Fiche Documentaire n° 2406

Titre L'atelier d'écriture comme pratique alternative au transfert de savoir

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l'auteur principal

Auteur(s) FOULON Adrien  
     
Thème Expérience d'un atelier polar  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

L'atelier d'écriture comme pratique alternative au transfert de savoir

La question qui se pose ici est de l'intérêt d'une pratique artistique dans le transfert de savoir. En quoi est-il important de s'appuyer sur les différents supports pour acquérir les méthodes et en quoi les ateliers d'écriture en groupe permettent-ils d'apporter un plus aux formations traditionnelles?

L'IRTS, Site métropole Lilloise, dans son cadre d'ouverture vers d’autres formes d'apprentissage est venu nous proposer en septembre 2011 divers ateliers et parmi ceux-ci figurait l'atelier polar. J'ai choisi de participer à celui-ci presque instantanément de par mon goût pour la lecture de ce type de romans mais, aussi parce que cela me questionnait de savoir comment écrire quelque chose et surtout quelque chose à plusieurs. Savoir comment écrire n'est pas quelque chose de naturel et doit s'appuyer sur des méthodes diverses d'apprentissage adaptées aux professionnels, selon P. Crognier. Et puis, n’oublions pas que par tradition littéraire, le polar est une enquête policière qui se déroule dans des lieux « populaires »

Lors de ces ateliers nous avons été guidés par l'écrivain Yves Baudrin, lors de ces instants de création maître de cérémonie. Le fait d'écrire à plusieurs une même histoire est une véritable contrainte. En effet, nous n'avons pas tous le même rapport à l'écriture mais aussi plus généralement à la vie . Nous ne nous connaissions pas et avions des cultures et des histoires, à l'évidence bien différentes. Yves a su se saisir de cette contrainte et en faire une force. En effet, plutôt que de nous laisser tels de vrais électrons libres, il a su nous donner des outils et un plan pour construire ce château aux milles couloirs qu'est le roman : un cahier des charges et un squelette

L'intelligence de cet atelier et qui est à remettre en parallèle avec le travail social c'est la compréhension du besoin pour les personnes accompagnées d'avoir un cadre mais aussi de leur laisser assez de liberté pour s'exprimer et transmettre le message qu'il souhaite. Cet atelier a eu le courage de nous donner une voix et même si parfois le genre noir nous a un peu happé dans son horreur, l'écrivain n'est pas un moraliste, il dépeint ce qu'il pense être la société et sa représentation du monde à cet instant. Yves Baudrin a su nous montrer parfois les égarements de nos propos sans jamais nous brimer. Il a su, à travers l'apprentissage de techniques d'écriture, nous recadrer mais aussi nous montrer comment utiliser les mots pour retransmettre ce que nous visualisions.

Dernièrement, Jean-Paul Sartre nous explique dans Qu'est-ce que la littérature que la notion d'engagement est intrinsèquement liée au travail d'écrivain et d'écriture. La littérature est un moyen de communication sensé éveiller le public. Or, l'engagement me semble aussi fondateur dans le travail social. C'est en cela que nous sommes amenés à modifier la société, à nous positionner face à celle-ci de par notre travail. Dans cette première écriture, nous avons été plutôt écrivant qu'écrivain mais je ne pense pas que nous ayons réalisés des écrits vains. Nous avons mis dans ce texte un peu de ces valeurs que doivent défendre la société comme le droit de rêver à travers le goût de la lecture de notre petit Mo, l'horreur de l'infanticide et des violences faites aux enfants mais aussi des valeurs plus générales comme l'amour et la justice.

Pour conclure, je pense que l'atelier d'écriture est intéressant à plusieurs niveaux. Tout d'abord, le lien « maître-élève » est un rapport privilégié qui permet un transfert de savoirs. De plus, le fait de donner la parole aux personnes accompagnées permet une observation et une amélioration de nos pratiques d'intervention sociale. Il serait intéressant de poursuivre ces expériences au sein des instituts de formation pour s'adapter aux différences des étudiants et leur apporter quelque chose de plus que ce que l'on nous offre déjà.

