Fiche Documentaire n° 2255

Titre SAVOIR DU DESIR ET DESIR DE SAVOIR

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Auteur(s) DESMONS Patrice  
     
Thème Comment former les futurs professionnels du Travail Social aux questions de genre et de sexualité ?  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

SAVOIR DU DESIR ET DESIR DE SAVOIR

- SAVOIR DU DESIR ET DESIR DE SAVOIR-
Comment former les futurs professionnels du Travail Social aux questions de genre et de sexualité ?

Dans le contexte du Travail Social où le statut du savoir est très problématique, traversé des tensions et des contradictions entre les savoir-faire, facteurs de compétence, les savoir-comprendre, facteurs de reproductibilité, et les savoirs critiques facteurs de transformation, former les futurs professionnels aux questions de genre et de sexualité est à la fois une gageure et un enjeu qui peut devenir central et symptomatique de toute une conception de la professionnalité.
On montrera en quelques mots qu’aujourd’hui, en regard des bouleversements produits dans le champ des savoirs et des pratiques, depuis les « gender studies » et les « queer studies », les questions de genre et de sexualité sont l’objet de profondes transformations dans le champ social, dans le champ idéologique et dans le champ théorique.
Dans ce contexte, il n’est plus possible pour un professionnel et un futur professionnel du secteur sanitaire et social, de se tenir à l’écart de ces transformations et de continuer à aborder ces questions comme si de rien n’était, depuis des « valeurs », des expériences et des représentations seulement « personnelles » ou sociales, non interrogées. Ce contexte est au contraire l’occasion, voire la nécessité de construire des approches non normatives de la vie affective et sexuelle, selon une éthique qui permette aux professionnels d’être autre chose que des agents de reproduction de la norme comme on le croit souvent.
Mais ce n’est pas facile : car du savoir sexuel, il n’en manque apparemment pas ! Entre la médicalisation, la sexologisation, la psychologisation, la psychanalysation, la sociologisation voire la médiatisation du sexuel, cette « volonté de savoir », comme le montre Michel Foucault, est très souvent guettée par une volonté de pouvoir soucieuse d’affirmer depuis un dispositif de « vérité » la frontière entre les « bonnes pratiques » et les « mauvaises pratiques », frontière sous tendue par des conceptions inévitablement normatives, « biopolitiques ». Cette question devient centrale à l’époque actuelle, de « pornopharmacologisation » comme dit Beatriz Preciado, où se débrouiller seul, c’est risquer d’être vite déboussolé.
Alors comment faire ?
On montrera comment, en menant parallèlement une réflexion philosophique, « politique » et pédagogique de déconstruction des savoirs « savants », et en sollicitant des savoirs produits par les acteurs eux-mêmes qui sont alors les sujets et les objets de ces savoirs (par exemple les personnes LGBTIQ, ou des personnes handicapées, mais aussi les professionnels et tout un chacun), une autre manière de construire, de transformer et de transmettre les savoirs émerge peu à peu ici, à la condition de dénouer le dispositif traditionnel des supposés savants et des supposés ignorants.
On verra ainsi qu’à la « volonté de savoir » pourrait se substituer un désir de savoir qui finit par trans-former le savoir du désir, et que cette substitution peut peut-être refonder la capacité des professionnels du Travail Social à construire une nouvelle alliance avec les « usagers », sollicités dans leur propre savoir au-delà de ce qui les exclut ou les invalide.

Bibliographie

Butler Judith : « Le récit de soi » PUF 2007
Butler Judith : « Sujet du désir » PUF 2011
Derrida Jacques : « La grammatologie » Editions de Minuit 1979
Derrida Jacques : « Force de loi » Editions Galilée 1995
Duvert Tony : « L’enfant au masculin » Editions de Minuit 2011
Foucault Michel : « La volonté de savoir » Editions Gallimard 1979
Gagnon John : « Les scripts de la sexualité » Editions Payot 2008
Preciado Beatriz : « Testo Junkie » Editions Grasset 2008

Présentation des auteurs

Patrice DESMONS,
- chargé de l'enseignement de philosophie et de psychanalyse AFERTES ARRAS FRANCE
- psychanalyste, EPSM Lille métropole, chercheur associé CCOMS France

Communication complète

Patrice Desmons Communication congrès AIFRIS juillet 2013 Lille

Savoir du désir et désir de savoir :
Comment former les futurs professionnels du travail social
aux questions de genre et de sexualité ?

