Fiche Documentaire n° 2209

Titre ENGAGEMENT DES JEUNES TUNISIENS DANS LA VIE SOCIALE

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Auteur(s) HDIDER Mohamed  
     
Thème les motivations et les freins à l'engagement  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

ENGAGEMENT DES JEUNES TUNISIENS DANS LA VIE SOCIALE

Notre recherche a porté sur les expériences d’engagement des jeunes pendant la période près et post révolutionnaire en Tunisie, cette étude vise à mieux comprendre comment agissent les jeunes tunisiens dans la vie sociale (les motivations de leur implication, les freins de l’engagement, les acquis, les déceptions, ainsi que leurs besoins, attentes et aspirations …).
S'appuyant sur une collecte de données qualitatives, cette recherche a adopté une démarche d'investigation inductive. Des entrevues individuelles semi-dirigées et un « focus group », furent réalisés, avec des jeunes engagés dans la vie sociale.
Nous avons noté que les jeunes éprouvent une envie à s’engager mais à un rythme propre à eux, tout en étant des vrais acteurs, ils qualifient leur engagement essentiellement comme action collective leur permettant de passer d’un statut passif à un autre actif.
Ils considèrent que l’engagement résulte de l’adéquation entre la volonté d'œuvrer pour le bien afin de former sa personnalité et de mieux connaître un nouveau domaine de participation tout en ayant un caractère altruiste.
Quant aux obstacles à l’engagement, les jeunes se plaignent du manque du temps, du manque de moyens matériels et financiers, du manque de convivialité au sein des associations et clubs et des relations difficiles avec les adultes. Devant ces difficultés, les jeunes acquièrent quand même des qualités psychologiques, des qualités d’ordre moral, des qualités d’ordre pédagogiques et des qualités d’ordre social.
Et pour favoriser l’engagement des jeunes, ces derniers recommandent la complémentarité entre le mode d’engagement et le cursus scolaire universitaire ou professionnel, la restructuration des organismes de jeunesse et la reconnaissance de leur engagement. En conclusion l’adoption d’une politique claire qui favorise et encourage l’engagement des jeunes donc un contexte sociopolitique propice à l’implication.
La révolution tunisienne serait-elle à l’origine d’un climat qui favorise la participation et l’implication des jeunes dans la vie de la société ?

Bibliographie

Les ouvrages
 Bechman (Dan Ferrand), la pratique associative des jeunes mineurs : l’exemple du réseau national des juniors associations, in quand les jeunes s’engagent ; entre expérimentation et constructions identitaires, sous la direction de Valerie Becquet et Chantal Delinares, l’Harmattan, collection débat et jeunesse, Paris, 2005
 Dulhesne( S),Haegel(F), l’enquête et ses méthodes, l’entretien collectif, Armand Collin,Paris,2005.
 Pinto(Roger) et Grawitz(Madeleine), méthodes des sciences sociales, édition Dalloz,1971
Dictionnaires et encyclopedies
 Boudin(Raymond), Bernard (Philippe), Cherkaoui (Mohamed) et Lecuyer (Bernard Pierre), dictionnaire de sociologie, Paris, Larousse, 2003(1989).
 Landiere, Pierre, Encyclopedia universalis(1988).
Thèses
 Maud (Simonet-Cusset), Les mondes sociaux du travail citoyen- Sociologie comparative de la pratique bénévole en France et aux Etats-Unis, Thèse de sociologie, université de Nantes, Juillet, 2000.
Etudes et recharches
 Boucher( L-P) , Morose( J ) « responsabilisation et appartenance : la dynamique d’un projet éducatif » ; Revue des sciences de l’éducation, vol16 ; n3 ; p415-431, 1990.
 Calin (Daniel), texte servi de base à une conférence donnée le 11 décembre 1998 dans le cadre des amphis de l’A.I.S de L’I.U.F.M de Paris.
 Cardon (Dominique) et Granjon (Fabian), « Éléments pour une approche de pratiques culturelles par les réseaux de sociabilités ». Dans Olivier Donnat et Paul Tolila, le(s) public(s) de la culture. Politiques publiques et équipements culturels, Paris, Presse de sciences. P0, 2003.
 CUAT (club UNESCO ALESCO de Tunis), « la jeunesse tunisienne aujourd’hui », 2005.
 Forsé,Michel, , « La fréquence des relations de sociabilité : typologie et évolution », L’Année sociologique, no 43, p. 189-212,1993.
 Moumier , dans Gandet Stéphanie « la responsabilité dans les débuts de l’âge adulte » Revue lieu social et politique 46/86, automne 2001.

 Pancer(S.M.), Rose-Krasnor (Linda), et D.Loiselle( Lisa), Youth Conferences as a Context for Engagement. New Directions for Youth Development, no 96 (hiver 2002), Wiley Periodicals Inc, 2002.

Présentation des auteurs

Assistant à l'institut supérieur de l'animation pour la jeunesse et la culture à Bir El Bey.
Ex Assistant délégué à l'institut supérieur du sport et de l'éducation physique Ksar Said.
Ex Conseiller pédagogique au ministère de la jeunesse et du sport
Ex Responsable des centres de promotions au ministère de la jeunesse et du sport.
Ex Assistant à l'institut supérieur du sport et de l'éducation physique El Kef.
Doctorant en sociologie à l'université Paris 8
Doctorant en sciences culturelles à l'ISAJC Université de Tunis

Communication complète

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L’ENGAGEMENT DES JEUNES TUNISIENS DANS LA VIE SOCIALE : MOTIVATIONS ET FREINS
Introduction HDIDER MOHAMED
L’engagement des jeunes est la participation significative et soutenue d’une jeune personne dans une activité dont l’attention n’est pas axée sur elle-même (Pancer, Rose-Krasnor et Loiselle, 2002)1, les chercheurs considèrent que cette participation peut se faire dans des activités tel que le bénévolat, l’action sociale, les sports, la musique, les arts, le service communautaire…….
Cependant il existe des difficultés inhérentes à la notion d’engagement des jeunes, principalement les jugements portés sur les jeunes qui s’appuient sur les perceptions et qui conduisent à se trouver souvent dans des situations relativement paradoxales :
D’un côté, un discours revient régulièrement dans la bouche de la majorité des adultes « la jeunesse est l’âge de non-engagement » « une génération désabusée » « les jeunes ne croient plus en rien », les jeunes se voient le plus souvent reprocher d’être individualistes, ils privilégient la valeur et les droits de l’individu sur ceux des groupes sociaux.
De l’autre côté, nous entendons parler de l’innovation, la créativité, la vigueur, la vitalité et la force ; des qualités évoquées chaque fois que nous parlons de la participation des jeunes, ces derniers s’investissent parfois, dans des actions qui étonnent par leur caractère massif et par leur forme d’organisation , nous citons l’exemple des manifestations du 14 janvier en Tunisie et les « sit in » d’ ELKASBA les jours qui suivent.
Pour ce qui est de notre pays on n’est pas loin de cette situation contradictoire, la vie associative jusqu’au 2010 est très riche puisque l’on compte plus que 1200 associations dans différents domaines et un taux de participation des jeunes ne dépassant pas les 17%.
Apres le 14 janvier 2011, date de la révolution tunisienne, le nombre de partis politiques, d’associations a augmenté considérablement et la présence des jeunes dans ces organismes est devenue remarquable.
1 Pancer (S.M.), Rose-Krasnor (Linda), et D. Loiselle(Lisa) ,Youth Conferences as a Context for Engagement. New Directions for Youth Development, no 96 (hiver 2002), Wiley Periodicals Inc., p. 47
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Dans cette optique notre recherche s’intéresse aux jeunes porteurs de projets, elle s’appui sur une enquête par entretien réalisée auprès des jeunes appartenant à la catégorie d’âge 15-29 ans, et étudie les motivations de leur implication, les freins à l’engagement, ainsi que leurs acquis, déceptions, besoins, attentes et aspirations.
Nous allons aussi donner une idée sur la vie sociale après l’insurrection qu’a connue le pays.
I Méthodologie de l’étude
Nous avons opté pour une enquête expérimentale « les enquêtes expérimentales ayant pour but de vérifier les hypothèses émises »2. Nous avons choisi de nous appuyer sur l’entretien semi-directif comme outil pour le recueil d’informations, sous ses deux formes individuelles et collectives (Focus Group). L’importance du focus group réside dans sa richesse heuristique.3
L’analyse de ces entretiens nous a permis de regrouper les réponses analogues en une seule catégorie et de déceler les thèmes évoqués par les interviewés, les classer selon leur fréquence et les interpréter selon une approche compréhensive.
