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Tout comme en pédagogie, le corps humain est un lieu de construction : Construction de l’identité, de soi-même…
Ce même corps est un lieu de transformation et d’intériorisation à travers les étapes de la vie, des expériences et des rencontres…
Enfin, il est également le lieu de la transmission notamment dans les jeux d’identification, dans les interactions relationnelles.
Le corps est le siège de toutes nos postures et nos positionnements. C’est ce corps et toutes les expressions qui s’en dégagent qui est support des ateliers « Attentions Corporelles ».
Nous proposons les ateliers d’ « Attentions Corporelles » à l’IFTS depuis maintenant 8 ans. L’idée de départ était de consolider des savoirs sur l’accompagnement et ses enjeux relationnels dans la formation des Aides Medico-Psychologique et de faire expérimenter la situation de dépendance à ces futurs professionnels dont le cœur de métier est l’accompagnement de personnes en grande dépendance. Atelier optionnel basé sur la seule motivation et investissement des élèves, il s’est rapidement intégré aux contenus pédagogiques à leur demande.
Forts de cette expérience, nous avons étendu cette proposition à d’autres formations: Moniteur Éducateur, Assistant de Soins en Gérontologie et lors d’ateliers en transversalité ( Éducateur Spécialisé, Moniteur Éducateur, Éducateur de Jeunes Enfants…).
Un atelier « Attentions Corporelles » représente un cycle de 35 heures d’intervention.
L’objectif principal est de permettre aux étudiants d’expérimenter des situations relationnelles tout en faisant le lien avec leurs pratiques professionnelles mais également avec les cours théoriques.
Cette intervention est basée sur la liberté d’échanges, de partage d’expériences et d’expérimentation de situations qui aident à comprendre le contexte dans lequel se trouvent les personnes qu’ils auront à accompagner. Cela favorise la confiance en leurs propres compétences personnelles et professionnelles, mais aussi l’identification de leurs propres ressentis et projections dans des situations relationnelles. Enfin, cela leur permet de se confronter à leurs valeurs, leurs représentations, ainsi qu’aux éléments théoriques abordés en cours. De ce fait, les ateliers « attentions corporelles » sont un outil nécessaire à la compréhension du cœur de métier, quel que soit la filière en travail social.
I. Définition
I.1 Ressentir pour mieux comprendre, comprendre pour accompagner
- Espace de liberté d’expérimentation des situations d’engagement dans la relation à l’autre
- Moment propice à la prise de conscience de notre espace corporel et de notre façon d’entrer en relation avec nous-même et avec les autres
- Lieu d’expérimentation de notre être dans des rythmes accélérés ou ralentis, dans des espaces libres ou occupés, dans des relations proches ou éloignées…
- Lieu où les éprouvés et les ressentis peuvent être identifiés et mis en mots dans la relation à l’autre
I.2 Ce n’est pas un discours pré établi
- Un livre de recettes, de méthodes ou de protocoles à effectuer pour un bon accompagnement
- Une psychothérapie de groupe basée sur le langage corporel
- De l’expression corporelle, des jeux de rôle ou de la danse
- Des cours de psychomotricité
I.3 L’équipe pédagogique
Les intervenants sont des formateurs qui ont également une pratique professionnelle dans la relation d’aide. Leur formation de base peut être variée : psychomotricien, éducateur, ergothérapeute….Leurs points communs : un travail sur la corporalité tant sur un point de vue théorique que pratique, sur l’observation, mais également sur la dynamique des groupes. Des réunions suite à chaque séance d’atelier sont nécessaires pour échanger en tant que professionnels sur les situations rencontrées.
I.4 Ce qu’on y travaille : sentir que l’autre écoute notre Ecoute
- La juste distance ou plutôt la juste proximité
- L’équilibre entre dépendance et emprise
- Le corps et toute son expression non verbale comme outil de travail dans l’intervention sociale et médico-sociale
- Réflexion sur des concepts comme les douces violences, la bientraitance, l’accompagnement, la contenance mais aussi l’agressivité, le prendre soin, l’intimité, la pudeur, le rapport au corps etc….
- Travail sur l’écho, la réciprocité et la reconnaissance des richesses de chacun.
Les supports de ces ateliers sont très variés (exercices corporels, mise en situation de dépendance, bibliographie, film…) et sont proposés en fonction de la dynamique de groupe. Une grande place est faite à l’observation tant pour les participants que pour le formateur qui est garant du cadre et de la cohérence pédagogique de l’atelier.
II. Le lien pédagogique entre les formateurs
II.1 Un travail en équipe nécessaire
Il a été nécessaire de penser un travail d’équipe pour faire du lien entre expérimentation pratique et cours théoriques dispensés, cela signifie que l’équipe pédagogique a connaissance de ce que ce qui se fait dans les ateliers et inversement. L’équipe des attentions corporelles peut ainsi s’appuyer sur les cours théoriques des collègues de chaque filière des différents axes de travail. Cela nous amène également à construire des cours communs. En effet, l’articulation théorie/pratique a pu se faire au sein d’un cours sur la présentation et la définition du handicap pour des promotions de Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs et celles des Assistants Familiaux.
