Participation des usagers : du devoir d’agir au pouvoir d’agir.
2010 était l’année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Parmi les objectifs fixés par l’Union, citons :
- La reconnaissance du droit fondamental des personnes à prendre une part active dans la société.
- La participation et notamment l’adhésion du public aux politiques d’inclusion sociale.
En France, la Direction générale de l’action sociale (DGAS) était en charge du pilotage stratégique de l’année, l’accent étant mis sur la participation active des personnes en situation de pauvreté, de l’accès à la parole et sa prise en compte jusqu’à la co-décision en passant par la consultation et la concertation ainsi que sur la participation citoyenne.
Au travers de ces directives, la visée politique affirmée est que la participation des usagers renforce la cohésion sociale et à ce titre contribue au développement durable de notre société.
Face à cet enjeu de taille, on comprend mieux pourquoi cette notion a inondé le champ de l’intervention sociale et médico-sociale ces derniers temps concernant l’ensemble des usagers (habitants dans le DSL, familles dans la protection de l’enfance, malades, personnes protégées, handicapées et âgées etc…)
Il est vrai que deux grandes lois sont passées par là qui imposent la participation : la loi de janvier 2002 de rénovation de l’action sociale et médico-sociale et la loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Depuis, pas un congrès, pas une journée d’étude, pas un projet sans que la participation ne soit évoquée par un expert et ne devienne plus, à la longue, qu’une notion usée et vidée de son sens, comme d’ailleurs le terme d’acteur qui lui est associé.
Dans cet exposé, nous tenterons une réhabilitation sémantique qui se situe en rupture avec un « devoir d’agir » qui sous tend certains discours officiels sur la participation. Nous nous éloignerons également des intervenants sociaux, qui malgré leur volonté d’y croire, constatent un manque voir un échec de participation. Il nous paraît important d’un point de vue éthique, de sortir de l’impasse provoquée par le discours sur la démobilisation et la fatigue des usagers qui conduisent à insister sur les carences et les responsabilités individuelles. De même, il est souhaitable de ne pas s’enfermer dans les difficultés de mise en œuvre de la participation (le « comment faire participer ») alors que la question sur le terrain se pose plutôt en terme de « pourquoi participer » c’est-à-dire définir quel est l’intérêt des personnes là dedans.
Nous proposerons un éclairage inspiré par l’approche centrée sur le "développement du pouvoir d’agir" individuel et collectif (Yann Le Bossé, 1996).
En effet, cette approche permet d’optimiser les interventions et de renouer avec les fondements du travail social en ce sens qu’elle cherche à permettre aux personnes accompagnées d’avoir plus de contrôle sur ce qui est important pour elles, leur proche ou leur communauté (Julian Rappaport, 1987).
Elle prend appui sur 4 axes qui incluent la participation des personnes tout au long du processus de l’intervention :
1- La définition du problème avec les personnes directement concernées.
2- La prise en compte de tous les enjeux et notamment des enjeux collectifs et individuels des personnes.
3- La définition négociée des solutions viables avec les personnes.
4- L’introduction d’une démarche de conscientisation.
Nous insisterons sur le premier axe (la définition du problème avec les personnes) qui permet d’envisager les conditions favorables à une démarche participative dans une perspective de développement social durable.
Cette communication à deux voix est une réflexion à partir de la pratique de deux assistantes sociales formées à l’approche centrée sur le DPA et formatrices au sein de l’association Anda Dpa, l’une ayant travaillé dans le champ de l’insertion, la seconde exerçant en polyvalence de secteur.
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