sur cette prestation sur sollicitation de l’Office de la Jeunesse de ce canton. Les prestations socio-éducatives auprès des enfants et des familles en difficultés en Suisse s'inscrivent au sein du droit national et international, au regard des objectifs sociaux des constitutions cantonales et fédérale, de l’adhésion de la Suisse au Conseil de l'Europe et de la ratification de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Ce cadre renvoie à l’analyse de la prise en compte effective, par les pouvoirs publics, par les services officiels et par les partenaires professionnels socio-éducatifs, des droits des enfants et des familles dans leur quête d’autonomie. Dès lors, de quelle manière concrète et selon quelle perspective durable, la question de l’aide et de la protection est-elle localement mise en oeuvre, dans un pays et une législation caractérisés par le principe de subsidiarité entre instances et acteurs ? Dans quelle mesure, encore plus concrètement, la participation effective à la détermination, par les destinataires/usagers, des contenus et des objectifs des projets qui leurs sont destinés, est-elle activée ? L’étude menée en 2010 et 2011 sur l’action socio-éducative en milieu ouvert (AEMO) à Genève apporte ici quelques éléments. Les formes de participation des destinataires et usagers à la conception, à l’évaluation et au suivi de l’intervention, implicites ou explicites, ont été investiguées. De l'AEMO par recommandation ou par « injonction » des pouvoirs publics, à l’appropriation du dispositif par ses destinataires et ses prestataires, les conceptions de la participation des usagers varient selon le point de vue et la place des acteurs dans le triangle destinataires/usagers - pouvoirs publics – professionnel-le-s. De nouvelles perspectives s’entrouvrent alors, en regard de la participation possible et effective des destinataires liée à leur détermination propre. La recherche poursuit ici le débat. En effet, les études entreprises au sujet des dispositifs d’assistance, d’appui, d’accompagnement ou d’aide éducative en milieu ouvert (AEMO), ont le plus souvent donné lieu à des évaluations de différents types (Tillard, & Rurka, 2005), à un questionnement du modèle d’intervention (Tabin, Hugentobler , Sabatini, Paulus, Steiger, & Zuntini ,2006) ou à un questionnement sur le mode d’évaluation des situations rencontrées (Gabel & Durning, 2002 ; Boutanquoi & Minary, 2008). Les promoteurs de ce modèle d’intervention doivent vraisemblablement prouver et défendre l’efficacité de l’intervention qui doit prendre et défendre sa place parmi des usages institutionnels plus anciens. Les études réalisées en Suisse sur l’AEMO ont toutefois peu questionné jusqu’à présent les familles elles-mêmes. En Europe, un courant de recherche fait place à ce questionnement sur la place, le rôle ou simplement l’opinion de la famille (Lee, 2001 ; Rurka, 2008 ; Billot, 2009 ; Gamble, 2009). Un deuxième courant de recherche se focalise sur les compétences, les relations et le pouvoir familial (Ausloos, 2004 ; Hardy, 2001 ; Kellerhals, & Widmer, 2005 ; Rizzini & Mandel Butler, 2007 ; Sellenet, 2006). Certains auteurs replacent les dispositifs AEMO en lien avec les institutions auxquelles ils semblent parfois vouloir échapper (Humbert, 2003 ; Stayton, 2009). Les résultats de l’étude tentent ici une contribution à la question de l’autonomie et la détermination des familles.
Mots clés :
Intervention sociale et travail social, Participation, Cohésion sociale
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