- Le contexte :
Avant d’expliquer comment il peut être possible de « répondre » à cette question qui fait le sous-titre de mon intervention,, j’en situe d’abord le contexte ;
Je suis philosophe de formation, et j’enseigne la philosophie et les questions d’éthique à l’Afertes à Arras depuis bien des années. Je suis aussi diplômé de troisième cycle de psychopathologie, et je suis psychanalyste exerçant en secteur privé et en secteur public, et je suis chercheur associé au CCOMS, centre collaborateur de l’OMS, où je suis actuellement impliqué dans la révision de la classification internationale sur la questions de genre et de sexualité.
Alors, depuis ce contexte, que puis-je dire du titre que j’ai proposé pour mon intervention : savoir du désir et désir de (ou du) savoir ?
- Savoir et pouvoir :
Il faudrait bien sûr plus de temps pour tout développer, et je vais essentiellement centrer ma réflexion en regard à la fois de ma pratique pédagogique et de ma pratique professionnelle.
Savoir du désir et désir de savoir : il y a là ce qu’on appelle un chiasme, et un chiasme très particulier, qui relie la question du désir et la question du savoir en les rendant en quelque sorte réversibles : entre le désir et le savoir, il y a un rapport tel que le statut du savoir et toutes les questions pédagogiques et éducatives qui s’ensuivent, vont y être l’objet d’une tension particulière.
C’est en tous cas ce qui est manifeste lorsqu’on lit Michel Foucault, par exemple dans le séminaire « Les anormaux », que tous les professionnels devraient avoir avec eux en permanence, et que toutes les écoles de travailleurs sociaux devraient afficher…
Dans ce séminaire, Foucault décrypte très finement justement la manière dont le savoir du désir et de la sexualité se constitue, et en particulier dans le champ médical au XIXème siècle, et avant dans le champ religieux, et ensuite dans le champ médico-psycho- pédagogique qui concerne les travailleurs sociaux au premier plan. Ainsi, après avoir montré la manière dont le discours savant, du XVIIIème au XIXème, est passé d’un discours sur le monstre à un discours sur la norme, et comment dans ce passage, c’est le champ du « quotidien » (et on pourrait dire que le champ du quotidien, c’est ce qui va fonder l’Education spécialisée) et non plus seulement de l’exception, qui va relever du savoir, Foucault remarque ceci : « cette technologie de l’anomalie a rencontré toute une série d’autres processus de normalisation qui eux, ne concernaient pas le crime, la criminalité, la grande monstruosité, mais toute autre chose : la sexualité quotidienne » (p.151). Et on voit alors apparaître, en particulier autour de la masturbation et de la sexualité de l’enfant, tout un mode de représentation qui fonctionne d’une part sur l’évolution de la famille (en passant de la famille « relationnelle » de l’Ancien Régime, à la famille « cellule » de la bourgeoisie) et d’autre part sur la représentation médicale de la santé et de la maladie sexuelles et d’origine sexuelle : je cite Foucault : « le rapport parents-enfants, qui est en train de se solidifier (…) (dans cette famille-cellule – les sociologues dirait dans cette famille « nucléaire »]doit être homogène au rapport médecin-malade » (p. 235) Et un peu plus loin, Foucault complète par ceci : « au moment même où l’on renferme la famille cellulaire dans un espace affectif dense, on l’investit, au nom de la maladie, d’une rationalité qui branche cette même famille sur une technologie, un pouvoir et un savoir médicaux externes. La nouvelle famille, la famille substantielle, la famille affective et sexuelle, est en même temps une famille médicalisée ». En lisant la suite du travail de Foucault, mais aussi bien d ‘autres auteurs, on pourrait dire que la famille n’est pas seulement médicalisée, via la sexualité des enfants (et on pourrait aussi dire via la sexualité des femmes), mais qu’elle est médico-psycho-pédagogisée.
- Bête et souverain
Bref, la question de la sexualité et du savoir est le lieu, peut-être exemplaire, où le savoir est toujours en même temps un pouvoir. C’est le lieu où s’organisent les enjeux les plus fondamentaux à la fois du fonctionnement psychique et politique, et philosophique, et par exemple – c’est impossible de l’expliciter ici, je ne fais que l’évoquer-, c’est le lieu où se met en scène cette question qui traverse l’histoire de la philosophie, du rapport entre le corps et l’esprit, question elle-même du rapport entre la bête (ou l’instinct) et le souverain (ce qui agit selon sa volonté), rapport réintérrogé par Foucault au début des « Anormaux » mais aussi dans bien d ‘autres textes, et rapport qui a traversé – je pense que ce n’est pas pour rien, les derniers séminaires de Jacques Derrida, parus sous ce titre « La bête et le souverain ». Et, étrange hasard, c’est la même thématique qui peut s’entendre dans le livre de Alain Giami sur la sexualité des personnes handicapées « L’ange ou la bête », et bizarrement c’est aussi ce qui s’entend dans le titre du livre récent de Marcella Iacub de sa rencontre romancée avec Dominique Strauss Kahn : « Belle et bête » .
