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Quelques intérêts et limites du recours à la notion de développement durable dans la formation des intervenants socio-éducatifs
Le développement est considéré comme durable lorsqu’il permet aux générations actuelles de satisfaire à leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs » (Ballet, Dubois et Mahieu, (2004, p. 1). Un tel développement comporte trois dimensions : une économique, une environnementale et une sociale. S’agissant de la troisième, pour ces auteurs, la qualité de durable impose une protection des potentialités et un renforcement des capacités d’une génération donnée et leur transfert à la génération suivante. Nombre d’auteurs tels Morin (2010), Latouche (2003) ou Rodhain (2007, p. 204) sont très critiques quant au recours à la notion de développement durable. Ainsi, pour cette dernière, il s’agit d’ « un concept à la mode que l’on intègre à toutes les analyses ».
En s’inspirant des travaux d’Hazan (2006, p. 13) qui décodent « la propagande médiatique, politique et économique actuelle », Curie (2010) s’intéresse aux manipulations linguistiques dans le « secteur social ». Il aborde l’impact sur les pratiques de la référence aux termes exclusion, projet, partenariat, entre autres. Il met ainsi en évidence les manières de masquer certaines réalités sociales, de conduire à l’échec ou de nier les rapports hiérarchiques.
Ce sont de tels avertissements qu’il nous semble pertinent de prendre en compte avant de recourir à la notion de développement durable dans la formation des intervenants socio-éducatifs et nous incite à nous poser la question suivante :
Quels intérêts et limites présente le recours à la notion de développement durable dans la formation des intervenants socio-éducatifs ?
Le champ étudié est en construction. Les emprunts à d’autres champs pour l’organiser ne vont pas d’eux-mêmes. Les 4 références suivantes donnent une idée du contenu de notre réflexion.
S’agissant du « développement social durable », Jésu (2004, p. XV) fait appel à cette expression pour dépasser la vocation de la co-éducation à la seule pacification et harmonisation des relations entre adultes éducateurs et pour constituer « une alternative réelle aux impasses de l’individualisme, du communautarisme et de l’autoritarisme » en favorisant la formation à l’exercice de la citoyenneté et de la démocratie participative. Il nous semble intéressant de retenir ce point de vue afin d’approfondir les pistes d’action susceptibles d’atteindre le but énoncé.
Boidin (2004, p. 1) définit le « développement humainement et socialement durable » comme déterminé par « des caractéristiques personnelles (éducation, santé, libertés individuelles…) ou collectives (cohésion sociale, niveau et répartition des richesses…) ». Nous nous interrogeons sur l’alternative posée dans cette définition et proposons de lier ces deux types de caractéristiques.
S’intéressant à la dimension sociale du développement durable, Sébastien et Brodhag (2004) propose « le modèle de l’acteur en 4D » qui favorise une « analyse combinée du rapport social et du rapport patrimonial sur un territoire ». Ce modèle met en évidence, entre autres, l’intérêt, dans les négociations, de la prise en compte des intérêts des acteurs absents et des acteurs faibles. Cette proposition nous semble pertinente pour privilégier une approche coopérative plutôt que compétitive.
L’éducation à l’environnement est pratiquée depuis des décennies par certains pédagogues. Elle vise, selon Meirieu (2006, p. 5), au développement d’une fonction de critique sociale, à l’émergence de citoyens résistants, de « citoyens qui n’acceptent pas que l’on pense à leur place ». Mais cette façon d’envisager l’éducation à l’environnement peut être entravée par la référence à un développement durable limité à un utilitarisme et à une pédagogie de réflexe. Privilégier la première approche présente, nous semble-t-il, un intérêt dans la formation des intervenants socio-éducatifs.
L’évocation de ces références et les quelques commentaires donnent une idée du contenu de notre proposition de communication.
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