1- Déroulement des entretiens.
Les entretiens individuels et collectifs se sont réalisés en arabe une fois enregistrés par un magnétophone, ils sont ensuite retranscrits en entier et traduits en langue française.
Les interviews se sont réalisés du 04/12/2010 jusqu’au 03/03/2011, ils ont en moyenne une durée de 40 minutes, la plus courte étant de 30 minutes et la plus longue de 65 minutes. Les entretiens collectifs se sont déroulés dans les maisons de jeunes (zones urbaines et rurales).
Afin de créer un climat détendu pendant l’entrevue, nous avons déclaré à l’interviewé le titre de notre recherche, nous avons souligné le fait que l’anonymat serait assuré, et qu’il est libre d’interrompre l’enregistrement.
Pour analyser les entretiens, nous avons combiné une analyse verticale qui porte sur chaque jeune et une analyse horizontale qui traite chaque thème de façon transversale. Ces deux analyses nous ont permit de mettre en évidence des sous-groupes de jeunes présentant
2 Pinto(Roger) et Grawitz(Madeleine), méthodes des sciences sociales, édition Dalloz,1971,p516
3 Dulhesne(S), Haegel(F), l’enquête et ses méthodes, l’entretien collectif, Armand Collin, Paris,2005.
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plusieurs traits communs, tout en préservant au maximum les variations des modalités d’expression.
2- Recrutement des répondants
Pour le recrutement des répondants, nous avons fréquenté les associations, clubs, maisons de jeunes, maisons de culture..., ce qui nous a permis d’avoir un groupe de répondants diversifié.
Les critères à satisfaire pour participer à la présente étude étaient : être jeune, âgé entre 15 et 29 ans, engagé dans un projet jeune.
3- L’échantillon
Le groupe étudié est composé de 29 jeunes âgés entre 15 et 29 ans, le choix des 15-29 se justifie par le fait que la plupart des études confirment que la jeunesse s’étire aujourd’hui jusqu’à 29 ans. Ces jeunes ont été interviewés sur les caractéristiques de leur engagement
Tous les interviewés agissent comme responsables, encadreurs, dirigeants, animateurs, ou membres d’un comité d’organisation d’un projet.
Notre échantillon se répartit comme suit :
Tableau 1 Répartition de l'échantillon selon l'âge Catégorie d’âge Nombre Pourcentage
15 – 19 ans
02
07%
20 – 24 ans
15
52%
25 -29 ans
12
41%
Total
29
100%
Tableau 2 Répartition de l'échantillon selon le genre
Genre Nombre Pourcentage
Masculin
18
62%
Féminin
11
38%
Total
29
100%
4
Tableau 3 Répartition de l'échantillon selon l'appartenance régionale
Présentation des projets
1-Le club de sport pour tous
Le club a été crée en mars 2010 par un groupe de jeunes de la région de Soliman (urbaine) et ayant pour objectif la démocratisation du sport. Ces jeunes veulent mettre le sport à la disposition des publics les plus larges possibles, le sport pour eux est capable d’enlever tout les préjugés envers l’âge, le genre, l’origine culturelle et sociale ………
Ce club de sport pour tous offre des activités physiques et sportives pendant les vacances sous forme d’événements sportives auto-organisés regroupant les différentes catégories sociales.
Nous citons quelques exemples de manifestations organisées par le club de sport pour tous:
 Les premières journées régionales des jeux traditionnels (organisées à la ville de Soliman du 20’jusqu’au 23 mars 2010)
 Activités sportives pour les non-voyants (organisées le 04 octobre 2011, avec la collaboration de l’union nationale des aveugles de Tunisie (UNAT) à l’occasion de la journée mondiale des aveugles et des non voyants)
 Les jeux en pleine nature pour les enfants des écoles primaires (organisées pendant les vacances de l’hiver le 23 décembre 2011 à la montagne de Korbous)
Ce club se situe dans la maison des jeunes de la ville de Soliman ou des bénévoles viennent en aide pour faire réussir les actions du club, ces activités peuvent se faire dans cette institution ou ailleurs.
Appartenance reg. Nombre Pourcentage
Urbain
19
66%
Rural
10
34%
Total
29
100%
5
2-Le club art et culture
Au début, il s’agit de différents clubs : de musique, de théâtre, d’art plastique, de scrabble, de littérature….. Ces clubs n’arrivent pas à présenter des activités continues et régulières, la raisons pour laquelle trois animateurs bénévoles, un professeur de théâtre, un enseignant de musique et un peintre amateur, ont crée un club en mai 2009 et l’ont nommé « club art et culture » et qui rassemble les petits clubs déjà cités, ce jumelage permettra selon eux de présenter des activités consistantes et surtout d’organiser des grands événements culturels et artistiques.
L’objectif de ce club étant la médiation culturelle, c'est-à-dire rendre la pratique artistique et culturelle à la portée de tous les jeunes.
Parmi les actions organisées par ce club :
 Le festival de la musique andalouse avec la coopération de la municipalité de Soliman le 12 juillet 2010.
 L’organisation des expositions en faveur des jeunes amateurs d’art plastique tous les vacances du printemps de chaque année.
 Des journées d’animation théâtrale organisées en juin 2009 en faveur des lycéens du gouvernorat de Nabeul
Ce club est encore actif et a organisé en janvier 2013 une grande manifestation à l’occasion de la célébration de la révolution tunisienne.
3- Projet Tunaide « rendre le sourire »
C’est une association de bienfaisance de secours à caractère social créé le 2 avril 2011. Elle a pour mission essentielle d’aider et soutenir les enfants (0 à 15 ans) en situation de précarité ainsi que leurs familles.
Pour réaliser cette mission les jeunes qui ont créé cet association, ont mis au point un plan d’action stratégique nommé rendre le sourire et qui s’articule autour de cinq axes :
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1-les enfants malades : accompagnement et soutien des enfants hospitalisés notamment les sans soutien et les cas sociaux aussi bien sur le plan moral que financier, a cet effet sont organisé des ateliers à thème selon un programme presque quotidien ainsi qu’un événement bimensuel pour la récolte des dons nécessaires a ces actions.
2- les orphelins et sans soutien : parrainer les enfants et apporter toute l’aide possible aux orphelinats ainsi qu’aux structures d’accueil des enfants sans soutien
3-les porteurs d’handicap : changer le regard de la société face aux porteurs handicap et faciliter leur réintégration dans la vie sociale
4-défavorisés : en collaboration avec le service social de l’hôpital d’enfant une trentaine de familles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ont été ciblées pour leur apporter l’aide nécessaire en fournitures scolaires, lait pour bébé ….
5- environnement : protéger et assurer un environnement sain pour tous, seul garant de l’avenir de nos enfants.
Cette association a pour taches :
-l’organisation des manifestations pour les enfants hospitalisés
- l’organisation des ateliers à thème selon un programme presque quotidien.
-l’organisation des voyages pour les enfants hospitalisés
-l’organisation des événements pour la récolte des dons nécessaires à ces actions. Nous citons comme exemple parmi les actions de Tunaide celle organisée le samedi 04 août 2012 à l'Hôpital d'Enfants de Tunis et qui s’intitule la deuxième édition de IFTAR « Rendre le Sourire ». Les bénéfices de cette action serviront pour l'achat de vêtements de l'AID pour des enfants malades et de familles défavorisées et enfants sans soutien et porteurs d'handicap en plus des actions sociales au profit des enfants hospitalisés, notamment les cas sociaux.
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4- le projet de « mariage collectif »
Le mariage collectif est un projet fondé par des jeunes4 de la ville de Soliman en faveur des personnes défavorisés et qui n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour se marier.
30 juin 2005 :
1. 1ereJournée de formation : la santé reproductive- la consanguinité-les tests médicaux
2. 2eme Journée de formation : Les droits des conjoints et les relations familiales
3. 3eme Journée de formation : formation au rôle de femme dans le foyer (cuisine, alimentation, la prévention des accidents domestiques, la peinture sur soie …….)
4. Organisation d’une foire de meuble et d’électroménager ou les participants ont pris en charge tout ce qui est nécessaire pour les couples.
5. Le mariage proprement dit selon les traditions de la ville de Soliman.
6. Voyage de noce à la ville de Hammamet.
5- Groupe de « cyber-activiste » sur le Net + break-dance + rap
Le groupe des internautes est fondé en février 2009 par cinq jeunes originaires de la ville de Tebourba(zone rurale) située au Nord Ouest de Tunis. Agissant à la maison de jeunes de Tebourba, coopérant avec l’association de maintenance de la ville.
