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Le point de départ de cette expérience est un défi pédagogique. Pour nous, trois enseignantes qui donnons le cours de Méthodologie de la recherche en intervention sociale en BAC2 à de futurs assistants sociaux, il s’agissait d’élaborer un cours avec une pédagogie active, de donner du sens à ce cours, de permettre aux étudiants de vivre une expérience de recherche.
Projet de recherche en cours…
Parallèlement au cours, un projet de recherche a été introduit, accepté et subsidié. Le thème du projet a été choisi pour sa proximité supposée avec les intérêts des étudiants de BAC2 : le parcours, la réussite, l’échec des étudiants de BAC1 dans l’école. En effet, entrant en BAC2, ils viennent de faire eux-mêmes l’expérience de la réussite ou de l’échec quelques mois plus tôt. Ce thème est aussi une préoccupation des enseignants : le sujet de la réussite des étudiants de notre école est abordé régulièrement lors des réunions d’enseignants et des projets dans le cadre de l’« Aide à la réussite » sont mis en place dans l’école.
Néanmoins, jusqu’ici, nul n’avait pris le temps de construire un regard plus sociologique, plus construit sur ce thème. L’objectif principal du projet de recherche en tant que tel est donc de mieux comprendre et d’expliquer ce qu’il en est de la réussite des étudiants de BAC1 à l’ESAS. La question générale qui dirige la recherche est la suivante : « Comment différents facteurs (origine socio-économique et culturelle de l’étudiant, niveaux de compétences et de performances antérieures, projet de l’étudiant, motivation de l’étudiant, intégration sociale et académique, méthode de travail et pratiques d’enseignement) influencent-ils la réussite des étudiants de BAC1 de l’ESAS ? »
Ce projet de recherche s’envisage en trois phases qui correspondent à trois années. La phase 1 concerne une étude exploratoire relative au profil des étudiants et aux facteurs influençant leur réussite. Grâce aux premiers résultats de la phase exploratoire, nous pourrons choisir un ou plusieurs facteurs (décrits ci-dessus) dans les phases 2 et 3 de ce projet de recherche. Actuellement, nous terminons la première année de cette recherche. En analysant les premiers résultats, nous pouvons constater que cette étude permet d’apporter des éléments de réflexion pertinents sur la population des étudiants de l’ESAS (par exemple en ce qui concerne l’origine socio-économique des étudiants).
Néanmoins, l’analyse plus approfondie qui sera effectuée entre mai et septembre 2013, nous apportera certainement des éléments de compréhension supplémentaires.
Cours de recherche en projet…
Le cours s’est construit avec, en toile de fond, ce projet autour de la réussite. Parallèlement, le projet autour de la réussite s’est construit avec une implication des étudiants du cours de recherche dans une partie des étapes du projet. Il s’agit véritablement d’un aller-retour entre un cours et un projet réel.
L’approche exploratoire de cette recherche a été menée en partie avec les étudiants du cours de méthodologie de la recherche de BAC2. C’est l’expérience de cette première année qui sera illustrée dans cette communication.
Concrètement, la méthodologie de la recherche se décline en grandes étapes inspirées de Luc ALBARELLO et de son ouvrage : Apprendre à chercher. L’acteur social et la recherche . Ces étapes ont été, soit illustrées par nous, soit travaillées par les étudiants en classe, soit appliquées en situation réelle mais toujours en rapport avec le thème de la réussite.
Concrètement, 170 étudiants, répartis en 7 classes, reprenant 4 à 6 sous-groupes de 4-5 étudiants. Ils ont travaillé, dans un premier temps, le « champ d’étude » de la recherche, déterminé les « angles d’attaque disciplinaires » possibles, fait des propositions d’ « objectifs de recherche », repérés des « cadres théoriques » possibles, élaboré et proposé des « hypothèses ». Dans un second temps, ils se sont impliqués de manière encore plus active dans la récolte des données. Ils ont, à ce niveau, émis des propositions de questions pour un questionnaire à destination des étudiants de BAC1, émis des propositions de questions pour un guide d’entretien, fait passer une soixantaine d’entretiens auprès des étudiants de BAC1, retranscrit les entretiens et commencé à analyser ceux-ci.
Analyse du dispositif pédagogique mis en place en regard du modèle d’apprentissage expérientiel.