II.2 Les notions abordées
Quelques mots clés :
Liberté
Confiance
Confidentialité
Expérimentation
Prise de conscience
Réciprocité
Alternance théorie pratique
Expression
Relation à l’Autre
Dépendance
Les notions de handicap et de dépendance sont largement travaillées au sein de ces ateliers en lien avec les cours théoriques et cela quelles que soient les filières. Ce fût également le point de départ des interventions. Nous abordons aussi des notions communes à toutes les filières comme l’agressivité, la communication non verbale, le portage, la contenance etc…
C’est la façon de les expérimenter à travers divers exercices corporels qui diffèrent en fonction des filières.
Par exemple, dans la filière des éducateurs de jeunes enfants nous allons mettre plus l’accent sur les notions de portage, de contenance et de sécurité affective, alors que dans la filière des moniteurs éducateurs ou éducateurs spécialisés nous allons plus nous pencher sur la différence entre agressivité et violence. Dans la filière AMP, on s’appuiera sur la notion de dépendance et d’autonomie.
Le déroulement des ateliers est pensé également en fonction de la dynamique et la sensibilité du groupe d’étudiants.
III. Le retour des étudiants
Ces ateliers étant très interactifs, les étudiants sont les premiers à donner forme à ces groupes. De ce fait en plus de travailler leur identité professionnelle et le lien théorie/ pratique, ils travaillent une réelle identité de groupe basée sur la confiance, le non jugement et sur la liberté de chacun.
Lors des bilans, les étudiants ont pu exprimer leurs ressentis sur ces ateliers.
III.1 La question de la relation
Lors des bilans, les étudiants ont pu exprimer que les ateliers corporels aident à se rendre compte de ses propres limites dans sa relation à l’autre. Les étudiants AMP ont même pu exprimer leur prise de conscience de ne pas être toujours aussi bienveillant dans leur relation aux autres qu’ils pouvaient le croire. Enfin, la question de l’engagement et de l’équilibre entre proximité et distance sont très souvent évoqués lors des échanges avec les intervenants.
III.2 Le lien théorie/pratique
Le retour que nous avons pu avoir des étudiants indique que les ateliers d’attentions corporelles permettent de mieux comprendre certains concepts. En effet, après l’avoir appris et compris intellectuellement, le fait d’expérimenter certaines situations permet d’assimiler et d’intégrer de façon pérenne.
Bien souvent ce sont les étudiants des filières Éducateur Spécialisé et Éducateur de Jeunes Enfants qui sont plus sensibles au lien théorie/pratique. Ils ont pu définir cet atelier comme un espace de réflexion, d’analyse de la pratique par la pratique ce qui permet de confronter les connaissances théoriques.
III.3 Le positionnement professionnel
Les étudiants nous font le retour de façon unanime et quelle que soit la filière, que ces ateliers sont venus bousculer des représentations et des valeurs qu’ils avaient. Certains notamment dans la filière des Moniteurs Éducateurs mais également dans la filière des mandataires judiciaires, ont pu travailler leurs propres attitudes professionnelles et comprendre l’impact que cela pouvait avoir sur le public concerné.
Souvent en fin de cycle d’atelier les étudiants ont besoin d’aller (ré)éprouver des exercices déjà proposés, soit parce qu’ils ne les avaient pas expérimentés la première fois, soit parce qu’ils ont connu quelques difficultés et dans les deux cas, ils souhaitent dépasser cela, soit parce qu’ils ont découvert quelque chose d’important pour eux et qu’ils souhaitent renforcer cette expérience. C’est un moment de partage intense et formateur pour l’ensemble du groupe.
En conclusion
Ce que l’on peut remarquer dans ce type d’atelier, c’est le côté déroutant au premier abord. En effet, les attentes ne sont pas formalisées de façon classique, l’attitude à adopter non plus. Nous sommes continuellement sur des tapis ce qui change du contexte « salle de cours », Cet atelier impressionne donc au départ. Puis, petit à petit s’installe un climat de confiance car les étudiants expérimentent la liberté de faire les exercices ou non et nous formateurs, pouvons nous rendre compte que le groupe est porteur et de ce fait très peu d’étudiants n’osent pas faire quelques exercices. Progressivement l’intensité dans la complexité des situations proposées et dans l’engagement de chacun monte amenant des prises de conscience et des liens spontanés avec les cours dispensés de la part de chacun, une identité de groupe naît et se renforce au fur et à mesure des séances. Les étudiants se sentent investis, osent et souvent même sont force de propositions. La fin des ateliers est travaillée car elle est peut être une épreuve pour certains, c’est souvent un temps de réflexion sur son positionnement professionnel, étudiant mais aussi personnel…
Ces ateliers sont d’autant plus opportuns dans la transmission des savoirs qu’ils s’inscrivent dans un travail d’équipe continu.
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