Il est a noté que ce groupe à été fondé au début comme un espace de médiation culturelle, les jeunes fondateurs de ce projet visent la promotion de leurs activités artistiques (danse, musique) par l’intermédiaire des Technologies de l’information et de la communication. Mais suite à l’insurrection qui a connu le pays, les jeunes de ce groupe se sont engagé au processus révolutionnaire en se transformant en journalistes citoyens ou ce qu’on appelle la presse de
4 Voir annexe tableau 11
Les fondateurs de ce projet ont organisé ce mariage, et ont présenté aussi divers activités tout autour de ce mariage en faveur de huit couples et ceci du premier avril 2004 jusqu’au
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proximité vue le black-out et la subjectivité des médias officiels et l’absence flagrante d’informations fiables face au bouleversement du janvier 2011.
Parmi leurs dernières activités, la participation au «rencontre nationale des jeunes Rappeurs qui s’est déroulée le 21 – 22 – 23 – 24 Mars 2012 à la maison de jeunes Oued Ellil (Nord Ouest de Tunis), ainsi que la participation au Festival des arts de Tebourba qui s’est déroulé le 25 et le 26 Mai 2012 à la maison des jeunes et la maison de culture de Tebourba.
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II-Résultats et interprétations
1-La conception de l’engagement chez les jeunes
Afin de saisir la conception de l’engagement chez les répondants, nous avons posé la question : « Pour vous, quelle est la définition de l’engagement? »
Les réponses que nous avons recueillies par l’ensemble des jeunes interrogés, nous donnent les résultats récapitulés dans le tableau suivant :
Tableau 4 Définition de l’engagement selon les interviewés Définition de l’engagement 1 Passer du passif à l’actif 2 Changer sa vie et la vie des autres 3 Lié à la notion du don 4 Trouver une place active dans la société 5 Acte indispensable au bon fonctionnement de la société 6 Epanouissement personnel 7 Partager des expériences et des connaissances 8 Une prise de responsabilité 9 Acte volontaire de participation
Se référant aux réponses des jeunes l’engagement est perçu essentiellement comme « action », « interaction » et comme « conduite ».
L’engagement comme « action » : les interviewés utilisent souvent des verbes d’action pour définir le terme « engagement » tel que : participer, agir, débattre, changer, apprendre, et faire apprendre… On trouve cette notion d’action lorsqu’on définit l’engagement comme «acte indispensable au bon fonctionnement de la société ».
L’engagement comme « interaction » : il faut d’abord signaler que cette « action » se caractérise par sa notion de collectivité ou les individus apprennent des nouvelles connaissances et acquièrent des compétences et de l’expérience, mais ils transmettent aussi aux autres leur savoir et leur savoir- faire.
Cette notion « d’interaction » est d’une grande importance dans les représentations des jeunes interviewés. Denis Benoit qualifie l’engagement comme acte collectif où il y’a
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partage et échange de connaissances, d’idées, de valeurs et d’aptitudes, « L’engagement relève d’une manière de contrat entre diverses parties. C’est une forme d’échange ou de transaction, socialement admise et fixée entre plusieurs instances mises en relation ».5
Un élément de réponse explique la notion « d’interaction » est évoqué par les jeunes « changer sa vie et la vie des autres ». Ce changement se fait à travers le partage et l’échange des connaissances et de l’expérience, en effet Meriem 28 ans membre de l’association club pour tous et issu d’une famille moyenne composée de 5 membres déclare « pour moi il s’agit du sport et tout ce qui est autour du sport … on se rencontre, on voyage ensemble et on fait des stages et des nouvelles amitiés avec d’autres personnes ce qui nous permet de partager des moments inoubliables et acquérir de nouvelles connaissances »6
L’engagement comme « conduite » : l’engagement n’est pas seulement perçu comme « action » et « interaction » mais aussi comme comportement, comme conduite, « passer du passif à l’actif », une définition partagée par la majorité des interviewés. Jean Ladrière, lorsqu’il parle de conduite affirme qu’ « elle s’oppose aux attitudes de retrait, d’indifférence, de non-participation »7
Les interviewés considèrent l’engagement comme l’occupation pour chacun de son rôle comme acteur social, chacun est destiné à accomplir quelque chose dans sa société, Chihab, 18 ans, lycéen membre du groupe de cyber activiste et appartient à une famille aisée et ayant des soucis scolaires affirme « à partir de tout ce qu’on met et de tout ce qu’on échange d’informations sur nos blogs, on se sent responsable et en mesure de faire changer l’opinion public en dévoilant la vérité dissimilée par les autorités…on se sent capable de faire changer les choses »8, Chihab essaye par son appartenance au groupe d’oublier ses problèmes d’ordre scolaire et de s’affirmer dans un autre registre afin de confirmer à son entourage qu’il est capable d’être un leader.
Les interviewés définissent l’engagement comme « trouver une place active dans la société » et comme « une prise de responsabilité ».Cette définition revient aux années 30, des
5 Denis (Benoit), Littérature et engagement de Pascal à Sartre, Paris, Edition du seuil « Essais », 2000, p 09.
6 Meriam, fille, 28 ans, animatrice socioculturelle, sport pour tous.
7 Ladriere (Jean), « engagement » Encyclopedia Universalis, Adress URL : www.l’universalis-edu.com, consulté le20-2-2011
8 Chiheb, jeune, 18 ans, lycéen, rappeur et cyber activiste.
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personnalistes et citée par Mounier, lui, il considère l’engagement comme « la responsabilité d’une oeuvre à réaliser dans l’avenir »9.
Il faut toutefois signaler que les répondants insistent sur le caractère volontaire de l’engagement « acte volontaire de participation » pour parler d’une participation sans rémunération mais surtout libre, où l’engagé peut mettre fin à cette implication quand il veut.
Concernant les variables de notre étude nous avons repéré quelques différences : Les plus jeunes (15-19 ans) et les filles insistent sur la notion d’épanouissement personnel dans leur définition et considèrent que c’est un moyen d'occupation du temps libre, Malek étudiante de 23 ans membre de Tunaide et appartenant à une famille de classe moyenne composée de 6 membres souligne « vu les contraintes scolaires et les charges ménagères, mon adhésion à l’association me permet de me délasser et de me divertir tout en passant un message aux autres ».10
Les 25-29 ans ainsi que les ruraux, définissent l’engagement comme un acte de participation à travers lequel on change notre vie et la vie des autres, Nawel, 25 ans, est issue d’une famille rurale, pauvre et nombreuse atteste « à travers les actions que nous effectuons grâce au club art et culture j’essaye d’apprendre à mieux gérer le manque et la privation que j’ai connue depuis mon enfance et j’essaye de rendre le sourire aux gens qui souffrent autrement… »11
Si la femme tunisienne d’aujourd’hui se fait une place considérable dans le domaine du travail, les interviewées filles considèrent que ce n’est pas le cas pour l’engagement, la raison pour laquelle elles définissent aussi l’engagement comme « trouver une place active dans la société » propos de Lilia, jeune fille dont les parents sont des professeurs dans un lycée de la capitale, Tunis.12
2- Les motivations de l’engagement
Dans le cadre de notre entretien, nous avons posé la question : « Quelles étaient vos motivations à votre engagement ? »
9 Mounier, dans Gandet (Stéphanie) « la responsabilité dans les débuts de l’âge adulte » Revue lien social et politique 46/86, automne 2001.p.78..
10 Malak, fille, 23 ans, étudiante, membre de Tunaide.
11 Nawal, fille, 25 ans, animatrice de quartier, Association art et culture.
12 Lilia, 24 ans, étudiante, présidente de l’association humanitaire Tunaide.
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Chaque interviewé a évoqué une pluralité de motivations qui se conjuguent ensemble ou séparément. Cette grande diversité de motivations identifiée par les jeunes a été organisée sous six dimensions, récapitulées dans le tableau suivant :
Tableau 5 Motivations de l'engagement Dimensions Motivations
Dimension
Relationnelle
Recherche des relations et des amitiés
Désir d’insertion et d’appartenance a un groupe
Dimension
utilitariste
L’acquisition des compétences et de l’expérience
Développement de la personnalité
la reconnaissance sociale
Le plaisir d’exercer des responsabilités
Dimension
altruiste
Le souhait d’être utile a la société
Transmettre des compétences
Défendre une cause
Faire changer les choses
Dimension
de loisir
Epanouissement personnel et divertissement
Occupation du temps libre
les motivations liées aux domaines d’engagement
Etre passionné par le sport, activités culturelles……..