Bref, le rapport entre le savoir du désir et de la sexualité et le désir, voire le sexe, du savoir, et de ce qui sous-tend ce que Foucault a appelé « la volonté de savoir », ce rapport est aujourd’hui incontournable, et il me semble que les professionnels qui « veulent » travailler sur ces questions ne peuvent plus le méconnaître ; C’est une question complexe, c’est vrai, car elle est à la fois épistémologique, philosophique, politique et idéologique, (et je pense que c’est une des raisons pour lesquelles la philosophie doit avoir toute sa place dans la formation des professionnels). Mais aujourd’hui il me paraît possible de rendre accessible réellement cette complexité, et d’en faire un vrai objet de travail pour les professionnels – et, on le verra plus loin, pour les usagers eux-mêmes.
Et c’est d’autant plus nécessaire et possible que depuis le travail de Foucault et de Derrida, on dispose aujourd’hui sur les questions de genre et de sexualité, de références qui rendent tout cela encore plus lisible : ce qu’on appelle les « gender studies » (les « études de genre ») et aussi les « queer studies » et toutes les études et les pratiques sociales qui mettent en rapport les questions de genre, de sexe, mais aussi de classe et de race, tout cela relie les enjeux les plus théoriques, voire les plus abstraits, à des enjeux les plus sociaux et à des enjeux subjectifs (par exemple les rapports femmes/hommes, la question de la domination masculine, les questions de ce qu’on peut appeler avec Derrida du « phallogocentrisme » etc) enjeux qui, eux, sont très concrets. Des auteurs comme Judith Butler ou Beatriz Preciado, par exemple, sont des passeurEs de ces questions, et peuvent nous aider et aider les étudiants à sortir cette épistémologie du placard où les sciences sociales, médico-psycho-sociales cherchent à maintenir ces questions sous surveillance.
Je pense pour ma part qu’inscrire ces questions dans la formation, en tenant compte de tout ce contexte que je viens de rappeler succinctement, est aussi un enjeu de formation aux questions d’éthique professionnelle, et c’est une sorte d’exercice pratique de la possibilité d’une conception non normative de l’éthique, qui me paraît fondamentale pour que les professionnels puissent se situer autrement que comme agent de normalisation des anormaux, cette place à laquelle ils ne cessent de résister (surtout quand ils sont jeunes) et cette place à laquelle on a toujours voulu les assigner, implicitement ou explicitement.
- Concrètement :
Alors donc concrètement ?
Comment former les futurs professionnels aux questions de genre et de sexualité ?
Eh bien d’abord, on s’en doute, en les sensibilisant sur ces questions de savoir du genre et de la sexualité, et en commençant par déconstruire les représentations sociales et les discours savants qui s’y présentent et même s’y précipitent « spontanément ». Mais pédagogiquement, ce serait un paradoxe que la déconstruction du savoir se fasse simplement depuis un savoir de la déconstruction, comme un philosophe d’aujourd’hui peut le faire. Cela produit paradoxalement un nouveau savoir, là où justement c’est la question du savoir et du désir ou de la volonté de savoir (et de maîtrise) qui doit être posée.
Alors comment faire ?
Eh bien Il ne faut pas dissocier, ou il ne faut plus dissocier, et surtout sur ces questions, l’objet du savoir et le « sujet » du savoir. Dans un autre vocabulaire, on dirait : il ne fait pas dissocier énoncé et énonciation. Ou bien encore dans un autre vocabulaire aussi : il ne faut pas dissocier énoncés (ou savoirs) constatifs (qui prétendent « constater » ce qu’ils énoncent) et énoncés (ou savoirs) performatifs, qui ne cachent pas qu’ils constituent ou construisent ce qu’ils énoncent, et qui ne dissocient pas le savoir (par exemple du désir) et le désir (par exemple du savoir) ;
Concrètement, cela nous conduit à l’Afertes (mais je pourrais aussi faire le parallèle avec ce que le CCOMS met en œuvre quant à la « place des usagers » dans le champ de la Santé mentale, par exemple) par le fait d’organiser la formation sur les questions de genre et de sexualité à partir de l’alliance avec les « objets » sur lesquels portent ou portaient les discours « savants ». Par exemple, sur les questions de genre, de construire le savoir avec les personnes trans’, intersexes, queers, à l’aide des associations LGBTQIF (Lesbiennes, Gays, BiEs, Trans’, Queers, Intersexes, Féministes) régionales, nationales et internationales, ou bien sur les questions de sexualité, de travailler avec des « TravailleurEs du sexe » qui réfléchissent et théorisent leurs pratiques et produisent de l’expertise, y compris universitaire. Et de même, par exemple pour la question de la sexualité des personnes handicapées, en faisant intervenir des personnes handicapées, qui ont travaillé, depuis leurs propres expériences, sur ces questions.
