Fiche Documentaire n° 2332

Titre La formation par le Récit de vie des Travailleurs sociaux

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Auteur(s) DEFERT Fabienne  
     
Thème ou le récit de vie une source de savoirs  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

La formation par le Récit de vie des Travailleurs sociaux

Au regard des apprentissages qui sont les miens aujourd’hui, la transformation de l’usager d’objet à sujet passe aussi par l’identité professionnelle du travailleur social et la posture professionnelle qu’il adopte.

L’identité est complexe et relève d’articulations issues à la fois du social, du personnel et du culturel mais elle s’élabore aussi par le regard des autres en s’inscrivant dans une dimension temporelle et peut se modifier en fonction des expériences, des contextes, des évolutions de toute nature. La conscience que nous élaborons alors de nous-mêmes orientera nos comportements et nos relations avec autrui (Costolat-Fourneau ; Lipiansky-2008 ).
La formation par le récit de vie me semblait donc être une formation à destination des travailleurs sociaux en élaborant l’hypothèse que l’utilisation d’une formation à caractère expérientiel avec pour support le projet parental, le génosociogramme, la ligne du temps comme je les ai moi-même expérimentés au cours de la formation à l’Institut International de Sociologie Clinique à Paris leur permettraient de découvrir non seulement leurs origines et leurs complexités à la fois sociale, culturelle et psychologique-et j’émettais l’hypothèse qu’elle leur redonnerait du sens sur le plan professionnel en questionnant la relation aux usagers.


L’ « expérience » menée au sein de l’Union des Villes et des Communes de Wallonie s’est donc déroulée sur un cycle de 4 journées espacées dans le temps.
Ces journées se sont articulées entre moments de dessins, de récits présentés au groupe et des moments de réflexions, d’auto réflexions et d’analyses. Ce sont aussi des moments de résurgence, d’émotions, de compréhensions.


Cette expérience tout aussi riche pour les participants que pour le formateur permet d’expérimenter certains outils et d’en comprendre – par cette expérience sur soi- la richesse, la finesse, les apports.

Le formateur ne se positionne pas en tant qu’expert « enseignant » mais en tant que médiateur garant d’un cadre, de méthodes et d’émergences de savoirs.

Au final, les participants ont découvert leur humanité et par la même ont revisité leur posture professionnelle en comprenant la difficulté de se raconter, l’importance de revisiter le passé et d’en retirer la dimension vécue et donc subjective- plus que la dimension vivante en tant que telle. Il y a eu des surprises, des étonnements, des bousculements de certitudes et cela autant sur des aspects professionnels (modification des approches possibles de la personne) que sur le plan personnel (mieux comprendre l’histoire des générations précédentes).
Parmi eux certains ont fait des découvertes notamment sur des parcours migratoires de leurs propres familles et ce, qui a redonné du sens à leurs activités professionnelles liées aux personnes en migration.
Pour d’autres, ils ont mieux perçus leurs origines familiales, le sens de leur choix parfois effectués dans la résistance et dans le combat. Ils se sont apporté mutuellement leurs récits et leurs regards dans une dynamique de co construction

Cette formation est donc une transformation qui nécessite de l’implication personnelle mais qui au final reconstruit le lien à soi-même et remodifie en conséquence le lien aux autres. Elle implique d’emblée la pose d’un cadre sécurisant dont le formateur est garant.
Cette sécurité semble aussi renforcée- selon les dires des participants lors de l’évaluation - par le fait que le formateur a lui-même expérimenté le récit de vie.

Les travailleurs sociaux reconnectés à eux-mêmes, peuvent alors regarder, écouter leurs usagers comme des sujets, ayant une histoire, un vécu. Ils comprennent que se raconter n’est pas facile et sans doute savaient-ils déjà qu’écouter ne l’est pas non plus.
Dans tous les cas, les participants ont mieux compris leur dynamique identitaire par l’écoute multidimentionnelle et sont repartis transformés pour de nouvelles interventions sociales

Bibliographie

Née le 7 avril 1956 de nationalité belge
Directrice des Services Sociaux du CPAS de Péruwelz (Service Public)et par ailleurs formatrice en complémentaire auprès d'organismes ou d'écoles à destination de travailleurs sociaux.(HELHA, CUNIC,Fédération des CPAS)
Mes formations sont axées autour de trois outils méthodologiques : la Programmation Neuro linguistique, la sociologie clinique et le Développement du Pouvoir d'Agir.

Présentation des auteurs

Formée dernièrement à la sociologie Clinique à Paris, Institut fondé par Vincent de Gaulejac, l'auteur a voulu en tant que projet effectuer une formation par le récit de vie à destination des travailleurs sociaux.
Ce travail a fait l'objet d'un travail écrit présenté à l'institut en Juin 2012.
Plusieurs formations ont eu lieu et des apports ont été clairement identifiés et c'est cela qui sera partagé lors de cette présentation.