Importance des activités culturelles, sportives……..
Dimension économique
Percevoir des primes
Les motivations sont multiples, chaque dimension citée est composée de plusieurs items, que nous étudierons dans ce qui suit.
2-1-La dimension relationnelle
Les répondants affirment le désir de l’engagement, mais ils aiment partager cette implication avec d’autres, d’où l’importance de la dimension relationnelle.
La raison mise en avant renvoie à « la recherche des relations et des amitiés » évoquées par la majorité des jeunes interviewés, pour eux, l’engagement leur offre une occasion pour entrer en contact avec leurs pairs et des adultes. C’est la recherche des relations et des amitiés qui motivent la majorité des jeunes Wafa, étudiante affirme « À chaque nouvelle action je me sens
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super motivée et prête à nouer de nouvelles amitiés et rencontrer des futurs amis…en fait Siwar qui est mon amie intime je l’ai connu suite à une de nos actions du club »13
Un autre motif toujours en relation avec la dimension relationnelle est celui du« désir d’insertion et d’appartenance à un groupe » qui figure dans les réponses de la majorité des jeunes, puisque les activités dans un groupe d’appartenance leurs permettent d’identifier leurs places par rapport à celles des autres wafa ajoute « en étant entourée par mes amis ceci me réconforte et me motive de plus en plus »14 Daniel Calin15 le confirme « Traditionnellement, la dimension sociale de notre identité est assurée par un sentiment d’appartenance à des groupes sociaux plus ou moins larges… » .Et Boucher et Morose l’appuient et affirment : « Plus un individu a un fort sentiment d’appartenance à un groupe, plus il a tendance à adopter les valeurs, les normes et les règles de ce groupe »16.
2-2- La dimension utilitariste
Les répondants conçoivent l’engagement comme un domaine expérimental, un tremplin pour l’acquisition de l’expérience, des connaissances, des habilités et des compétences.
Toujours à la recherche de gratifications personnelles, les jeunes mettent aussi « le développement de la personnalité » comme motif de leur engagement, ils veulent développer leurs aptitudes à communiquer, leur créativité, leurs capacités à se dépasser et à prendre l’initiative, ils veulent être confiant, autonome, dynamique et sûrs d’eux-mêmes à travers leur implication Raouia, 27 ans, mariée témoigne « j’ai adhéré au club sport pour tous afin de développer mes compétences en matière de communication, organisation, planification et travail en groupe….. » 17
D’autres motivations toujours liées à la dimension utilitariste et évoquées surtout par les Jeunes interviewés du club art et culture, est «La reconnaissance sociale », si ces derniers ont la détermination et les ressources nécessaires pour s’engager, ils chercheront cette
13 Wafa, 18 ans, étudiante, responsable sponsoring, Mariage collectif.
14 Wafa, Mariage collectif
15 Calin (Daniel), texte servi de base à une conférence donnée le 11 décembre 1998 dans le cadre des amphis de l’A.I.S de L’I.U.F.M de Paris.
16 Boucher (L-P), Morose (J), « responsabilisation et appartenance : la dynamique d’un projet éducatif » ; Revue des sciences de l’éducation, vol16 ; n3, 1990.p415-431.
17 Raouia 27 ans Animatrice socioculturelle, membre de sport pour tous.
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reconnaissance sociale comme signes de succès et de réussite, et comme un besoin fondamental pour le développement de l’estime de soi.
Enfin, les jeunes répondants ont évoqué un certain goût pour le leadership, ils identifient comme raison de leur engagement « le plaisir d’exercer des responsabilités », ils considèrent que les responsabilités recherchées se situent dans l’action que les adultes peuvent leur confier, mais aussi en occupant des postes clés (président du club ou association) ou étant eux -même fondateurs de clubs (club art et culture, clubs de sport pour tous…)
2-3- La dimension altruiste
Les jeunes interviewés utilisent des mots tel que : devoir, sacrifice, être utile, transmettre, changer, pour témoigner de leurs motivations d’engagement, ils estiment qu’ils s’engagent dans des organismes pour des raisons altruistes.
À la lecture des réponses des jeunes interviewés, ils avancent l’item « transmettre des compétences », ils affirment avoir la détermination et les ressources nécessaires pour se mettre au service des autres.
Arrive en deuxième position « Le souhait d’être utile à la société » les jeunes veulent apporter leur énergie et leur enthousiasme pour le bien de la société Ahmed, 21 ans étudiant originaire du Sud de la Tunisie et habite chez son frère à Tunis souligne « Je m’engage pour rendre un enfant hospitalisé heureux et épanoui, pour moi c’est un devoir qui me fait sentir vraiment utile…. »18
En troisième position arrive l’item« faire changer les choses » les jeunes voient avec beaucoup de confiance qu’ils sont capables de renouveler les manières de dynamiser les clubs et les associations, et de prendre les choses en main, tout en proposant de nouvelles idées.
Enfin, bien que l’engagement des jeunes ait un caractère bénévole, ou volontaire, il peut être aussi militant, les jeunes emploient « défendre une cause » comme motivation de leur implication. Les jeunes du Projet Tunaide « rendre le sourire » insistent beaucoup plus sur ce type de motivations.
18 Ahmed, 21 ans, étudiant, membre de Tunaide
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2-4- La dimension de loisir
Dans cette dimension, les résultats de notre enquête ont montré que les jeunes se disent être motivés à s’engager pour des raisons liées au loisir, ils s’impliquent pour « l’occupation de leur temps libre ».
Les jeunes du Groupe de « cyber-activiste » évoquent essentiellement « l’épanouissement personnel et le divertissement »comme motif de leur engagement .Mahdi, 23 ans cyber activiste, jeune dynamique et ayant le sens du l’humour affirme « Nous militons grâce à notre musique et nos caricatures….mais aussi pour nous divertir et nous s’amuser »19.
2-5-les motivations liées aux domaines d’engagement
Les jeunes des clubs « art et culture » et « sport pour tous » affirment que c’est parce qu’il s’agit de sport, de théâtre ou de musique…, qu’ils s’engagent, c’est la passion pour l’activité sportive ou culturelle qui les avaient motivés.« être passionné par le sport / culture », une raison qui apparaît massive et écrasante au regard des répondants. Hamza, 22 ans étudiant déclare « je fais partie du club sport pour tous car le sport étais toujours mon grand intérêt depuis mon jeune âge… »20
Ces jeunes considèrent que les activités culturelles / sportives aident à réussir l’école, réduisent les inégalités sociales et ont des effets sur la maîtrise corporelle et la santé, Azer, 26 ans le confirme : « La musique est une bouffé d’oxygène qui me permet de me relancer dans mes études… »21 .Et comme l’affirme Joel Zaffran « Les activités artistiques donnent lieu à la construction des schèmes mentaux et comportementaux transférables à l’école »22.
2-6- La dimension économique
Les motivations d’ordre économique sont clairement en retrait par rapport aux autres dimensions, mais évoqués par les jeunes répondants « percevoir des primes » et ça concerne surtout les animateurs volontaires du club « sport pour tous ».
19 Mahdi, 23 ans, technicien en maintenance informatique, membre fondateur du groupe cyber activiste
20 Hamza, 22 ans, étudiant, Animateur volontaire, membre club sport pour tous.
21 Azer, 26 ans, étudiant en mastère, secrétaire générale de l’association art et culture.
22 Zaffran (Joel), Le rôle des activités artistiques et culturelles dans la réussite scolaire, évaluation des effets et interprétation sociologique. Symposium Européen et international de recherche, centre George Pondidou, Paris. Janvier 2007
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En conclusion les jeunes se sont mis d’accord que l’engagement résulte de l’adéquation entre la volonté d'oeuvrer pour le bien afin de former sa personnalité et de mieux connaître un domaine culturel, artistique ou sportif ou social, bien que, les 25-29 ans se distinguent par leur caractère altruiste.
Dan Ferrand Bechmann note que les motivations « vont du besoin de s’exprimer à celui de réaliser un projet potentiel ou durable, de la recherche des partenaires à une demande de visibilité et de reconnaissance, d’une affirmation identitaire à un désir de socialisation »23.
