Fiche Documentaire n° 1931

Titre Le clown d’intervention et son regard décalé, révélateur de sens, sur les systèmes humains.

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l'auteur principal

Auteur(s) PIRE Florence  
     
Thème Lors d’événements professionnels, le clown d’intervention systémique apporte un autre regard sur ce qui l’entoure et suscite la réflexivité en sortant du cadre et des habitudes, « M.D.R. », Mort De Rire et Mine De Rien !  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Le clown d’intervention et son regard décalé, révélateur de sens, sur les systèmes humains.

Sociologue formée à l’approche systémique et improvisatrice, je suis formatrice et coach. J’utilise les apports de l’improvisation théâtrale pour développer les compétences relationnelles individuelles et collectives. Je suis également clown. Daisy Croquette est plus précisément clown d’intervention lors d’événements professionnels (colloques, groupes de travail, conseils d’administration, inaugurations, fêtes du personnel, …).
Que ce soit auprès de « participants-acteurs » ou de « participants-spectateurs », mes interventions, au carrefour entre le relationnel et l’artistique, agissent « M.D.R. », Mort De Rire et Mine De Rien. Il s’agit de rencontrer les systèmes humains par le ludique et l’humour pour aborder autrement des sujets sérieux. L’approche décalée interpelle et dynamise la réflexivité !

Dans cette communication, je vous présente le clown d’intervention comme « transmetteur de nouveaux savoirs ». Cette pratique contemporaine est initiée dans le sud de la France par le Bataclown. De par mon parcours et mes expériences, mon angle d’approche sera systémique comme l’ensemble de mes actions au sein de l’asbl Ex-pression.

Par l’axe « intervention », le clown de théâtre agit dans des assemblées et des organisations. Il investit l’ici et maintenant, et vient revisiter les événements avec son regard pétillant, éveillé et coloré. Il transmet sa vision de ce qu’il entend et observe, de ce qui existe ou est absent, de ce qui est dit ou sous-jacent. Par une « écriture improvisée », il nomme, joue des rôles et met en situation, tel un Power Point vivant accompagnant un exposé.

Tout en aérant, rafraichissant et oxygénant, Mine De Rien, le clown d’intervention agite, met en lumière, révèle, questionne le débat. Il contribue à élargir la réflexion et à nourrir à nouveau les échanges.
En tant qu’objet flottant, il permet d’actualiser la compréhension du fonctionnement du système en ouvrant les frontières, changeant les règles et modifiant des places. Sur un mode ludique et métaphorique, cet acteur extérieur « dé-concentre » le système en venant par surprise entre les personnes, entre les personnes et les problématiques, entre les personnes et le système, entre le système et ses environnements, et ainsi l’ouvre vers d’autres perspectives.

Le clown d’intervention est « métacommunicateur ». Il vient porter un regard et communiquer sur les communications et les relations. C’est ainsi que Daisy Croquette est voyante « méta-lucide ». Elle vient partager ses visions sur la vie grâce à ses connexions à l’Eau-de-là. Méta, c’est encore plus qu’extra. Pour elle, c’est le top !

Le clown d’intervention existe grâce aux commanditaires qui souhaitent mettre leurs idées et leurs actions « en mouvement » par une démarche différente. Leur ouverture au changement est une condition de départ accompagnée d’un peu d’audace, de liberté et de confiance dans l’inattendu.
Le clown d’intervention répond à un besoin de contributions innovantes et créatives avec, au centre, le regard de l’humain sur l’humain. Et en sortant de « toujours plus de la même chose », ce Fou du Roi se rapproche de la position du Sage, « M.D.R. » révélateur de sens.