Nous vous proposons de présenter brièvement une séquence du cours de Méthodologie de la recherche et d’établir certains liens avec des notions de pédagogie expérientielle.
Pour BURNARD, « L’apprentissage expérientiel est vu comme toute activité d’apprentissage qui facilite le développement de la connaissance expérientielle » , celle-ci étant entendue comme « la connaissance acquise par la rencontre directe de l’individu avec le sujet, la personne ou la chose qu’elle étudie » . Tel était bien un de nos objectifs : redonner sens à l’apprentissage de la méthode de recherche en se faisant rencontrer directement, dans l’action, un intérêt supposé des étudiants et un projet réel.
L’apprentissage expérientiel est un cycle formé de cinq étapes, qui sont toutes nécessaires : l’expérience, le partage, l’analyse, l’inférence ou la généralisation et l’application. Pour KOLB , l’apprentissage est « le processus par lequel le savoir est créé à travers la transformation de l’expérience »
La séquence de cours que nous vous présentons est relative à une étape spécifique de la démarche de recherche, à savoir : la récolte de données qualitatives. Les objectifs généraux poursuivis sont de permettre aux étudiants d’appréhender la notion d’entretien de recherche et de leur apporter des outils concrets pour la réalisation d’un guide d’entretien. Plus spécifiquement, à partir d’exemples de guides d’entretien, de la théorie vue au cours, des facteurs qui influencent la réussite et des hypothèses sur lesquelles chaque classe travaille, de construire des questions qui pourraient être intégrées dans le guide d’entretien de la recherche qui nous occupe.
Au terme d’une brève présentation théorique de la part de l’enseignant, les étudiants sont amenés à travailler en sous-groupes pour réaliser différentes « missions ».
La première mission consiste à s’exercer sur base de guides d’entretien réalisés dans d’autres recherches à dégager des principes et techniques qui pourraient être utiles aux étudiants dans la confection d’un guide d’entretien. Au regard de l’apprentissage expérientiel, nous pouvons considérer que cette mission correspond à la première étape : l’expérience où l’étudiant participe à une activité collective, ici en sous-groupes de travail.
La classe prend ensuite un temps en commun pour que chaque groupe puisse faire un retour sur les apprentissages réalisés. Cette mission concorde avec différents étapes reprises dans la pédagogie expérientielle à savoir, celles du partage, de l’analyse et de l’inférence ou généralisation. En effet, l’apprenant fait part de ses réactions et/ou de ses observations aux autres membres du groupe et de la classe, analyse avec l’aide de l’enseignant et déduit des principes qui pourront lui être utiles pour la suite de la démarche.
La deuxième mission confiée aux sous-groupes est alors d’élaborer leur guide d’entretien en lien avec la recherche sur laquelle nous travaillons. L’apprenant est alors dans une autre phase, qui est celle de l’application, il envisage, avec l’aide de son sous-groupe, comment il peut utiliser ce qu’il a appris dans une situation de mise en pratique.
La troisième mission est de tester le guide d’entretien qu’ils ont construit sur un membre de l’équipe, ainsi, ils auront la possibilité de faire évoluer leurs questions et de s’exercer à la pratique de l’entretien de recherche. Cette mission peut également être considérée comme un moment favorisant l’expérience et l’application de nouveaux apprentissages.
Il est à noter que tout au long du cours, les sous-groupes d’étudiants sont amenés à consigner leur travail dans un journal de recherche, ce qui leur permet de garder trace des étapes successives par lesquels ils sont passés et de voir l’évolution de leur apprentissage.
Projet de recherche en cours. Cours de recherche en projet.
Cours et projet de recherche sont ainsi liés, par l’intermédiaire d’un dispositif particulier avec des répercussions positives en terme de motivation des étudiants, d’apprentissage de la méthode de recherche, d’apports de contenus pour le projet, avec aussi des implications en terme de gestion du temps (temps pédagogique/temps du projet) et d’implication des enseignants.
Dans cette communication, nous avons tenté de vous montrer comment nous avons voulu redonner du sens à un cours de méthodologie de la recherche auprès d’étudiants assistants sociaux ; de vous montrer aussi comment un cours et un projet peuvent être liés à travers une pédagogie dite expérientielle.
A ce stade du processus, nous observons que ce dispositif particulier a eu de nombreuses répercussions positives et nous en sommes très satisfaites !
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