Il faut toute fois noter que ces motivations sont indispensables pour l’engagement mais, ne sont certainement pas suffisantes, les jeunes annoncent qu’ils se référent à des modèles pour expliquer leur engagement, nous traitons dans ce qui suit les incitateurs de l’engagement.
3- Les incitateurs de l’engagement
Pour savoir les modèles ayant pu pousser les jeunes à s’engager dans leurs projets nous avons posé la question « Voulez –vous nous indiquer qui vous a incité à vous engager ? ».
Tableau 6 Les incitations de l'engagement
Le tableau ci-contre montre que la majorité des jeunes interviewés déclarent être engagés par conviction personnelle et affirment que personne ne les a influencé pour s’impliquer, ces jeunes sont à la recherche d’une occupation intéressante et attrayante, ils décident d’eux-mêmes à s’engager dans ces projets. Lilia déclare « j’ai senti que je devrais faire quelque chose pour les malheureux de ce pays, c’est pour cela que je j’ai répondue présente… »24
23 Bechman (Dan Ferrand), la pratique associative des jeunes mineurs : l’exemple du réseau national des juniors associations, in quand les jeunes s’engagent ; entre expérimentation et constructions identitaires, sous la direction de Valerie Becquet et Chantal Delinares, l’Harmattan, collection débat et jeunesse, Paris, 2005, pp.168-181.
24 Lilia, Tunaide Les incitateurs de l’engagement 1 Convictions personnelles 2 Les pairs 3 La famille 4 Les animateurs socioculturels 5 Des personnes engagées 6 L’école 7 Les medias/internet
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D’autres interrogés se sont engagés sous l’influence de leurs pairs .Ceux-ci jouent le rôle d’information et d’agent de renforcement de nouvelles activités donc de déclencheurs de participation et ca concerne surtout les membres du projet du groupe de « cyber-activiste ».
Ensuite, nous remarquons que la tradition familiale est à la base de l’engagement, la famille, cette institution de socialisation, occupe une place importante dans le parcours vers l’engagement, et surtout les parents qui jouent un rôle déterminant, inculquant des valeurs favorisant la participation de leurs enfants.
Viennent ensuite, les animateurs socioculturels et les personnes déjà engagées, ils constituent des modèles à s’engager pour les jeunes, ces derniers commencent comme consommateurs d’activités, comme simples pratiquants et sous l’influence directe ou indirecte des animateurs professionnels, ils passent du statut consommateur d’activités à un statut de participant actif en tant qu’animateur volontaire ou encadreur.
Mais ce qui est frappant, c’est que les médias et l’école semblent loin d’être des vrais déclencheurs de l’engagement, ils doivent normalement être des agents de socialisation favorable à l’engagement, ils ne sont évoqués que par quelques jeunes répondants.
4- Les freins à l’engagement
À travers la perception des interviewés, nous examinons dans ce chapitre ce qui rend les jeunes réfractaires à l’engagement. Nous avons posé directement la question : « D’après vous, quels sont les freins qui peuvent empêcher les jeunes à s’engager, ou à cesser leur engagement? »
Chaque interviewé a évoqué une pluralité de freins qui se conjuguent ensemble ou séparément. Ces freins peuvent être déclinés en deux sens, à savoir le désengagement pour ceux qui se libèrent de leur implication, et le refus total de s’engager.
Mais quoi qu’il soit, désengagé ou non engagé, les répondants ont évoqué les principales obstacles, nous présentons dans le tableau 4 les thèmes qui démobilisent les jeunes et nous précisons les items qui caractérisent chaque thème :
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Tableau 7 Les freins à l'engagement Les freins à l’engagement
Freins liés aux associations et clubs
Le mode de fonctionnement des associations et clubs
Les activités des clubs /associations ne sont pas attrayantes
La politisation des associations et clubs
Freins d’ordre personnel
Manque de disponibilité personnelle
Préférence pour la sphère privée
Crainte des jeunes quand à leurs capacités à s’engager
Freins d’ordre culturel
Absence d’une culture d’engagement
Jeunes socialises à laisser la place aux adultes
Femmes socialisés à laisser la place aux hommes
Freins liés à la société
Absence de reconnaissance de l’engagement
Problème de chômage et d’insertion socio-économique
Attitude sociale négative envers les jeunes
Freins liés aux TIC
L’engagement se trouve en compétition avec les T.I.C
Les medias ne valorisent pas l’engagement des jeunes
Freins liés aux types d’engagement
Désintérêt aux activités des projets
Les résultats de l’engagement non tangibles
Freins liés aux institutions
de socialisation
La famille n’encourage pas à l’engagement
L’école ne favorise pas l’engagement
Nous traitons dans ce qui suit chaque thème à part
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4-1 Les freins liés aux associations et clubs
Ce thème comporte trois items :
Le premier étant « le mode de fonctionnement de ces organismes» : les jeunes déplorent le manque de transparence dans les modes de gestion de l’association ou du club, le manque de démocratie, le manque de participation des jeunes à la prise de décision.
Meriam, 22 ans, membre de Tunaide déclare : « Les vieux ne croient pas à notre capacité de gérer le club et ne veulent pas prendre en considération nos recommandations, ils ne veulent pas changer la façon de diriger les manifestations organisées par le club, bref ils sont trop archaïques ……. »25
Le deuxième item étant « les activités de ces organismes ne sont pas attrayantes », les interviewés évoquent l’incapacité de ces organismes pour repérer des activités intéressantes et attirantes et considèrent que ces pratiques sont traditionnelles discontinues et destinées à une population adulte. Hassib, 23 ans, se plaigne du type d’activité présenté par les associations et les clubs : « les jeunes s’intéressent de plus en plus aux nouvelles technologies et veulent les utiliser pour les activités artistiques et culturelles alors que les adultes se contentent des activités classiques, chose qui n’attire pas les personnes de mon âge…… »26
Le troisième item est « la politisation des organismes » les interviewés déclarent que ces organismes ont un fond politique plutôt que culturel, sportif ou humanitaire. Mustafa, 20 ans, étudiant témoigne « si les politiciens sont présent au mariage collectif ceci non pas pour des raisons humanitaires mais plutôt politiques, ensuite ces derniers ne donnent pas de subventions aux projets jeunes ou adultes sauf dans leurs intérêts et pour faire la propagande au profit de leur parti politique »27
Ces types d’obstacles sont considérés comme des raisons pour lesquelles les jeunes ne s’engagent pas dans la vie sociale et optent pour les associations jeunes et les projets auto organisés. 4-2 Les freins d’ordre personnel
Ce sont les obstacles qui concernent le jeune lui-même et qui l’empêchent à s’engager, ils se repartissent en trois items.
25 Meriam, 22 ans, étudiante, membre de Tunaide
26 Hassib, 23 ans, animateur en chômage, président de l’association art et culture
27 Mustafa, 20 ans, étudiant, responsable information au projet mariage collectif
20
Le premier concerne le « manque de disponibilité personnelle », les répondants expliquent que certains jeunes ne sont pas intéressés à s’impliquer par manque de disponibilité personnelle, les étudiants font référence au nombre élevé d’heures de cours et la nécessité de réussir leurs études, et ceux qui sont actifs insistent sur le fait qu’ils manquent de temps pour s’investir, et ceci à cause des contraintes professionnelles et familiales. Les jeunes affirment que la difficulté réside dans la conciliation entre vie scolaire, professionnelle et familiale d’une part et celle associative de l’autre. Hatem, ingénieur membre de l’association Tunaide déclare « si le fonctionnaire de l’état par exemple travaille de 8h à 18h et en passant une heure de route pour arriver au lieu de son travail, je ne crois pas qu’il peut trouver du temps pour faire du bénévolat »28
Le deuxième item est « la préférence pour la sphère privée », de nos jours le jeune trouve d’autres occupations, et l’engagement dans la vie sociale se trouve en compétition avec d’autres activités surtout celles du loisir proprement dit, le jeune cherche la liberté dans ses actions, il fait ainsi retour à la famille, aux groupes de paires ou même à une activité individuelle. Le penchant vers la sphère privée est très accentué ce qui constitue une des entraves à l’engagement.
