Fiche Documentaire n° 229

Titre Quand la gouvernance prend la mauvaise direction

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Auteur(s) ROUZEL Joseph  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Quand la gouvernance prend la mauvaise direction

Quand la gouvernance prend la mauvaise direction

J'engagerai une réflexion sur la fonction de direction, à la lumière de la psychanalyse et à partir de mon expérience de directeur d'un centre de formation continue en travail social. Le mot-clé y sera "l'impossible" tel que Freud l'arrime au métier de gouverner (ou diriger) dans sa préface de 1925 à l'ouvrage d'August Aïchhorn, que j'ai republié récemment en langue française sous le titre « Jeunes en souffrance ». En 1937, Freud précise que si ce métier, auquel il associe ceux d'éduquer et de psychanalyser (dans un premier temps il parle de soigner) relève de l'impossible, c'est parce qu' « on peut être sûr d'un résultat insuffisant ». Il s'agirait donc dans la fonction de direction d'apprendre à faire avec ce qui cloche, ce qu'on ne saurait maîtriser, l'imperfection, l'incomplétude.
« Le réel, c'est l'impossible » affirme Lacan, faisant de l'impossible freudien une catégorie qui échappe à la fois aux mots (symbolique) et aux images (imaginaire). Or la pente néolibérale à faire sauter cette dimension de l'impossible pour imposer une maîtrise absolue place les travailleur sociaux et les directions de l'action sociale devant une impasse, voire des formes larvées d'impuissance, qui prend les figures soit d'une toute puissance imaginaire, soit d'une « servitude volontaire » sous emprise des sirènes du capitalisme et de la marchandisation généralisée. Le management débridé qui a sévi jusque là dans l'industrie et le commerce gagne du terrain et envahit petit à petit le champ de l'intervention sociale. Les valeurs qui guidaient jusque là l'action sociale, fondées sur le respect de la personne humaine, la solidarité face au malheur et à la souffrance, un compagnonnage actif dans le soutien et l'accompagnement, sont peu à peu battues en brèche par les seules valeurs marchandes. L'introduction récente des fonds de pension dans les dispositifs de soin et d'éducation, avec l'armada des mesures de rationalisation des coûts, de normes ISO, démarches-qualité, évaluations quantitatives etc signe, peu ou prou, si nous n'y résistons pas, l'arrêt de mort d'un travail social à visage humain. Le terme de gouvernance est le nom de cette dérive managériale.

Comment alors dans la fonction de direction telle que je l'assume, d'un centre de formation continue en travail social, maintenir vif cette dimension, humaine, et parfois trop humaine, pour reprendre une expression de Nietzsche, de l'impossible, pour sortir de l'impuissance?
Comment faire de la fonction de direction, c'est à dire la direction que se donne un groupe humain, une institution pour avancer ensemble, l'affaire de tous?
Comment fonder la fonction de direction sur des valeurs partagées et référées aux grands principes de l'humanisation?

Bibliographie

• Jean-Pierre Lebrun, Y a t-il un directeur dans l'institution? Presses de l’EHESP (Ecole des hautes études en santé publique), Rennes, 2009.
• August Aïchhorn, Jeunes en souffrance, Champ Social, Nîmes, 2000.
• Roland Gori, De quoi la psychanalyse est-ellele nom? Denoël, Paris, 2010.
• Marie-Jean Sauret, Malaise dans le capitalisme, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2009
• Michel Chauvière, Trop de gestion tue le social, Editions La Découverte, Paris, 2010.
• Pierre Legnedre, La fabrique de l'homme occidental, Mille et Une nuits, 2000.
• Dany-Robert Dufour, Le Divin Marché, Denoël, Paris, 2007
• Joseph et Fanny Rouzel, Le travail social est un acte de résistance, Dunod, Paris, 2009.

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