Bibliographie

BALTA François et MULLER Jean-Louis, La systémique avec les mots de tous les jours, ESF Editeur, 2004
BERROU Christine, Ecrire un one man show et monter sur scène, Groupe Eyrolles, 2012
BONAMI Michel, DE HENIN Bernard, BOQUE Jean-Michel, LEGRAND Jean-Jacques, Management des systèmes complexes, De Boeck Editions, 1993
CAILLE Philippe et REY Yveline, Les objets flottants : méthodes d’entretiens systémiques, Editions Fabert, 2004
CAHIERS CRITIQUES DE THÉRAPIE FAMILIALE ET DE PRATIQUES DE RÉSEAUX, L’humour et la surprise en psychothérapie, De Boeck Editions, Bruxelles, n° 39, 2007/2.
COSTE Philippe, Former par les contes. Recueil de contes et mode d’emploi pour les formations, Groupe Eyrolles, 2008
LA COMPAGNIE DU BATACLOWN, Voyage(s) sur la diagonale du clown, L’Harmattan, 2012
LE SOCIOGRAPHE N°7, Arts en travail social. Des pratiques et la question sociale, IRTS du Languedoc- Roussillon, janvier 2002
MUCCHIELLI Alex, Approche systémique et communicationnelle des organisations, Armand Collin, 1998
YATCHINOVSKY Arlette, L’approche systémique. Pour gérer l’incertitude et la complexité, ESF Editeur, 2004

Présentation des auteurs

Sociologue formée à la systémique, Florence PIRE, formatrice et coach, utilise l’impro-théâtre pour développer les compétences relationnelles individuelles et collectives. Improvisatrice et clown, elle intervient « en direct » lors d’événements pour apporter un autre regard (www.ex-pression.be).

Communication complète

Je suis très contente d’avoir l’occasion, par cette communication, d’ouvrir de nouvelles perspectives sur le clown car il est souvent enfermé dans des caricatures de personnages lourdauds, « pouêt-pouêt », pour enfants. Je vous présente le clown d’intervention comme « transmetteur de nouveaux savoirs » lors d’assemblées et d’événements professionnels. Il apporte un autre regard sur ce qui l’entoure et suscite la réflexivité en sortant du cadre et des habitudes, « M.D.R. », Mort De Rire et Mine De Rien !

De par mon parcours et mes expériences, mon angle d’approche sera systémique comme l’ensemble de mes actions au sein de l’asbl Ex-pression.

Commençons par quelques mots sur le clown ou plutôt sur la pluralité des clowns.

Le clown d’aujourd’hui vient de plusieurs mondes : le cirque, le cinéma, le théâtre. Ses champs d’action se sont diversifiés : la scène, la rue, les hôpitaux, les maisons de repos, les anniversaires, les congrès, les comités d’entreprise. Certains même s’expatrient comme les Clowns Sans Frontières.
Les approches du travail du clown sont également variées pour accompagner chacun à la « recherche de son propre clown ». Il y a donc autant de clowns qu’il y a d’individus.
Plusieurs chemins mènent au clown et chaque clown peut prendre différents chemins.

En ce qui me concerne, assistante sociale, sociologue, formée à l’approche systémique et improvisatrice, je suis formatrice et coach. J’utilise les apports de l’improvisation théâtrale pour développer les compétences relationnelles individuelles et collectives (articles téléchargeables sur www.ex-pression.be).
Je suis également clown d’intervention. Ma clowne, Daisy Croquette, appartient à la famille des clowns de théâtre qui s’adresse à un public adulte. Elle intervient dans des colloques, groupes de travail, inaugurations, fêtes du personnel à la demande de commanditaires ouverts à la créativité.

Prenons quelques exemples avant d’aller plus loin.

Dans le cours de systémique de René Beaulieu à l’Institut Cardijn à Louvain-la-Neuve, Daisy est devenue « entraîneuse systémique » pour donner une autre approche de la systémique aux étudiants assistants sociaux.
Lors de la présentation du label qualité du Tourisme Wallon à Liège, Daisy était responsable d’un gîte pour montrer les tenants et aboutissants de la procédure qualité.
Lors d’une journée de rencontre entre enseignants du secondaire et du supérieur à la HELMO de Liège, Daisy était « coach à l’autonomie » pour rentre compte des échanges réalisés par les participants en ateliers.
Pour l’inauguration du Centre de Référence en Santé Mental à Namur, Daisy faisait partie du comité de pilotage du comité de pilotage. Grâce à ces qualités de « voyante méta-lucide », elle partageait ses visions sur le centre grâce à ses connexions à l’« Eau-de-là », son partenaire contenu dans une gourde en plastic.