Le troisième item étant « la crainte des jeunes quand à leurs capacités à s’engager », les jeunes voient que le manque de confiance en leur capacité et compétence peut être un frein à l’engagement, de même le sentiment d’impuissance de changer les choses augmente le manque de volonté des jeunes à participer dans la vie sociale. Les jeunes refusent l’engagement en raison de leur naïveté et de leur manque d’expérience. Ahmed, 25 ans, membre du groupe cyber activiste affirme que « mes amis ouvriers croient que la participation à un projet culturel est une affaire d’intellectuels, ils n’ont pas confiance en leurs capacités car il ne s’agit pas seulement de connaissances et de savoirs mais aussi de la capacité à diriger et à communiquer avec l’autre … »29
4-3 Freins d’ordre culturel
L’une des raisons de ne pas s’engager est surtout liée à la culture des jeunes, ces derniers ne sont pas socialisés à s’impliquer dans plusieurs domaines, nous citons par exemple la vie associative culturelle ou le taux de participation des jeunes Tunisiens ne dépasse pas 01%30.
28 Hatem, 28 ans, ingénieur membre de Tunaide
29 Ahmed, 25 ans, ouvrier membre du groupe cyber activiste
30 CUAT (club UNESCO ALESCO de Tunis), « la jeunesse tunisienne aujourd’hui »,2005.
21
Une deuxième raison soulignée par les répondants et qui en ressort pour expliquer l’absence d’engagement ou le désengagement est que les jeunes sont socialisés à laisser la place aux adultes. Le témoignage de Meriem, étudiante qui consacre beaucoup de temps pour l’association Tunaide peut expliquer cet item « si un jeune met sa candidature pour le poste de secrétaire général de notre club devant un adulte il sera mal vu, on l’accuse de quelqu’un qui ne respecte pas les plus âgés, tel esprit peut être un facteur du désengagement ……. »31
Et une troisième raison qui concerne les filles, qui sont socialisées à laisser la place aux hommes, peut être une raison pour éloigner les jeunes filles de la vie sociale. Raouia membre du club sport pour tous certifie « avant de commencer mes études supérieures à l’institut d’animation, je croyais que l’animation socioculturel est un domaine réservé plus aux hommes et je pense que ces représentations négatives à l’égard de la femme sont des raisons essentielles du non engagement »32
4-4 Freins liés à la société
Les interviewés ont mentionné l’item « attitude sociale négative envers les jeunes » comme une raison de désengagement, ou du non engagement. Cette attitude sociale négative tend à stéréotyper les jeunes, et à freiner leur envie d’implication et de participation.
D’autres interviewés mettent en cause « l’absence de reconnaissance de l’engagement », dans notre société tunisienne, seul ceux qui réussissent l’école ou le travail sont bien reconnus, souvent l’engagement dans la vie sociale n’est pas une affaire primordiale. Les jeunes répondants considèrent qu’une telle reconnaissance peut les encourager à s’impliquer dans différents sphères, et fidéliser aussi ceux qui sont déjà engagés. Abir étudiante déclare « Après la réussite du projet mariage collectif il n’y avait pas beaucoup de personnes qui ont valorisées notre action ce qui a découragé certains d’entre nous à l’image de Mahmoud qui a décidé de ne plus s’engager dans tel projet »33
Pour finir avec les freins liés à la société, les jeunes affirment que le problème de chômage et d’insertion socio-économique peut être un obstacle à l’engagement surtout que 70% des chômeurs Tunisiens sont des jeunes.
31 Meriam, 22 ans, étudiante, membre de Tunaide
32 Raouia, sport pour tous.
33 Abir, 24 ans, étudiante, accueil, Mariage collectif
22
4-5 Obstacles lié aux T.I.C
Il faut d’abord signaler que pour la majorité des jeunes, l’engagement dans des projets jeunes se trouve en compétition avec les T.I.C et surtout le cas des réseaux sociaux qui prennent un espace considérable dans le planning des activités des jeunes. wafa affirme « mes amis de classe refusent de participer avec moi au projet de mariage collectif, vu qu’ils ont un grand engouement pour Facebook qui domine la totalité de leurs temps libre »34
Ensuite, c’est parce que les médias diffusent une image négative des jeunes et les considèrent comme incapables de prendre des responsabilités dans la société et parce que les médias ne valorisent pas leur engagement que les jeunes prennent la position de réticents à tous types d’engagement.
4-6 Freins liés aux types d’engagement
Parmi les freins que déplorent les participants à notre enquête est que les résultats de l’engagement dans la vie sociale ne sont ni tangibles ni concrets, en comparaison avec l’engagement dans la vie politique par exemple où les jeunes bénéficient de gratifications directes. Malek met en cause le type de participation pour expliquer les freins à l’engagement : « c’est parce qu’il n’y a pas de gratifications directes que les jeunes refusent de participer à la vie sociale surtout pour les jeunes chômeurs qui cherchent avant tout à gagner leur vie »35
D’autres freins à l’engagement, le désintérêt à certain types d’activités. Les jeunes répondants précisent qu’il est difficile de penser à l’engagement dans le domaine du sport par exemple pour ceux qui n’ont pas pratiqué des activités sportives dès l’enfance.
Un autre exemple, et pour ce qui est culturel, une proportion des jeunes voit que les activités culturelles sont proches des cours dispensés à l’école, et d’autres estiment que l’engagement dans la vie culturelle exige un niveau d’instruction élevé. Ces représentations négatives sont à l’origine du non engagement.
4-7 les freins liés aux institutions de socialisation
Pour les jeunes interviewés, l’école ne favorise pas l’engagement et ne lui prévoit pas un climat favorable. De nos jours l’école en Tunisie ne s’intéresse qu’au côté connaissances et
34 Wafa, Mariage collectif
35 Malak, 23 ans, étudiante, membre Tunaide.
23
néglige les autres aspects qui interviennent dans le développement de la personnalité de l’apprenant, tel que l’aspect social, culturel, affectif et artistique.
Les répondants considèrent aussi la famille comme frein à l’engagement puisqu’elle n’encourage pas l’implication de leurs enfants, les parents mettent en avant la réussite à l’école et pour eux tel engagement pourra les éloigner de cet objectif.
5- Les déceptions de l’engagement
Dans le cadre de notre enquête, la question posée relative aux déceptions de l’acte de l’engagement était : « Quelles déceptions éventuelles éprouvez-vous dans votre engagement ?».
Les réponses ont été classées dans le tableau suivant :
Tableau 8 Les déceptions Les déceptions 1 Manque de temps
2 Manque de moyens matériels des clubs et associations 3 On ne laisse pas les jeunes prendre l’initiative
4 Relations difficiles avec les adultes 5 les responsables de la communauté ne prennent pas au sérieux les projets jeunes.
Nous remarquons que les sources de déceptions sont liées aux jeunes, aux adultes, ou aux organismes sociaux culturels et sportifs. Hassib souligne « Les jeunes n’ont pas beaucoup de temps pour s’engager dans une association ou un club, et les adultes ne les laissent pas faire ce qu’ils veulent à leur manière et ils leurs accordent des taches banales, quant aux responsables de la communauté, ils ne prennent pas au sérieux les projets jeunes et ne viennent pas à leur aide pour réussir leurs actions sportives (manifestations, compétitions…..) ».36
Les jeunes répondants éprouvent une envie à s’engager mais ils se dissuadent faute de temps, parce que leurs études et leur travail sont des activités qui occupent une place primordiale dans leur emploi du temps.
Les déceptions liées aux clubs et associations sont multiples, la majorité des interviewés déplorent le manque de moyens matériels et financiers des associations et des clubs, qui n’ont pas de revenu fixe et permanent (club sport pour tous et Tunaide).
36 Hassib, art et culture
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De même, presque la majorité des jeunes répondants affirment que ces organismes offrent des activités occasionnelles et discontinues.
Un autre problème évoqué celui du conflit de générations, les jeunes répondants accusent les adultes de ne pas être au côté d’eux, de ne pas les aider à réussir leur engagement, de ne pas les donner des consignes et des directives, ce qui rend les relations difficiles entre jeunes et adultes. Ensuite ils considèrent que les hauts responsables de la communauté ne prennent pas au sérieux leur projets et ils sous estiment surtout leurs actions.Hajer déclare « les adultes nous traitent toujours comme des enfants incapables incompétents, inaptes, ils n’encouragent pas nos actions, ils interviennent que pour donner des ordres »37
Face à ces déceptions, les jeunes pensent qu’aucune place ne leur est assurée, mais ils continueront malgré tout à être engagés .Est ce que se sont les acquis qui l’emportent sur les déceptions ? Nous verrons la réponse dans le chapitre suivant qui se rapporte aux acquis de l’engagement.
6- Les acquis de l’engagement
Pour bien cerner ce que ressentent les jeunes engagés, nous avons proposé une question venant comme sorte de bilan : « Que vous a apporté votre engagement ? ».
