Comment une recherche-action conduite avec des professionnels et des habitants donne naissance à un guide pratique d’auto-évaluation des effets des démarches communautaires en santé
En 2006, l’Institut Renaudot, soutenu par l’Inpes, a mené une recherche-action visant à évaluer les effets des démarches communautaires en santé sur 3 déterminants. Pendant 5 ans, cette recherche-action, menée avec 5 porteurs d’actions de promotion de la santé (Codes 66, Maison de quartier à La Roche-sur-Yon, L’Écume du jour à Beauvais, association Pause à Évry et centre social Caf 15), a été conduite dans une démarche communautaire en s’appuyant sur 4 repères :
- concerner une communauté : la communauté était composée des acteurs impliqués dans les actions, habitants et professionnels, qui avaient pour objectif d’auto-évaluer les actions qu’ils mettaient en œuvre mais aussi de produire des savoirs utiles à d’autres.
- favoriser l’implication de tous les acteurs concernés dans une démarche de co-construction : la méthode a été construite avec tous les membres de la communauté qui ont commencé par identifier des effets de leurs démarches, de façon très large. Puis, ils ont décidé de centrer leur travail d’auto- évaluation sur 3 déterminants :
o les ressources individuelles et les comportements par rapport à la santé,
o l’environnement physique et social local,
o l’environnement politique et structurel.
Ils ont ensuite observé les spécificités de leurs actions afin d’apprécier en quoi elles s’inscrivaient dans une démarche communautaire. Une fois ce travail d’auto-observation réalisé, ils ont élaboré des critères d’évaluation sur ces déterminants, construit des indicateurs et des outils de recueil de données puis analysé et interprété les résultats obtenus.
- favoriser un contexte de partage de pouvoirs et de savoir : cela a consisté à créer une dynamique de groupe et un climat qui permettent à chacun de s’exprimer et parler de ses difficultés afin de solliciter le groupe pour une aide, d’apporter ses compétences au service des projets des autres, de partager ses expériences, et de décider ensemble de la méthode de travail, du rythme, …
- valoriser et mutualiser les ressources de la communauté : cela s’est traduit par des interventions en binôme dans des colloques, la rédaction d’articles
pour valoriser les projets de chacun, mais aussi l’utilisation de leurs techniques de travail (ateliers d’écriture, marchés des expériences,…).
En 2011, le groupe a souhaité capitaliser la démarche méthodologique mise en œuvre pour soutenir d’autres acteurs à s’y engager. C’est ainsi qu’en septembre 2012, l’Institut Renaudot, soutenu par l’Inpes, a publié un guide pratique d’auto-évaluation des effets des démarches communautaires en santé, qui a pour objectif d’accompagner des porteurs d’actions dans la réflexion, l’élaboration et la mise en œuvre de leur auto-évaluation. Ce guide a également une fonction de plaidoyer pour insuffler une culture de l’évaluation innovante. Dans un contexte où la notion de labellisation s’impose à nous, et des «experts scientifiques, extérieurs » élaborent des « normes de qualité » ayant pour effet de standardiser les pratiques et les actions sans tenir compte du contexte dans lequel ces pratiques s’inscrivent, ce guide permet de montrer l’intérêt des normes construites par et pour la communauté tout en s’appuyant sur une méthodologie.
Ainsi, l’implication des habitants et des professionnels dans cette recherche-action leur a permis :
de faire évoluer leurs représentations de l’évaluation
d’asseoir leurs pratiques, de les conforter et les théoriser
d’identifier les conditions à mettre en œuvre pour travailler avec d’autres
d’acquérir des savoirs quant à la construction et la conduite d’une évaluation participative
de prendre du recul et de mieux analyser les enjeux
d’être plus rigoureux dans le travail d’évaluation
de découvrir et de créer de nouveaux outils
pour les habitants, de développer de nouvelles compétences comme l’affirmation de soi, la prise de parole devant des
gens inconnus…
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