Que ce soit auprès de « participants-acteurs » ou de « participants-spectateurs », mes interventions se situent au carrefour entre le relationnel et l’artistique. Ma démarche consiste à rencontrer les systèmes humains par le ludique et l’humour pour aborder autrement des sujets sérieux. L’approche décalée interpelle et dynamise les réflexions !

« Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter. »

Le décor étant posé, entrons dans le cœur de notre sujet.

Le clown d’intervention est une pratique contemporaine initiée dans le sud de la France par le Bataclown qui crée la « clownanalyse » au début des années 80. Cette démarche va amener un grand changement et donner au clown une nouvelle place dans la société.

« La naissance de la clownanalyse marque une différence fondamentale en introduisant le clown dans des milieux adultes peu attirés par l’image du clown (voire allergiques !), non pas pour les distraire mais pour leur tendre un miroir décalé. Ce nouveau terrain devenait pour nous le creuset d’une nouvelle conception de l’art du clown orienté vers l’intervention sociale. »

Par l’axe « intervention », le clown sort du cirque pour donner son point de vue sur la vie et porter un regard différent sur le monde qui l’entoure. Avec son regard pétillant, éveillé et coloré, il agit dans des assemblées et des organisations, et devient un acteur social au même titre qu’un conférencier, un chercheur ou un sociologue.

Le clown d’intervention n’a pas sa langue en poche. Il vient dire des choses et il met en action. Grâce à son imaginaire débordant, il transmet sa vision de ce qu’il entend et observe, de ce qui existe ou est absent, de ce qui est dit ou sous-jacent.

« Plus j’aurai l’air con, et plus ce que je dirai aura l’air malin. »

Cette citation nous permet de distinguer, d’une part, le contenu du message, et d’autre part, la définition de la relation qui s’installe entre le clown et le public. Il est important que le personnage-même du clown, par son attitude non-verbale, soit dans une posture ouverte et chaleureuse. Cela permettra de faire passer en douceur des messages parfois plus confrontant, en prenant un chemin détourné.

Le clown d’intervention agit principalement « en direct » : il improvise ici et maintenant en pratiquant le « oui et … ». La co-construction est au cœur de l’écriture improvisée. Le clown est en interaction avec l’événement, les orateurs, le public, les technologies, l’espace, le temps, … Observateur actif, il écoute ce qui se dit et se vit. Il laisse résonner. Tout peut devenir matière première sur laquelle il rebondit pour en faire autre chose. Le « oui » est l’écoute. Avec le « et », il s’agit d’amener de nouvelles informations. Capter tout ce qui se passe, le transformer, l’extrapoler et ainsi ouvrir le champ des possibles.

La co-construction est un élément essentiel du contrat de jeu. Au cœur de l’intervention se trouve donc la rencontre du clown avec le système de l’événement. De nombreuses interactions ont lieu entre eux. Les informations viennent du système et y retournent, transformées. A son écoute, le clown lui transmet un autre regard sur lui-même. Son « savoir » se base sur ce que le système apporte, revisité par sa subjectivité, son monde, sa couleur. Le clown n’est pas neutre et donne son point de vue de clown sur le système. Il pose des choix. Il est impliqué par la désignation de ce qu’il met en exergue, par ce qu’il relève.

Le clown d’intervention est plus qu’un amuseur. Il est intervenant à part entière. Il permet d’actualiser la compréhension du fonctionnement du système en ouvrant les frontières, changeant les règles et modifiant des places. Il agit sur les relations à plusieurs niveaux car il vient « se mettre entre » l’assemblée et les orateurs, le public et le conférencier, les questions et les réponses, les représentations des uns et celles des autres, les certitudes et les incertitudes, le rationnel et l’irrationnel, l’organisation et son environnement, le cerveau gauche et le cerveau droit, …

« Etymologiquement intervenir, c’est venir entre, s’interposer, ce qui peut être assimilé dans le langage commun à de l’ingérence, une intrusion ou encore aux bons offices. (…) L’intervention est donc avant tout une action qui consiste à mettre un tiers entre des éléments antagonistes ou entre ceux-ci et une difficulté. »

La position tierce du clown crée un espace de liberté, d’expression et de confrontation. En venant de l’extérieur, il peut ainsi prendre une position « méta » pour avoir une vue d’ensemble. Cette prise de recul lui permet de comprendre ce qui se joue pour ensuite venir le donner dans le système.