Les réponses à cette question sont réparties dans le tableau suivant:
Tableau 9 Les acquis de l'engagement Les acquis 1 L’acquisition des qualités personnelles 2
Des rencontres et des amitiés 3 Le plaisir de découvrir un nouveau domaine 4
Le plaisir d’être utile 5 L’épanouissement personnel 6
La reconnaissance sociale 7 Avoir reçu des primes 8
L’accès à la vie politique 9 l’accès à des responsabilités
D’après le tableau ci-dessus on distingue neuf éléments de réponses relatifs aux acquis de l’engagement :
37 Hajar, 23 ans, étudiante, membre Tunaide
25
le premier item étant « l’acquisition des qualités personnelles » item évoqué par les jeunes interviewés qui affirment devenir plus dynamiques, autonomes, communicatifs, confiants, créatifs, disciplinés, indépendants, ordonnés, ouverts d’esprit, ponctuels, responsables, sociables et sûrs d’eux mêmes, tel sont des mots utilisés dans les réponses de ces jeunes. Wafa responsable sponsoring du projet mariage collectif «suite à cet expérience difficile au début, je me sens épanoui très utile je suis devenu plus calme, capable de résoudre les problèmes, sur de moi même »38
Le deuxième élément mentionné par les jeunes est : « acquisition des rencontres et des amitiés » c’est une caractéristique importante du secteur associatif, « … de nombreuses relations sociales se construisent autour des activités culturelles et de loisirs, soit parce qu’elles sont effectivement réalisées en commun, soit parce qu’elles nourrissent les conversations ou sont l’objet de goût partagé, soit encore parce qu’elles donnent lieu à des échanges d’objets (livres, magazines, CD, cassettes, etc.…) » affirment Dominique Cardon et Fabian Granjon39
Le troisième item est « le plaisir de découvrir un nouveau domaine», il est évoqué par les répondants, ces derniers éprouvent une satisfaction de leur engagement, acquise grâce aux domaines culturels, sportifs ou humanitaire…….
Le quatrième élément « le plaisir d’être utile » le fait de donner, d’offrir, d’échanger, de faire apprendre, de transmettre des compétences et des connaissances, procure une satisfaction personnelle aux jeunes engagés comme l’a déjà mentionné Azer membre du club art et culture «, j’ai appris beaucoup de choses, mais le plus important pour moi c’est que je me suis senti utile à la société, à mon club, aux autres membres, à qui je transmets mon expérience, et mes connaissances ».40
Le cinquième élément, évoqué par les interviewés est « l’épanouissement personnel », ces jeunes affirment qu’ils aiment ce qu’ils font, qu’ils se sentent épanouis, bien dans leur tête, mieux dans leur vie et ceci grâce à leur engagement.
38 Wafa ,18 ans,étudiante,responsable sponsoring du projet mariage collectif
39 Cardon (Dominique) et Granjon(Fabian). « Éléments pour une approche de pratiques culturelles par les réseaux de sociabilités », dans Olivier Donnat et Paul Tolila, le(s) public(s) de la culture. Politiques publiques et équipements culturels, Paris, Presse de sciences, 2003.
40 Azer, Art et culture
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Le sixième élément étant « la reconnaissance sociale » mentionné par les jeunes de notre échantillon, si ces derniers partent d’un besoin de développer une estime de soi, d’être reconnu et de se faire respecter par les autres, ils voient ces besoins réalisés à travers leur engagement. Sabri déclare « en étant l’admin de la page facebook du groupe cyber activiste et comme on compte plus de mille amis, je suis devenu célèbre dans mon lycée mais aussi dans la ville où j’habite, c’est ce que j’ai gagné de mon engagement »41
D’autres éléments moins cités par les interviewés : « avoir reçu des primes », « l’accès à des responsabilités » et « accès à la vie politique ».Le premiers mentionnés par les animateurs volontaires dans les maisons de jeunes qui reçoivent des primes pouvant leur servir comme argent de poche, le deuxième concerne certains jeunes qui occupent les fonctions de président de club, secrétaire général ou trésorier et le dernier concernent les jeunes qui trouvent les portes ouvertes pour accéder à la vie politique en profitant de l’expérience acquise.
Les acquis cités ci-dessus se résument ainsi comme suit :
Des qualités d’ordre psychologique : les jeunes affirment que c’est grâce à l’engagement qu’ils sont devenus plus responsables, sûrs d’eux-mêmes, ambitieux, instruits et dynamiques
Des qualités d’ordre moral : les jeunes utilisent des mots tels que solidarité, humanité, générosité, et confiance pour exprimer ce type de qualité.
Des qualités d’ordre pédagogiques : c’est l’acquisition de la capacité de communiquer avec l’autre et la capacité d’écoute.
Des qualités d’ordre social : en ayant des contacts avec d’autres personnes les jeunes se sentent plus sociables et ne trouvent pas de problème d’intégration.
7- Les recommandations
Pour savoir ce que les jeunes proposent comme recommandations afin de promouvoir leur engagement, nous avons posé la question « D’après vous qu’est-ce qui favorise l’engagement des jeunes ? ».
41 Sabri, 20 ans, lycéen, membre cyber activiste
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Tableau 10 Les recommandations
Les jeunes se montrent intéressés par telles questions ce qui explique le nombre élevé de réponses qui se répartissent en trois catégories.
a-La première catégorie la plus citées par nos interviewés et constituée par quatre items :
Le premier « offrir plus du temps libre » : pour favoriser l’engagement, les jeunes répondants se plaignent du manque de temps puisque leur planning est trop chargé, les contraintes temporelles scolaires et professionnelles rendent difficile la participation dans un club, association ou un projet jeunes. Les interviewés recommandent plus de temps libre, proposent un changement d’horaire d’études et du travail
Le deuxième, « opter pour une politique claire qui encourage l’engagement des jeunes », les jeunes évoquent le besoin d’une orientation politique qui motive la jeunesse à la participation dans les différents domaines de la vie sociale.
Et enfin deux items à savoir : « restructurer les clubs et les associations » et « fixer des objectifs clairs à chacun de ces organismes ». Les jeunes répondants revendiquent la restructuration des organismes sociaux, qui selon eux fonctionnent sans objectif clair et ne sont pas indépendants mais plutôt progouvernementaux, dirigés par des adultes voire même des vieux qui ne croient pas aux capacités des jeunes comme des vrais acteurs.
b-La deuxième catégorie est constituée aussi par quatre items :
L’information, la confiance aux jeunes, la sensibilisation des jeunes aux pratiques citoyennes, la dépolitisation et l’indépendance des organismes culturels, sportifs et humanitaires………. Ce qui favorise l’engagement 1 Offrir plus de temps libre pour favoriser l’engagement des jeunes 2 Opter pour une politique claire qui encourage l’engagement des jeunes 3 Fixer des objectifs clairs à chaque association et club 4 Restructurer les associations et les clubs 5 Avoir confiance aux jeunes 6 Eviter la politisation du travail associatif 7 Sensibiliser les jeunes aux pratiques citoyennes (écoles-associations-media………) 8 Informer les jeunes sur l’existence des associations et clubs 9 Médiatiser l’engagement des jeunes 10 Les adultes doivent supporter et orienter les jeunes 11 Aider les jeunes à créer leurs propres associations
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En étant fier de sa participation dans les manifestations et les revendications contre l’ancien régime Ahmed42 cyber activiste déclare : « Le discours sur les jeunes doit changer en Tunisie , on a prouvé que les jeunes peuvent changer les choses on est fier du rôle qu’on a joué pour mettre fin à la dictature, il faut avoir confiance aux jeunes, ils sont capables de prendre des responsabilités, il faut aider les jeunes à s’engager dans tous les domaines, il faut les pousser à prendre part à la vie de notre société, les jeunes sont capables et ils l’on prouvé …………..nul ne peut manipuler les jeunes de la révolution ,il faut arrêter de faire de la manipulation politique à travers les associations ,les jeunes sont capables de prendre les choses en main… »
c-La troisième catégorie est constituée par trois items :
Le dernier groupe de réponses est constituée par « médiatiser l’engagement des jeunes », « aider les jeunes à créer leurs propres associations » et « les adultes doivent supporter les jeunes et les orienter ». Les interviewés demandent soutien, accompagnement et surtout confiance aux jeunes, ils considèrent que l’école ne joue pas le rôle de socialisation à l’engagement « On n’est rarement, pas d’emblée, bénévole, on apprend à le devenir».43 Les médias non plus n’octroient pas une priorité à l’implication des jeunes dans la vie sociale. Ces affirmations poussent les interviewés à proposer l’intégration de la notion d’engagement dans le système éducatif et la médiatisation de la participation des jeunes dans la vie sociale.
