Fiche Documentaire n° 1516

Titre Prendre en compte la socialisation de genre en intervention sociale : un objectif clinique nécessitant des prises de conscience aux plans personnel et professionnel chez les travailleurs sociaux.

Contacter
l'auteur principal

Auteur(s) TURCOTTE Pierre
BERNARD François-Olivier
 
     
Thème Un exemple de construction d’un nouveau savoir clinique chez les travailleurs sociaux lors d’une recherche-action.  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

Résumé | Bibliographie | Les auteurs... | Article complet | PDF (.fr) | Résumé en anglais | PDF .Autre langue | Tout afficher

Résumé

Prendre en compte la socialisation de genre en intervention sociale : un objectif clinique nécessitant des prises de conscience aux plans personnel et professionnel chez les travailleurs sociaux.

La présente communication vise à développer une réflexion théorique et professionnelle en travail social sur des enjeux à la fois socioculturels (remise en question de l’identité masculine) et cliniques (revoir les objectifs d’intervention à long terme) dans les services d’aide aux hommes aux comportements violents en contexte conjugal ou familial.
Cette présentation portera une attention particulière au processus de construction de nouveaux savoirs cliniques lors d’une recherche-action participative (conscientisante) effectuée de 2009 à 2011 au Québec en collaboration avec des intervenants auprès d’une clientèle masculine en violence conjugale. Nous présenterons en effet les principaux enjeux, personnels et professionnels soulevés par la prise en compte de la socialisation de genre des hommes en contexte de groupe de traitement pour les hommes aux comportements violents en contexte familial.
Dans la démarche proposée, les participants se sont s’impliqués personnellement et professionnellement. Au plan de l’implication personnelle, durant les groupes de discussion non-mixtes, sur la socialisation de genre, les intervenant/es ont identifié les enjeux personnels de la violence conjugale et familiale en lien avec leur propre socialisation. Au plan de l’implication professionnelle, pendant leurs échanges cliniques, les intervenant/es ont fait de nombreux liens entre leur socialisation et leur pratique. Cette démarche leur a permis d’identifier des éléments de la socialisation masculine pouvant être à l’origine de certains comportements de violence.
Avant d’aller plus loin, il est primordial de nous situer face au flou conceptuel qui existe autour du concept du groupe de discussion. Dans le cadre de cette recherche-action, le concept de groupe de discussion utilisé est donc synonyme d’entretien de groupe.
Cette recherche s’inscrit dans la tendance développée au cours des dix dernières années au Québec, voulant que l’intervention auprès des hommes aux comportements violents s’appuie sur une compréhension plus large de la violence grâce notamment grâce au développement de l’expertise clinique et des recherches sur la demande d’aide des hommes. Récemment, la cible des recherches s’est inversée afin de ne pas seulement définir la problématique de violence conjugale ou la clientèle qui l’agit, mais également de s’intéresser à ceux qui interviennent auprès de cette clientèle. Ainsi, certains auteurs (Bailey, Buchbinder et Eisikovits, 2011; Goldblatt, Buchbinder, Eisikovits et Arizon-Mesinger, 2009; Roy, 2010) se sont intéressés aux enjeux personnels et professionnels d’intervenant/e/s auprès d’hommes aux comportements violents, et cela dans un optique où le genre de l’intervenant/e est considéré.

Bibliographie

Bailey, B., E. Buchbinder et Z. Eisikovits. (2011). Male Social Workers Working With Men Who Batter: Dilemmas in Gender Identity. Journal of Interpersonal Violence, (26, 9) pp. 1741–1762.
Goldblatt, H., Buchbinder, E., Eisikovits. Z. et Arizon, I. (2009). Between the professional and the private: The meaning of working with intimate partner violence in social workers’ private lives. Violence against Women (15), 362-384.
Philpot, C.L. (2000). Socialization of gender roles. Dans W.C. Nichols et al., Handbook of family development and intervention (p. 85-108), New York: John Wiley & Sons.
Roy, V. (2010). Être une femme, être un homme et intervenir auprès des clientèles masculines. Dans J.-M. Deslauriers (sous la direction de), Regards sur les hommes et les masculinités : comprendre et intervenir (chapitre 7, pp. 177-197). Québec: P.U.L.
Schrock, D. P. et I. Padavic (2007). Negotiating hegemonic masculinity in a batterer intervention program. Gender & Society (21), 625-649.
Turcotte, P. (2010). L’aide aux hommes en violence conjugale : du contrôle social au changement personnel et social. Dans J.-M. Deslauriers (sous la direction de), Regards sur les hommes et les masculinités : comprendre et intervenir (chapitre 15, pp. 349-372). Québec: P.U.L.
Turcotte, Pierre. (2012). Sortir la violence de sa vie : itinéraires d’hommes en changement. Québec : P.U.L.