Vous pouvez accéder à certains éléments de cette démarche en consultant le site internet de l’Afertes, où nous publions sous forme écrite, mais aussi audio et vidéo, les actex des séminaires qui portent sur ces questions. (www.afertes.org, rubrique publications et conférences).
- Ce que cela change :
D’un point de vue pédagogique, cette démarche change beaucoup de chose. Outre ce qui arrive souvent quand la parole exposée est en même temps celle d’un témoignage et d’un engagement (témoignage et engagement, ce ne sont pas des mots « militants » ce sont les mots qui, selon Derrida, définissent le statut même de ce qu’on appelle « professionnalité » (cf « L’université sans conditions ») - et c’est je crois ce qui fait toute la différence entre une conception technique du « métier » d’éducateur, et une conception éthique de la « profession » d’éducateur), outre cela, donc, qui rend la parole vivante et fait de la relation pédagogique une rencontre vivante et entre des vivants, au passage les étudiants font l’expérience de la possibilité d’un savoir qui ne se construit pas et ne se construit plus sur le mythe ou le fantasme du sujet supposé savoir qui, comme le montre Lacan, est le symptôme même d’une volonté de ne pas savoir et d’un refoulement à l’endroit même du savoir (j’accorde au sujet supposé savoir ce que je suis (donc) supposé ne pas savoir).
Et cette expérience conduit certains étudiants à s’approprier ou se réapproprier une place active sur ces questions.
Concrètement je pourrais illustrer les effets de cette pratique pédagogique comme ceci : depuis la mise en place effective de ce séminaire dans le cursus de formation, régulièrement des étudiants mettent en place dans leur stage clinique, des projets éducatifs portant sur les questions de genre et de sexualité. Ces projets donnent parfois lieu à des mémoires de fin d’étude, et mettent en évidence l’appropriation, par des futurs professionnels, d’actions éducatives sur la vie affective et sexuelle, où ces questions sont dynamisées.
Les futurs éducateurs se défont alors de ce qui se passe très souvent sur ces questions dans le champ éducatif, où soit on n’en parle pas (ou même tout simplement on les réprime : dernièrement une étudiante témoignait d’un lieu de stage où consigne était donnée aux « éducateurs » de faire mettre les mains des enfants au-dessus des draps lors du coucher : non, non, cela ne date pas du XIXéme siècle ni d’un pays aux mains d’intégristes, cela date d’il y a deux mois et c’est dans la région, dans un « grand » établissement), soit ces questions sont vite considérées comme relevant d’autres professionnels supposés « spécialistes » ou « formés » (médecin, infirmière, psychologue, ou partenaires spécialisés, type Planning familial). Au contraire, ces questions sont perçues maintenant comme relevant du domaine de compétence (pour parler le jargon actuel) de l’éducateur, à charge pour lui d’y développer justement la spécificité de sa compétence.
Et je constate que le plus souvent, cette spécificité est attentive à se dégager de toute norme, ou à interroger les normes (discursives ou comportementales, aussi bien celles des professionnels que des « usagers ») qui surgissent à cet endroit, en faisant en sorte que les « usagers » puissent construire, auto-construire et co-construire, le sens de leurs pratiques et de leurs représentations du genre et de la sexualité, autrement que depuis un savoir auquel il faut correspondre et se conformer.
Et ainsi, en même temps que les questions de genre et de sexualité peuvent être réappropriées par les éducateurs, en même temps les « usagers » en deviennent à leur tour les acteurs.
On pourrait prolonger tout cela par la référence au travail de John Gagnon sur « Les scripts de la sexualité », en montrant que ces démarches pédagogiques (et philosophiques, littéraires, esthétiques, politiques) sont des outils qui aident à décrypter les scripts qui orientent nos sexualités, y compris les scripts des savoirs qui feignent de se contenter de les décrire. C’est un axe de recherche et de travail qui prolonge ce que nous faisons dans la formation, et qui est en cours, associant une partie des acteurs dont j’ai parlé plus haut et qui est ouvert à toute personne intéressée.
- Conclusion :
Pour conclure, je dirais qu’on voit bien qu’il est possible de passer effectivement d’une volonté (normative) de savoir, à un désir de savoir qui se produit autrement que depuis de la norme.
Je pense pour ma part que c’est justement ce qui est en jeu dans le sexuel : comme le dit Pascal Quignard, (in « Vies secrètes ») le désir, le mot désir, est l’événement qui fait passer de la sidération à la désidération (le desirium est « desiderium »), et c’est étrange comme il y a une proximité entre le mouvement de la dé-sidération, la sortie de la sidération (narcissique, par exemple), et l’é-ducation, ce mot qui lui aussi désigne la sortie de quelque chose.
Eduquer et désirer relèvent en ce sens du même tissu, du même texte…