Communication complète

LE RECIT DE VIE EN FORMATION : des savoirs de l’expérience à l’identité professionnelle au service de l’intervention sociale

Au regard des apprentissages qui sont les miens aujourd'hui, la transformation de l'usager d'objet à sujet passe aussi par l'identité professionnelle du travailleur social et la posture professionnelle qu'il adopte.

L'identité est complexe et relève d'articulations issues à la fois du social, du personnel, et du culturel, mais elle s'élabore aussi par le regard des autres en s'inscrivant dans une dimension temporelle et peut se modifier en fonction des expériences, des contextes, des évolutions de toute nature. La conscience que nous élaborons alors de nous-mêmes orientera nos comportements et nos relations avec autrui (Costolat-Fourreau; Lipiansky – 2008).

La formation par le récit de vie (LAINE -1998) me semblait donc être une formation à destination des travailleurs sociaux en élaborant l'hypothèse que l'utilisation d'une formation à caractère expérientiel, avec pour support le projet parental, le génosociogramme, la ligne du temps comme je les ai moi-même expérimentés au cours de la formation à l'Institut International de Sociologie Clinique à Paris leur permettraient de découvrir, non seulement leurs origines et leurs complexités à la fois sociales, culturelles, et psychologiques – et j'émettais l'hypothèse qu'elle leur redonnerait du sens sur le plan professionnel en questionnant la relation aux usagers (BERTON -2010).

L’expérience menée au sein de la Fédération des Centres Publics d'Action Sociale de Wallonie (Belgique) – à plusieurs reprises – s'est donc déroulée sur un cycle de 3 ou 4 journées espacées dans le temps.

Quelques questions:

1. Quelle hypothèse?

J'émets l'hypothèse que mieux comprendre son histoire et déceler comment s'est construite cette histoire éclaire sur les enjeux dans la construction d'un parcours, d'une trajectoire, et donc amène de la compréhension, non seulement à propos des professionnels eux-mêmes, mais aussi à propos du parcours des personnes qu'ils sont amenés à rencontrer dans leur vie professionnelle.

2. Quels objectifs? Quels effets attendus ?

- Aider les travailleurs sociaux, éducateurs, ou psychologues à comprendre leurs propres parcours personnel, social, et professionnel en se racontant, c'est-à-dire en vivant l'expérience du récit de vie, et à réfléchir à propos de leurs propres histoires.
- Comprendre les difficultés de se raconter et les prises de conscience que cela entraîne.
- Comprendre l'intérêt du récit de vie dans une pratique sociale et les exigences supposées.
- Développer un cadre méthodologique lié à cette pratique.
- Intégrer des notions théoriques liées au récit de vie.
- Envisager, au départ de cette expérience, le récit de vie dans une pratique psycho sociale auprès des populations aidées à titre d'exemples auprès d'une population réfugiée, ou d'une population précarisée, en difficultés d'insertion… En fonction du cadre institutionnel dans lequel l'intervenant se trouve.

3. Durée de la formation ?

3 ou 4 journées suffisent à expérimenter le récit de vie en formation. Toutefois cette démarche doit être volontaire, et s'élaborer dans un cadre méthodologique précis.

4. Quelle posture pour le formateur ?

Ces journées se sont articulées entre moments de dessins, de récits présentés au groupe, et des moments de réflexions, d'auto réflexions et d'analyses. Ce sont aussi des moments de résurgence, d'émotions, de compréhensions.

Cette expérience tout aussi riche pour les participants que pour le formateur permet d'expérimenter certains outils et d'en comprendre – par cette expérience sur soi – la richesse, la finesse, les apports.

Le formateur ne se positionne pas en tant qu'expert "enseignant" mais en tant que médiateur garant d'un cadre, de méthodes, et d'émergences de savoirs.

5. Quels outils méthodologiques?

1. Le prénom: l'objectif est un début d'histoire, le but est d'entrer dans une dynamique familiale.
2. Le projet parental: l'objectif est de porter un regard sur sa trajectoire socioprofessionnelle, le but est d'opérer un retour sur soi.
3. L'arbre généalogique: l'objectif est de se situer dans la structuration familiale, le but est les origines sociales, les professions, les déterminismes.
4. La ou les lignes de vie: l'objectif est la trajectoire sociale, professionnelle, et culturelle, le but est de s'inscrire dans le temps.

Ces outils sont issus des travaux de Anne Ancelin Schutzenberger (2003), et de Vincent de Gaulejac(2009), et s’inspirent également d’outils issus de la Programmation Neuro linguistique (ESSER- 2003,2004).

