Les conduites collectives et individuelles des maçons face aux risques
La recherche, objet d'un partenariat entre l’OPPBTP, le GNMSTBTP et Centrale Recherche, est centrée sur les métiers de gros oeuvre de PME du ^Bâtiment.. L’enjeu est à la fois de produire des connaissances sur le sens pour les équipes de maçons de leurs conduites face aux risques professionnels, et de mieux prendre en compte les dimensions humaines dans les accompagnements des entreprises en prévention. L'approche est compréhensive.
Sur le plan théorique et méthodologique, nos travaux s’inscrivent dans une double tradition : la recherche-action issue du courant socio-technique nord européen (E. Trist, M. Liu), et la psychosociologie des organisations (J. Dubost, G. Palmade).
Concrètement, un comité de pilotage constitué de membres issus des institutions partenaires a accompagné la mise en place et le suivi de la recherche pendant deux ans et demi. Neuf PME de 20 à 90 personnes ont été associées à la démarche. Deux types d’études,ont été croisés conduites par des chercheurs du Cnam /ECP en coopération avec deux spécialistes de l’OPPBTP :
- Deux études par entretiens auprès d’experts santé ou sécurité, l’une auprès de médecins du travail, l’autre auprès de conseillers en prévention de l’OPPBTP
(au total, sept groupes rencontrés chacun deux demi-journées). Le but était de faire un état de connaissances acquises par ces deux populations sur les
risques des maçons et leurs conduites vis-à-vis de ceux-ci, et, pour les conseillers, d’identifier leurs savoir-faire implicites d’accompagnement PME et des
équipes de maçons sur les aspects comportementaux des rapports aux risques.
- Deux études participatives avec des équipes de maçons (respectivement cinq et neuf équipes) :
* L’une visant à construire un outil méthodologique d’accompagnement participatif des équipes de maçon sur l’analyse des risques professionnels.
* La seconde étude a pour objet de comprendre les conduites face aux risques en situation de travail. Un dispositif spécifique a été créé pour l’occasion,
utilisant des enregistrements vidéo de séquences de travail servant ensuite de support à des analyses collectifs de la part des équipes sur le rapport au
travail et aux risques inhérents.
Cette recherche présente trois principales caractéristiques. La première est l’orientation transversale croisant les regards de médecins, conseillers en prévention, responsables d’entreprises et équipes sur le terrain. La seconde caractéristique est la démarche d’orientation participative dans des milieux dont les cultures dominantes ne relèvent pas de ce type de pratiques. La troisième enfin est une volonté de recherche innovante pour les deux études impliquant les équipes d’ouvriers.
Citons brièvement deux résultats scientifiques de la recherche, l'identification de facteurs indirects d’influence du rapport aux risques, bénéfices indirects et valeurs des ouvriers, dynamique de l’équipe de travail, facteurs de contexte influençant l'image de soi ; la problématique de la place et la légitimité de la parole des maçons dans les processus de prévention.
Concernant les effets opérationnels de la recherche-action, celle-ci venant tout juste de se terminer, les options d’actions sont en phase d’approfondissement par les demandeurs de la recherche. In fine, cette recherche est une contribution à l’évolution des paradigmes d’approche de la prévention dans le BTP.
D’un point de vue réflexif sur la démarche, trois questions principales sont proposées : l’articulation des rôles dans l’étude des problèmes de prévention entre experts et acteurs concernés par les risques, question a eu des résonances au sein même de l’équipe de chercheurs ; le rôle du principal demandeur de la recherche-action en fonction de sa caractéristique, dans le cas présent une instance paritaire nationale ; les valeurs sous-jacentes des différents acteurs dès lors qu’il s’agit d’articuler recherche et actions concrètes en réponse aux questions du milieu concerné.
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