Les interfaces entre l'État et les organismes communautaires (associations) au Québec : nouvelles configurations et enjeux pour la formation

Année : 2012

Thème : SAVARD Sébastien

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

SAVARD Sébastien (Canada) – ssavard@uottawa.ca

Résumé :

L’environnement dans lequel se pratique le travail social a beaucoup évolué dans les vingt dernières années. Les travailleurs sociaux doivent de plus en plus collaborer avec des professionnels formés dans d’autres champs disciplinaires (médecine, sciences infirmières, psychoéducation, etc.). Plus encore, les travailleurs sociaux évoluant dans les établissements du réseau public de la santé et des services sociaux doivent interagir sur une base régulière avec des intervenants qui travaillent dans des organismes du tiers secteur (associations, entreprises d’économie sociale, etc.) dont la philosophie d’intervention, les mandats et la culture organisationnelle sont souvent forts différents. Pourtant, malgré cette tendance lourde à l’intersectorialité, les écoles de travail social continuent à former les futurs travailleurs sociaux comme s’ils étaient les seuls professionnels à prendre toutes les décisions dans les dossiers dont ils ont la charge. Arrivés sur le marché du travail, les nouveaux diplômés constatent plus tôt qu’ils doivent partager cette responsabilité avec des partenaires qui entretiennent leur propre compréhension des besoins des usagers et qui ont des intérêts organisationnels à défendre dans les rapports de collaboration interorganisationnelle. La capacité à gérer efficacement ces rapports peut avoir un impact décisif sur le succès d’une intervention. Prendre le virage de l’intervention intersectorielle constitue donc un des principaux défis qui confrontent la profession et les écoles de formation en travail social.
Notre communication veut faire ressortir, en s’appuyant sur les résultats d’une recherche réalisée sur le sujet des interfaces entre les établissements publics et les organismes du tiers secteur dans le champ de l’intervention auprès des jeunes et des familles au Québec, les modèles de partenariat qui se développent actuellement entre les établissements étatiques et les organismes du tiers secteur. Les résultats obtenus par le biais de questionnaires auto-administrés qui ont été complétés par 111 gestionnaires d’établissements publics (40) et d’organismes du tiers secteur (71) démontrent que contrairement aux craintes et appréhension exprimées par certains observateurs et analystes du réseau socio-sanitaire québécois, les modèles de relation que l’on peut voir émerger des résultats de notre recherche ne peuvent se ranger totalement sous l’enseigne de la sous-traitance. Les organismes issus de la société civile organisée possèdent toujours un niveau d’autonomie qui leur permet d’exprimer leur spécificité. Il faut cependant mentionner que les répondants des établissements publics avaient une perception plus positive des relations interorganisationnelles que les répondants du tiers secteur. En effet, les répondants du réseau public évaluent l’ouverture à la présence et à la participation des organisations du tiers secteur à la gestion et à la fourniture des services sociaux plus importante que celle observée par les répondants des organismes de la communauté. Les relations de pouvoir sont également jugées plus symétriques par les gestionnaires du réseau public que ceux du réseau communautaire. Mais malgré ces divergences, le modèle de relation qui se dégage est un modèle hybride entre un type co-existence et un type dit de supplémentarité.

Mots clés :


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