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Pauvreté et intervention sociale auprès des populations pauvres : le cas de la Tunisie
La définition de la pauvreté et la conception des programmes et des stratégies de lutte contre la pauvreté étaient toujours une restriction des instances responsables des politiques sociales et des services sociaux , que cela soit au niveau international (les institutions de Bretton Woods, le PNUD, etc.) ou au niveau national (les gouvernements, les ministères des affaires sociales, les Instituts de la statistique, etc.) ; elle était toujours, aussi, subordonnée à un technicisme économique considérant la pauvreté, non seulement d'un point de vue économique, mais repoussant toute tentative d'aborder le problème à partir d'un point de vue différent.
Il est temps, nous suggérons, de se lancer dans une conception de la pauvreté propre au travail social qui explore les pistes, et les conditions du succès et de la réussite des stratégies et des programmes de lutte contre la pauvreté. Il ne s'agit plus de se poser la question : quelle est la meilleure stratégie ou quel est le programme le plus efficace pour combattre la pauvreté, mais quelle sont les conditions indispensables pour briser le cercle vicieux de la pauvreté? Comment assurer une parfaite articulation entre la logique intrinsèque à la SLCP et les modes de comportement des pauvres et des paupérisables? Comment transformer une SLCP en une stratégie d'action utilisable par le travailleur social et par le pauvre lui-même pour briser le cercle de la pauvreté?
Une telle démarche doit mettre fin aux visions traditionnelles qui conçoit le pauvre comme étant un exclu, un incapable de subvenir à ses besoins par ses propres moyens, un assisté social, etc. Elle transformera le pauvre en un acteur social doté d’une réflexion et d’une stratégie. Elle posera, donc, le problème de la pauvreté en termes de rapport entre la dimension macrosociologique et la dimension microsociologique ; ainsi, elle placera notre travail dans le courant de la Recherche/Action et donnera au travail social, que l'on exerce, une valeur pratique tant recherchée dans un monde où règne et triomphe l'esprit utilitariste. Une telle approche si elle est adoptée dans les différents champs de recherche sociologique contribuera à donner un sens et une valeur professionnelle au métier du sociologue.
En effet, nous pensons que l'analyse de la dynamique de la pauvreté dans une société donnée, notamment en Tunisie, constitue en même temps un diagnostic sociologique des facteurs qui pourraient expliquer la persistance de la pauvreté ainsi que l'incapacité voire l'échec des programmes de réduire considérablement le problème; elle permet aussi d'explorer de nouvelles pistes de lutte contre la pauvreté qui restaient jusqu'alors inconnues à cause de la mise à l'écart de la sociologie par rapport à ce domaine de réflexion et d'intervention.
Ainsi, notre problématique s'articule autour des trois questions suivantes :
Dans quelle mesure l'intervention sociale auprès des populations pauvres assurée par les travailleurs sociaux tunisiens parvient-elle à débloquer certaines situations de pauvreté et donc à briser le cercle de la pauvreté chez certaines familles pauvres ?
Quelles sont les conditions théoriques (référentielles) et concrètes (pratiques) particulières indispensables qui favoriseraient une telle valeur professionnelle du travail social en matière de lutte contre la pauvreté ?
Le rapport existant entre pratiques d'intervention sociale, programmes de lutte contre la pauvreté et profil des populations pauvres est-il de nature à favoriser une lutte contre la pauvreté capable d'assurer un changement réel dans les conditions de vie des populations pauvres ?
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