Emergence et réappropriation des savoirs dans une association du travail social
Ces quinze dernières années témoignent d’un rehaussement du niveau d’exigence des pouvoirs publics à l’égard des établissements et services sociaux. A travers cela sont attendus une réponse particulièrement adaptée aux besoins sociaux, une nécessité de respect des valeurs éthiques et de la dignité humaine, une conformité parfaite avec les lois et l’efficacité des pratiques. Parallèlement, de profondes mutations sociales ont fait apparaître des problématiques nouvelles dans tous les champs du travail social : protection de l’enfance, inclusion sociale, médico-social, addictologie…
Ces réalités nécessitent une forte réactivité de la part des organisations « politiques » (conseils d’administration et bureaux) qui « gouvernent » les établissements du secteur social et médico social.Elles demandent aussi un nouveau positionnement de la part de la « dirigeance » et des travailleurs sociaux eux-mêmes, enjoints d’adapter leurs pratiques professionnelles à ces nouvelles configurations.
Dans cette perspective et parce que de nouvelles compétences s’avèrent nécessaires, les établissements du travail social, opérateurs de première ligne dans l’action sociale et développeurs d’expériences considérables dans ce domaine, sont de plus en plus nombreux à se doter d’un conseil scientifique. Les fonctions principales de ces collectifs sont, in fine, de conseiller les établissements sur les axes de travail à développer, sur les anticipations à prendre en compte, au regard des mutations sociales observées, des savoirs disponibles et mis à jour et des spécificités des établissements en termes de publics accueillis, de problématiques spécifiques, de valeurs et de pratiques. Une initiative de ce type a été mise en place à La Sauvegarde du Nord et ma communication vise dans un premier temps à témoigner d’effets non négligeables produits par ce conseil scientifique. Ma contribution portera ensuite sur le travail réalisé par une équipe de recherche mise en place dans cette même association ; équipe de recherche dont les objectifs affichés sont :
- de valoriser les connaissances et les compétences des professionnels de La Sauvegarde, et tenter à partir de ces éléments de réfléchir à des pratiques innovantes au service des usagers ;
- de tenter, même modestement, de développer des connaissances nouvelles dans un secteur professionnel en pleine mutation, où les exigences des instances de contrôle et de tarification sont accrues (évaluation interne, externe, démarche qualité, lisibilité et optimisation des pratiques…) ;
- de créer un espace à La Sauvegarde au sein duquel des professionnels volontaires pourront prendre le temps de confronter leurs réflexions et analyses sur le travail social.
Ainsi, je témoignerai des apports croisés émergeants de ce conseil scientifique et de cette équipe de recherche. Je préciserai en quoi ces espaces permettent de mieux circonscrire les nouvelles problématiques, de décloisonner les différents secteurs autour desquels se structure le travail social et de mettre en place des actions de recherche, courtes ou au long cours, permettant de mieux adapter les pratiques aux problèmes posés et de développer in fine la qualité des services rendus aux usagers.
Dans cette configuration, c’est bien la rencontre avec les pratiques qui permet de faire émerger des savoirs « nouveaux » et d’envisager, autant que faire se peut, des postures et des pratiques novatrices.
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