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La santé communautaire dans la question urbaine : genèse d'une catégorie innovante de l'action publique
La communication s'attardera sur un domaine émergent d'activités qui, en France, s'est constitué dans le dernier quart du XXe siècle, aux confins du sanitaire et du social dans les espaces urbains périphériques marqués par les processus de précarisation.
Cet ensemble flou, que les divers discours rassemblent sous l'appellation ville et santé, mais dont l'unité n'est pas donnée a priori, est légitimé dans le cadre institutionnel de la politique de la ville (notamment, à travers les démarches dites « ateliers santé ville »). Un grand nombre des actions qui en relèvent sont répertoriées dans le langage du communautaire.
Celui-ci désigne, dans le langage autochtone, toute approche locale des problèmes de santé d'une population, ou d'un groupe de population, qui en appelle à la participation de ce supposé collectif à la prise en charge de sa santé ; qui vise la promotion de la santé par des méthodes participatives.
Ainsi, ce volet thématique de l'action publique locale représente un espace de réhabilitation du référent communautaire, variablement inscrit dans l'une et ou l'autre de ses filiations, puisant dans un répertoire de références intercontinentales (France, Québec, Amérique latine, Afrique¦), qui trouvent cependant à s'actualiser au contact des situations sociales urbaines qui nous préoccupent ici. Cet univers d'action qui brouille les frontières habituelles entre les grands champs est non seulement révélateur d'un resurgissement de la santé dans l'urbain, mais signe en même temps un retour du communautaire dans le travail du social« par la fenêtre » de la santé.
Nous situerons dès lors notre propos à l'intersection de trois grandes la reformulation d'une question du travail social ; la reformulation d'une question sanitaire et la reformulation d'une question urbaine. La recherche sur laquelle s'appuiera notre exposé s'est attelée à la reconstitution généalogique, sur deux décennies, de ce champ thématique et pratique en en faisant un fragment d'histoire de la pensée sociologique sur le social urbain et la santé publique, indissociablement d'une genèse des dispositifs.
De la même manière, notre exposé se proposera de déconstruire un objet empirique donné a priori comme professionnel et enserré dans un nouveau discours de l'action publique pour le réinscrire dans une compréhension sociologique des manières de dire et de faire le social ; des manières de « faire communauté », à travers la santé, dans une société d'individus dont la citoyenneté est inaccomplie.
Une société également, dont les institutions publiques sont ébranlées dans leurs missions de solidarité et de protection sociales.
Les matériaux sur lesquels s'appuiera notre communication seront issus de trois monographies locales, portant sur trois générations de la politique de la ville française, articulant entre elles les différentes étapes de la fabrication de ce domaine d'action publique, allant des « hauts lieux » de l'expérimentation urbaine aux terrains « d'application » et des montées en généralité. Les trajectoires personnelles des individus qui ont depuis diverses places contribué à donner forme à cet univers de pratiques (chercheurs et opérateurs aux légitimités parfois hybrides) ont été retenues comme un matériau privilégié pour étudier les processus de re sémantisation et de re problématisation ainsi que les reconfigurations de l'intervention localisée, à partir d'une hypothèse de travail selon laquelle les expériences des acteurs sont une composante significative du jeu complexe d'influences qu'entretiennent la sphère de l'action publique d'une part, et les changements de paradigmes en matière d'intervention sociale et de développement d'autre part. Cette communication, sans en faire son entrée exclusive, pourra exposer l'une ou l'autre de ces trajectoires ayant joué un rôle de médiation entre les mondes politique, scientifique, et de l'intervention sociale.
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