6. Quels effets mesurés ?

Au final, les participants ont découvert leur humanité et par la même ont revisité leur posture professionnelle en comprenant la difficulté de se raconter, l'importance de revisiter le passé et d'en retirer la dimension vécue, et donc subjective – plus que la dimension vivante en tant que telle. Il y a eu des surprises, des étonnements, des bousculements de certitudes et cela autant sur des aspects professionnels (modification des approches possibles de la personne) que sur le plan personnel (mieux comprendre l'histoire des générations précédentes).

Parmi eux, certains ont fait des découvertes, notamment sur des parcours migratoires de leurs propres familles, et ce, qui a redonné du sens à leurs activités professionnelles liées aux personnes en migration.

Pour d'autres, ils ont mieux perçus leurs origines familiales, le sens de leur choix parfois effectués dans la résistance, et dans le combat. Ils se sont apportés mutuellement leurs récits et leurs regards dans une dynamique de co-construction.

Cette formation est donc une transformation qui nécessite de l'implication personnelle, mais qui au final, reconstruit le lien à soi-même, et remodifie en conséquence le lien aux autres. Elle implique d'emblée la pose d'un cadre sécurisant dont le formateur est garant.

Cette sécurité semble aussi renforcée – selon les dires des participants lors de l'évaluation – par le fait que le formateur a lui-même expérimenté le récit de vie.

Les travailleurs sociaux reconnectés à eux-mêmes, peuvent alors regarder, écouter leurs usagers comme des sujets, ayant une histoire, un vécu. Ils comprennent que se raconter n'est pas facile, et sans doute savaient-ils déjà qu'écouter ne l'est pas non plus. Toutefois, à travers les opportunités qui me sont présentées pendant la formation, de part la formation qui est la mienne, celle d'assistante sociale, je favorise les apprentissages liés à la famille, à la dynamique parentale, en explicitant des processus de distanciation ou de rapprochement qui sont à l'oeuvre. Cela permet alors de mieux cerner les déterminismes éventuels dans une articulation psycho sociale mais qui n'a pas de visée clinique en tant que telle pour la personne concernée par l'apprentissage.

Dans tous les cas, les participants ont mieux compris leur dynamique identitaire par l'écoute multidimensionnelle et sont repartis transformés pour de nouvelles interventions sociales.

Au final, il y a trois passages: la déconstruction, la distanciation, et la reconstruction.

7. Quels savoirs liés au récit de vie?

Le sujet apprenant, par le fait de se raconter, permet l'émergence des savoirs expérientiels, d'y réfléchir au regard des savoirs théoriques, et de dégager des savoirs professionnels qui se transforment, par cet esprit réflexif et critique, vers de nouvelles pratiques de l'intervention sociale.


8. S'agit-il d'une vraie formation?

Le récit de vie à destination des travailleurs sociaux a des effets formatifs sur la posture du travailleur social, et a par voie de conséquence, des effets sur les personnes dont il s'occupe.

La formation par le récit de vie se situe au carrefour de la narrativité, de la formation, et aussi de l'identité.

La personne qui élabore son récit de vie devient un "je" qui s'exprime, réfléchit, analyse dans une dialectique JE/NOUS.

La dimension collective devient formative. Le récit de vie en formation requestionne notre identité personnelle, familiale, sociale, et culturelle à travers les supports employés (ligne de vie, génosociogramme, projet parental…).

Elle modifie le rapport aux savoirs où le travailleur social est ici considéré comme sujet, et non comme objets de savoirs relationnels, techniques, et/ou administratifs.

Partir des expériences de vies singulières pour dégager un devenir de travailleur social-sujet en articulant passé-présent-futur dans un rapport aux autres permettant l'ouverture, l'empathie, la rencontre, le lien, l'accompagnement, et au final, l'émancipation.

Aborder le récit de vie dans le champ professionnel c'est aider les travailleurs sociaux à comprendre comment se construisent les trajectoires sociales et professionnelles pour favoriser celles des personnes dont ils s'occupent et aider à leur tour les personnes à construire leur fil "narratif", producteur de sens, c'est-à-dire de significations à leurs propres yeux dans une modification du regard sur soi et sur l'autre. Cette formation produit alors de la « déméfiance » (TYAR-1998), mais elle participe aussi à leur construction identitaire professionnelle (GRANJA- 2008).

La formation par le récit de vie produit une reliance à soi et aux autres, par la dimension collective de l’expérience, en s'inscrivant dans une temporalité sans cesse en mouvement et qui passe de la singularité à l'universalité. Elle participe aux questionnements des représentations sociales, à la construction identitaire, et aux développements de nouveaux « agirs professionnels ». L’action relève effectivement de l’identité (GOFFMAN -1973) y compris dans le monde professionnel de l’intervention sociale. Elle correspond à la société occidentale d'aujourd'hui et à la nécessité culturelle de partir de l'individu pour comprendre la reliance aux autres et le monde social.

Résumé en Anglais


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