La recherche-action participative comme levier de reconnaissance des programmes d’échange de seringues au Québec

Les programmes d’échange de seringues sont généralement perçus dans un quartier comme un problème et leurs actions préventives peu connues de leur environnement. C’est à partir de ce constat, que nous avons développé un protocole de recherche-action collaborative financé par le Ministère de la santé et des services sociaux et l’institut de santé publique pour soutenir la production de nouveaux savoirs sur l’action de ces organismes dans leur quartier avec une démarche singulière impliquant la participation directe des personnes qui fréquentent ces organismes. L’objectif de cette communication est de revenir sur cette démarche en vue de montrer comment l’implication des personnes utilisatrices de drogues a permis de transformer le débat en montrant et en cherchant à faire reconnaitre comme ces organismes et les personnes qui les fréquentent par leur action préventive dans leur quartier participent à l’amélioration de la qualité de vie dans leur quartier. Ancrée dans la théorie de la reconnaissance, cette recherche cherchait à montrer comment l’action préventive communautaire de ces organismes constituent un frein aux dénis de reconnaissance que vivent les personnes utilisatrices de drogues, en offrant un respect des personnes, des services de santé accessibles, adaptés et des opportunités d’implication sociale dans le quartier des personnes qui les fréquentent.
Il s'agira de montrer comment la création de comité de reconnaissance a donné l'occasion d'impliquer les personnes dans la définition et dans la mise en oeuvre de la méthodologie de recherche. Durant les deux années de la recherche, impliquant deux organismes à Montréal et à Québec, les membres des comités de reconnaissance ont ainsi réalisé des entrevues de groupes avec différents acteurs qu’ils avaient choisis d’interviewer ( personnes fréquentant les organismes, intervenants de l’organisme, intervenants d’autres organismes associatifs et du réseau de la santé et des services sociaux, résidents et commerçants du quartier) et de la méthodologie photovoice. Ces cueillettes de données ont permis de recueillir et d’analyser des points de vue sur la connaissance des stratégies préventives des organismes et des personnes, leur engagement dans leur quartier. Dans un deuxième temps, la diffusion des résultats développée aussi de manière participative a été une occasion de créer une exposition impliquant directement les membres des comités de reconnaissance, dans des rencontres créées lors de présentations auprès d’acteurs aussi divers que les acteurs de la santé publique, de la sécurité publique, des étudiants, des résidents et commerçants, des intervenants sociaux, des chercheurs. Enfin, un vidéo reprenant l’histoire de cette démarche a permis de diffuser sur le WEB et de devenir un outil de sensibilisation au travail préventif accompli et à de nouvelles conceptions de l’action en prévention des ITSS. Enfin cette recherche a été l’occasion de produire au sein même du dispositif des dynamiques de reconnaissance pour les personnes impliquées allant même jusqu’à la remise d’un « diplôme » par le vice-rectorat à la recherche pour le travail accompli par ces personnes au plan scientifique. La présentation sera une occasion de montrer la vidéo et de faire état de ce processus de recherche visant à articuler participation et reconnaissance ainsi que les enjeux abordés.

Lien vidéo :
http://www.espaceitss.ca/112-manchettes/on-n-est-pas-juste-des-toxicomanes.html

Lien vidéo :
http://www.espaceitss.ca/112-manchettes/on-n-est-pas-juste-des-toxicomanes.html

Équipe de reconnaissance de l'action communautaire des programmes d'échange de seringues. (2012). Rendre visible, l'invisible. Rapport de recherche à l'INSPQ/MSSS, évaluation de la stratégie de prévention des ITSS

Céline Bellot, chercheure principale est professeure à l'école de service social de l'Université de Montréal. Elle a dirigé de nombreuses recherches portant sur la judiciarisation des populations marginalisées, notamment les populations sans-abri, qui ont fait l'objet de partenariat avec les milieux de pratiques socio-judiciaires et associatifs. Elle a en outre dirigé différentes recherches participatives, évaluatives ou compréhensives avec des populations marginalisées ( personnes utilisatrices de drogues, jeunes de la rue, personnes itinérantes, jeunes en protection de l'enfance, jeunes autochtones) et des intervenants des secteurs associatifs, du réseau de la santé et des services sociaux, du réseau judiciaire.

Le texte original de cet article a été supprimé car il est désormais publié aux Presses de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique dans la Collection Politiques et interventions sociales, sous le titre :
« Les recherches actions collaboratives, une révolution de la connaissance ».
Un nouveau texte présentant un résumé étoffé de cette recherche sera déposé ici prochainement.

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