Les jeunes recommandent la reconnaissance de leur engagement, ils la considèrent nécessaire pour favoriser leur participation dans les différents domaines.
Une étude sur la politique jeunesse en Tunisie réalisée par Sylvie Floris confirme cet effet « Toute politique jeunesse est basée sur les choix du gouvernement quant aux activités extrascolaires à offrir aux jeunes, mais aussi la reconnaissance de ces activités. Dans ce domaine, il semble y avoir un manque d’intérêt général de la société dans son ensemble pour le non formel »44
Ces recommandations se résument en l’adoption d’une politique claire qui favorise et encourage l’engagement des jeunes.
42 Ahmed, 25 ans, ouvrier membre du groupe cyber activiste
43 Maud (Simonet-Cusset), Les mondes sociaux du travail citoyen- Sociologie comparative de la pratique bénévole en France et aux Etats-Unis, Thèse de sociologie, université de Nantes, Juillet, 2000.
44 Floris (Sylvie), Etudes sur les politiques jeunesses des pays partenaires méditerranéens. Op.cit.
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Conclusion
Cette étude sur l’engagement des jeunes a été réalisée avec un double objectif, le premier étant d’obtenir une meilleure connaissance et une plus grande visibilité de la place qu’occupe le jeune tunisien, non pas comme consommateur d’activités, mais comme acteur. Le deuxième objectif est de savoir, ce que pensent les jeunes de leur engagement, et ce qu’ils émettent comme recommandations pour promouvoir l’engagement des jeunes.
Cette étude nous a permis de comprendre les raisons de l’engagement, mais aussi les obstacles qui l’entravent.
L’étude fait apparaitre plusieurs types de motivations qui se résument comme suit:
 Motivations pour soi, c'est-à-dire les jeunes sont à la recherche de gratifications personnelles de tous types, ce thème est très développé par les jeunes.
 Motivations pour l’autre, comme l’on a vu dans l’analyse des réponses des interviewés, l’engagement pour soi n’exclu pas la notion d’altruisme, on peut s’engager dans le but de transmettre des savoirs et des savoir- faire.
 Motivations avec d’autres : il s’agit de l’ouverture à de nouvelles personnes et la recherche de rencontres et d’amitiés.
 Motivations par rapport à la société : à travers leur engagement, les jeunes expriment leur envie de réagir, d’être utile à la société, de défendre des idéaux, tout en essayant d’avoir une place dans la société.
Face à ces motivations bien différentes selon les variables de notre étude, des obstacles se présentent ralentissant ou entravant l’engagement, ces freins se résument en :
 Freins pour soi: les jeunes font part de leurs craintes et de leurs doutes quant à leurs capacités personnelles à apporter un plus à la société ou à créer des changements. Ils ont peur que leur engagement prenne beaucoup de temps au déterminent des études ou du travail.
 Les freins par rapport aux autres : essentiellement par rapport aux adultes, ces derniers considèrent les jeunes toujours incapables et inexpérimentés pour s’investir dans la sphère culturelle ou sportive, ainsi les jeunes ne seront pas écoutés ayant toujours peur de l’opinion des autres.
 Les freins par rapport à la société: l’absence d’une culture d’engagement est parmi les principaux freins évoqués par les jeunes, de plus l’individualisme et l’égoïsme, qui
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caractérisent notre société peuvent être des raisons du désengagement ou du refus de l’implication.
En plus de ce que nous avons cité, il existe d’autres motivations et d’autres freins dont l’importance change selon les variables de notre étude.
Une fois ont-ils vécu l’expérience dans les associations et les clubs, les jeunes tirent des conclusions en termes d’acquis mais aussi de déceptions.
Les acquis se résument en :
 L’acquisition des qualités personnelles
 Le plaisir de faire des rencontres et des amitiés
 Le plaisir de découvrir un domaine que ce soit culturel ou sportif
Quant aux principales déceptions, les jeunes citent le manque de temps, le mode de fonctionnement des associations et le conflit de générations.
Tenant compte de ce qui a été dit, il en résulte un désengagement total et un refus d’implication ou un engagement occasionnel ou intermittent où les jeunes s’investissent selon leur parcours de vie, selon leurs caractéristiques scolaires, familiales et professionnelles et selon leur disponibilité.
Enfin, pour favoriser leur engagement, les jeunes recommandent un contexte sociopolitique propice à l’implication.
Il en résulte de l’étude de l’engagement des jeunes, plusieurs caractéristiques reliées à un contexte sociopolitique bien déterminé (avant le 14 janvier date de la révolution tunisienne)
Alors que dans un contexte sociopolitique différent (après le 14 janvier2011), date de la révolution tunisienne ,cette ère de liberté qui est marquée par la naissance de plusieurs partis politiques(plus de 140 partis ,il étaient seulement sept en 2010), d’une poussée démographique considérable d’associations (plus de 4760 associations ,le nombre augmente de 32%) et surtout d’une ruée des jeunes vers ces organismes ; la participation des jeunes semble être de plus en plus intéressante, et prend surtout d’autres formes , les jeunes se sont investis dans des actions qui étonnent par leur caractère massif et par leur forme d’organisation (les manifestations du 14 janvier, les « sit in » d’ ELKASBA 1 et 2 , les revendications, les manifestations et les actions de soutien et de solidarité avec les personnes marginalisées(les pauvres les chômeurs ect……..).
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les jeunes s’intéressent à d’autres domaines d’activité, ils créent et s’engagent dans des associations de citoyenneté, de développement, de charité sociales, des associations scientifiques et juridique alors qu’avant la révolution ils mettent en avant surtout les associations sportives et culturelles
Une question se présente d’elle-même ayant un rapport de cause à effet, se rattachant à cette ère de liberté qui est à la naissance de plusieurs partis politiques, de syndicats et d’associations : l’aboutissement aurait-t-il les mêmes spécificités?
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ANNEXES
GRILLE D’ENTRETIEN
Section A : Expériences personnelles d’engagement
Question A-1 : Pour vous, qu’est ce que l’engagement? Quelle est sa définition ?
Question A-2 : Quel temps consacrez-vous à votre engagement en général par semaine
Question A-3 : Quelle est votre ancienneté là ou vous êtes engagés ?
Question A-4 :S’agit-il de votre premier engagement ?
Question A-5 :Êtes-vous satisfait de votre expérience d’engagement ?
Section B : les motivations de l’engagement
Question B-1 : Quelles étaient vos motivations à votre engagement ?
Question B-2 : Voulez –vous nous indiquer qui vous a incité à s’engager ?
Section C : les freins à l’engagement
Question C-1 :D’après vous quels sont les freins qui peuvent empêcher les jeunes à s’engager, ou à cesser leur engagement?
Question C-2 : Quelles déceptions éventuelles éprouvez-vous dans votre engagement ?
Section D : les acquis suite à l’engagement
Question D-1 : Que vous a apporté votre engagement ?
Section E : recommandations
Question E-1 : D’après vous qu’est-ce qui favorise l’engagement des jeunes ?
Question E-2 : quel est votre avenir en ce qui a trait à l’engagement?

Résumé en Anglais

Our research concerned the experiments of the youth commitment before and after the Tunisian revolution. This study aims at better understanding how the Tunisian youth participate in social life (the motivations of their involvement, the obstacles of commitment,)
This research adopted an inductive step of investigation relying on a collection of qualitative data. Semi-directive individual interviews and «focus group ", were accomplished, with engaged youngsters in social life.
We noted that the youth feel a desire to get involved but with a special rhythm to them, while being true actors, they qualify their commitment chiefly as a collective action allowing them to pass from a passive status to an active one. They consider that commitment results from adequacy between forming their own personality and discovering a new field of participation also the engagement has an altruistic character.
As for obstacles to commitment, the youth complain about the lack of time, material and financial equipments in addition to hard relationships with the adults. In spite of these difficulties, the youth acquire psychological, moral, pedagogic and social qualities.
And to improve the youth commitment, they recommend:
-complementarities between the mode of commitment and the university or professional scholastic program,
-restructuring of youth organisms
- Recognition of their commitment.
In conclusion the adoption of an adequate policy which improves and encourages the youth commitment that is an encouraging sociopolitical context for involvement.
Will the Tunisian revolution be at the origin of a climate which favors the youth participation and involvement in the social life?