p.desmons@afertes.org

Résumé en Anglais

kNOWLEDGE-SEX-GENDER

Patrice Desmons Lille France

Knowledge's Sex and Sex's Knowledge in Social Work.


In terms of Social Work, the knowledge status is very problematic and goes through tensions and contradictions between know-how -the skill factors-, know-why - the reproducibility factors-, and the critical knowledge - the transformation factors-. Under theses circumstances, the training of future social workers about gender and sexuality questions is both a challenge and a stake that can become a central and symptomatic concept in the professionalism mechanism.

We will show in few words that nowadays, in regard of the disruptions in knowledge and skill field - starting with “gender studies” and “queer studies”- the gender and sexuality questions are subject to deep modifications in the social field, ideological field and theoretical field.

It is now impossible anymore for health or social worker or a future health or social worker, to stay out of the social field transformations and to continue to take up theses questions based on non questioned values, experiments and representations, as if nothing had happened. In contrary, this is the opportunity, and maybe the necessity, to build non normative approaches of emotional and sexual life, based on an ethics which allows the health & social worker not to be the standard reproduction agents but somebody else.

But it is not easy because we are apparently not lacking of sexual knowledge! Between medicalisation, sexologisation, psychologisation, psychanalysation, sociologisation, and even mediatisation of the Sexual, this "will of knowledge", as shown by Michel Foucault, is very often made of a will of power, looking for the frontier between "good practice" and "bad practice".
This frontier is undertaken by normative, "bio political" conceptions.
This question become major nowadays, in an era of "pornopharmacologisation", as told by Beatriz Preciado, when doing things alone is a risk of being quickly lost.
So, the question is : how can we do it?
We'll show how, by having at the same time a philosophical, "political" and pedagogical reflexion, by deconstructing some "knowing" knowledge, and by using some knowledge produced by the actors them-self, who are therefor the subjects and the objects of this knowledge (for instance, the LGBTIQ members, or the disables, or even the professionals), an other way of building, of transforming and transmitting the knowledge is appearing slowly, but only by unlocking the traditional mechanism of presumed knower, and presumed ignorant.
We will then see that the "will of knowledge" can be replaced by a "desire of knowledge", which ends up by trans-forming the knowledge of desire, and that this substitution might recreate the capacity of the Social Work professionals to build up a new alliance with the "users", asked in their own knowledge, further from what exclude or include them.