La Funoc, au gré des injonctions subsidiantes
Année : 2012
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
OLIVA Régine (Belgique) – regineoliva@yahoo.fr
Résumé :
Les réglementations qui se succèdent en matière de formation d’adultes sans emploi participent-elles à l’érosion du socle idéologique d’une institution ?
La FUNOC , créée le 29 décembre 1977 par le MOC, la FGTB, Marie-Christiane Verniers et Paul Demunter se situe dans un vieux bassin industriel de Wallonie frappé par la crise économique mondiale. Son action s’adresse donc, à l’origine, aux travailleurs ayant perdu leur emploi. Son originalité réside alors dans la manière dont elle conçoit la démocratisation de la production, de l’acquisition et de l’usage des savoirs.
La volonté d’amener la classe ouvrière à acquérir savoirs et savoir-faire lui permettant d’agir entrera, dès le début de l’histoire de la FUNOC en tension avec les décisions politiques prises au fil des ans par les pouvoirs subsidiants.
A l’heure actuelle, la FUNOC a bien conscience d’être instrumentalisée pour agir comme levier sur les couches populaires de l’Etat Social Actif, mais elle n’a d’autre choix par le fait même de la subsidiation que de participer à la dynamique d’activation des personnes éloignées de l’emploi.
Au travers du référentiel exigé par la Région Wallonne (DIISP), il est d’évidence que les OISP (Organismes d’Insertion Socio Professionnels) en général et la FUNOC en particulier vont participer à l’emprise culturelle de l’entreprise dans le champ de la formation d’adultes. En effet, tant par le vocabulaire que par les actions, les associations vont participer à la pérennité du modèle de l’entreprise-institution.
Ce constat nous invite à poursuivre notre réflexion et ainsi à tenter de saisir au travers du modèle des économies de la grandeur de Boltanski et Thévenot les modalités de la construction des accords entre les acteurs impliqués (Etat, FUNOC, bénéficiaires). La FUNOC, dans le discours de ses fondateurs et de ses administrateurs s’inscrit donc dans le monde civique (équité et solidarité). Le secteur ISP, lui, importe progressivement des principes et des répertoires d’objets propres au monde industriel (efficacité, performance).
Une forme de compromis entre un principe d’efficacité du monde industriel et un principe d’émancipation du monde civil reste cependant possible (égalité des chances). Le monde marchand, lui, est convoqué à la fois dans la mise en concurrence des OISP entre elles et des chômeurs entre eux. Les modifications de son dispositif à travers le temps et la mobilisation politique actuelle de ses administrateurs sont les réponses de la FUNOC à son environnement.
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