Le clown d’intervention est un « métacommunicateur » : suite à ces observations, il vient communiquer sur les communications et les relations. Il nomme les évidences, les redondances, renomme ce qu’il a compris ou pas, explore le tout et le rien, dit tout haut ce qui se dit tout bas, …Il réinvente le discours, l’histoire, les explications, les vérités, ... Il remet en jeu les enjeux en jeu…

Le clown d’intervention apporte un re-cadrage : une modification du cadre, de l’angle d’approche et du contexte. Il invite le système à poser un autre regard sur lui-même, dans un esprit ludique et convivial. Le recadrage est provocateur de changement et entraîne une redéfinition du système.

« L’une des stratégies de changement consiste à changer de contexte (ce qui fera automatiquement changer le sens de la conduite incriminée) ou à modifier la perception qu’ont les acteurs du contexte : c’est là l’essentiel de la technique du recadrage. »

Le clown invite le public à mettre de la distance par rapport à son fonctionnement et ses questions. Cela l’amène à devenir observateur de ce qui se passe, « spect-acteur » d’une autre représentation de lui-même. Avec son monde imaginaire, ludique et métaphorique, le clown surprend en sortant du quotidien et ainsi « dé-concentre ». Il dynamise voire réveille le regard du public sur l’événement dont il est partie prenante. Les choses s’impriment autrement, grâce à ce power-point vivant !
Le système s’ouvre alors à d’autres sens, d’autres directions et de nouvelles perspectives.

« Trois notions-clés sont donc partagées par l’humour et le recadrage : amener le patient à une position d’observation, provoquer chez lui l’étonnement, et réinterpréter les données de départ. (…) La tonalité joyeuse que l’humour donne au recadrage favorise un regard positif sur la réalité. (…) La surprise induite chez les patients peut ainsi les amener plus facilement à envisager d’autres possibles de pensée, de parole et d’action. »

Toujours dans cette idée de distance créative, nous pouvons également dire que le clown d’intervention est un « objet un peu flottant ». Il crée un espace intermédiaire en abordant le système sous le mode des analogies, lui laissant la liberté d’établir ses propres parallélismes.

« Les objets flottants marquent un espace de « jeu », c’est-à-dire un lieu où peuvent se jouer la distribution des rôles, du pouvoir et de la mise en scène, etc., et s’amorcer une distance qui suscite un autre type de dialogue. »

Tout en aérant, rafraichissant et oxygénant, le clown d’intervention agite, met en lumière, fait résonner, révèle, questionne le débat. Il contribue à élargir la réflexion et à nourrir à nouveau les échanges. Dans un processus de boucle circulaire, son intervention fait retourner les informations dans le système.

Le clown d’intervention est bel et bien un intervenant systémique !

« L’intérêt de la systémie n’est pas de « détenir la vérité » mais de produire un décalage par rapport à la pensée antérieure du sujet et lui permettre ainsi de reconsidérer à la fois les situations et sa propre relation à ces situations. »

La fonction de transmission prend une nouvelle forme : par le ludique, l’humour, le décalé, l’inattendu, le léger, l’imaginaire et la métaphore, le clown amène un renversement dans le mode habituel d’apprentissage et sort des approches classiques.

Le clown d’intervention existe grâce aux commanditaires qui souhaitent mettre leurs idées et leurs actions « en mouvement » par une démarche différente. Leur ouverture au changement est une condition de départ accompagnée d’un peu d’audace, de liberté et de confiance dans l’inattendu.
Le clown d’intervention répond ainsi à un besoin de contributions innovantes et créatives avec, au centre, le regard de l’humain sur l’humain. Et en sortant de « toujours plus de la même chose », ce Fou du Roi se rapproche de la position du Sage, « M.D.R. » révélateur de sens.

Résumé en Anglais


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