Enjeux de l’implication dans les pratiques d’accompagnement psychosocial : ouverture à une écologie du lien ?

Année : 2011

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

PITTET Marc (Suisse) – marc.pittet@hesge.ch

Résumé :

Proposition 551 retravaillée

Comment penser une « écologie » de la rencontre interpersonnelle et des rapports des sujets humains avec leurs milieux ? En prenant appui sur une des acceptions de l’écologie au sens de l’exploration, de la compréhension du milieu où vit l’être humain ainsi que des rapports de cet être avec ses semblables et avec le milieu, nous choisissons une perspective phénoménologique pour interroger la notion de lien d’accompagnement. Être avec soi, avec les autres et dans son rapport au monde est une question de conditions qui ouvrent ou non à l’existence et à la rencontre.

Il n’est pas rare d’entendre dans le discours de travailleurs sociaux, qu’une part importante de leurs clients adolescents ou jeunes adultes n’ont plus de repères ou encore qu’ils font « exploser » le cadre éducatif ou institutionnel. On observe aussi du côté des pratiques éducatives et pédagogiques, des enfants qui témoignent de conduites impulsives, parfois violentes envers les autres ou envers eux-mêmes. Qu’ils soient éducateurs dans un foyer ou assistants sociaux dans un service social, les travailleurs sociaux sont confrontés à des clients désignés comme « difficiles ». L’accompagnement s’avère alors complexe, voire impossible à certains moments. Les clients montrent des conduites parfois déconcertantes qui laissent les travailleurs sociaux « décontenancés ». On peut dire qu’ils résistent au désir d’aide qui habite les praticiens. Les professionnels parviennent alors aux « limites ». Sujets en crise et crise des pratiques semblent parfois s’imbriquer et se superposer.

Si exister est un enjeu « écologique », l’accompagnement psychosocial de populations vulnérables suppose alors de promouvoir la qualité de vie d’un sujet humain, de développer son rôle d’acteur dans son environnement social, de soutenir des actions d’intérêts collectifs. Nous savons qu’une des visées essentielles de la relation d’accompagnement est de développer la capacité d’une personne à « prendre son destin en main », à s’impliquer auprès d’autrui. D’un point de vue phénoménologique, une « écologie » du lien interpersonnel et social peut alors s’envisager comme une rencontre qui ouvre à une co-présence au monde. « Rencontrer quelque chose ou quelqu’un dans le tout et à partir du tout » (Binswanger), exige l’accès à une co-présence. Nous pensons que cette qualité de rencontre passe par un partage émotionnel entre praticien et client et par une remise en question de l’« être-professionnel » pour le praticien. Généralement la situation d’accompagnement psychosocial n’est pas d’emblée le lieu d’une co-présence. L’un, le client ou le patient, quelle qu’en soit la cause, souffre de ne pas pouvoir être lui-même, de ne pas pouvoir pleinement exister en tant qu’homme. L’autre le praticien, lui-même menacé dans son propre pouvoir-être par l’étrangeté dont témoigne le client ou la situation de la rencontre peut se contenter d’une parole toute faite ou d’un acte préfabriqué. La présence du praticien est alors appelée à une transformation d’elle-même. C’est notamment à partir de l’expérience d’accompagnement d’un jeune adulte réputé autiste que nous interrogerons les concepts de rencontre et d’empathie, et que nous esquisserons des pistes d’interventions qui ouvrent aux possibilités de « vivre ensemble ».

Mots clés :

Urgence sociale, Secteur socio-éducatif, Intervention sociale et travail social

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