Présentation des auteurs

Pierre Turcotte, Ph.D., est professeur agrégé à l’École de service social de l’Université Laval dont il est également le directeur. Il détient un baccalauréat en travail social (UQAM), une maitrise en sociologie (UQAM) et un doctorat en service social de l’Université de Montréal. Ses enseignements portent sur la méthodologie de l'intervention sociale auprès des individus et des familles et sur l’intervention auprès des hommes en contexte de violence conjugale et parentale. Il est membre du Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF) et de l’équipe Masculinités et Société.
pierre.turcotte@svs.ulaval.ca

Communication complète

La présente communication vise à développer une réflexion théorique et professionnelle en travail social sur des enjeux à la fois socioculturels (remise en question de l’identité masculine) et cliniques (revoir les objectifs d’intervention à long terme) dans les services d’aide aux hommes aux comportements violents en contexte conjugal ou familial.
Cette présentation portera une attention particulière au processus de construction de nouveaux savoirs cliniques lors d’une recherche-action participative (conscientisante) effectuée de 2009 à 2011 au Québec en collaboration avec des intervenants auprès d’une clientèle masculine en violence conjugale. Par l’utilisation des groupes de discussion il s’est agit donc d’une expérience collective de co-construction d’un savoir pratique. Le groupe de discussion étant dispositif générant de la connaissance pouvant orienter la pratique et où la pensée est un processus qui se construit, dans les interactions verbales ou non entre les gens, à l’intérieur d’un contexte social (Duchesne et Haegel, 2005) l’utilisation du groupe de discussion est fort pertinente et bien adaptée lorsque la recherche s’effectue sur un sujet sensible.
Nous présenterons en effet les principaux enjeux, personnels et professionnels soulevés lors des groupes de discussion ayant amené le développement d’un modèle d’intervention prenant en compte la socialisation de genre des hommes en contexte de groupe de traitement pour les hommes aux comportements violents en contexte familial.
Dans la démarche proposée, les participants se sont s’impliqués personnellement et professionnellement. Au plan de l’implication personnelle, durant les groupes de discussion non-mixtes, sur la socialisation de genre, les intervenant/es ont identifié les enjeux personnels de la violence conjugale et familiale en lien avec leur propre socialisation. Au plan de l’implication professionnelle, pendant leurs échanges cliniques, les intervenant/es ont fait de nombreux liens entre leur socialisation et leur pratique. Cette démarche leur a permis d’identifier des éléments de la socialisation masculine pouvant être à l’origine de certains comportements de violence de leurs clients.
Avant d’aller plus loin, il est primordial de nous situer face au flou conceptuel qui existe autour du concept du groupe de discussion. Dans le cadre de cette recherche-action, le concept de groupe de discussion utilisé est donc synonyme d’entretien de groupe.
Cette recherche s’inscrit dans la tendance développée au cours des dix dernières années au Québec, voulant que l’intervention auprès des hommes aux comportements violents s’appuie sur une compréhension plus large de la violence grâce notamment grâce au développement de l’expertise clinique et des recherches sur la demande d’aide des hommes. Récemment, la cible des recherches s’est inversée afin de ne pas seulement définir la problématique de violence conjugale ou la clientèle qui l’agit, mais également de s’intéresser à ceux qui interviennent auprès de cette clientèle. Ainsi, certains auteurs (Bailey, Buchbinder et Eisikovits, 2011; Goldblatt, Buchbinder, Eisikovits et Arizon-Mesinger, 2009; Roy, 2010) se sont intéressés aux enjeux personnels et professionnels d’intervenant/e/s auprès d’hommes aux comportements violents, et cela dans un optique où le genre de l’intervenant/e est considéré.

Résumé en Anglais

This lecture will present how counsellors’ consciousness- raising process of their own gender socialization had been source of new clinical skills in batterer intervention program. It will present the logic underlying the consciousness-raising program structure offered to counsellors, whereby the first step involved non mixed focus groups (men or women counsellors), and the second step required mixed focus groups (men and women counsellors). It will also present some sociocultural and political issues raised by the implementation of a gender-sensitive batterer intervention program. These findings come from a participatory action research at a batterer intervention program located in Quebec City (Canada).