Bibliographie

Précis d'écriture en travail social : des ateliers d'écriture pour se former aux écrits professionnels, Philippe Crognier, Editions ESF, 2011
L'entrepôt de la mort, roman réalisé lors de cet atelier

Présentation des auteurs

Etudiant éducateur spécialisé en deuxième année à l'IRTS site métropole lilloise, je réalise mon mémoire sur les notions d'insertion et de culture chez des adultes atteints de maladies psychiques

Communication complète

Je suis actuellement étudiant en formation de travailleur social et plus particulièrement celle d'éducateur spécialisé. Celle-ci s'appuie sur deux méthodes d'apprentissages traditionnelles : la théorie par le biais des cours donnés au sein de l'institut et la pratique professionnelle par le biais des nombreuses périodes de stage.
Grâce à l'IRTS Nord Pas de Calais et à sa volonté d'ouvrir vers d'autres méthodes, j'ai pu participer à un atelier d'écriture en groupe autour du thème du polar. Ainsi cet atelier m'a permis d'ouvrir ma réflexion sur l'apprentissage de notre métier et surtout de me questionner sur les différents modes d'apprentissage. De ce fait, j'en suis venu à me demander en quoi la pratique artistique est-elle un bon vecteur de transfert de savoir ?
Tout d'abord je ferai une description du déroulement de cet atelier polar puis je me questionnerai sur les savoirs qui m'ont été apportés et enfin j'élargirai sur l'importance de l'utilisation de la pratique artistique dans notre travail au quotidien.

Les formateurs de l'IRTS sont venus dès mon entrée en formation nous proposer divers ateliers facultatifs tournant autour de la culture et de la pratique artistique. J'ai choisi de participer à cet atelier d'écriture presque immédiatement de par mon goût pour la lecture et l'écriture mais surtout par la curiosité de savoir comment se construisait un livre. Le fait d'écrire à plusieurs une même histoire est une véritable contrainte. En effet, nous n'avons pas tous le même rapport à l'écriture mais aussi plus généralement à la vie . Nous ne nous connaissions pas et avions des cultures et des histoires, à l'évidence bien différentes. L'écrivain nous encadrant, Yves Baudrin, a su se saisir de cette contrainte et en faire une force. En effet, plutôt que de nous laisser tels de vrais électrons libres, il a su nous donner des outils et un plan pour construire ce château aux milles couloirs, méandres et autres pièces secrètes qu'est le roman : un cahier des charges et un squelette. Le fait d'avoir un cadre a été quelque chose de déterminant dans la conception de cet atelier, la véritable intelligence a été d'y créer un vrai et large espace de liberté. De fait, malgré les contraintes communes, nous avons eu à créer un personnage du polar chacun avec son histoire, ses caractéristiques et ensuite nous avons eu à les utiliser pour construire notre roman. Ce travail de construction a été fondamental et c'était intéressant de voir que nos personnages pouvaient vivre leur histoire sans nous, portés par le texte et ceux qui l'écrivaient.
Par la suite nous avons tous écrit une partie du roman et Yves s'est occupé de les relier entre elles. Cela n'a pas été une mince affaire et c'est là que nous a bien servi le cahier des charges car il a défini toutes les caractéristiques techniques du roman. Nous devions écrire à la troisième personne, rédiger notre texte dans le système de temps du présent et garder un registre de langage similaire. Ceci nous a permis d'unifier nos écrits et de passer outre les difficultés d'écrire à plusieurs. De plus, cet atelier a eu le courage de nous donner une voix et même si parfois le genre noir nous a un peu happé dans son horreur, l'écrivain n'est pas un moraliste, il dépeint ce qu'il pense être la société et sa représentation du monde à cet instant. Yves Baudrin a su nous montrer les égarements de nos propos sans jamais nous brimer. Il a su, à travers l'apprentissage de techniques d'écriture, nous recadrer mais aussi nous montrer comment utiliser les mots pour retransmettre ce que nous visualisions.
Finalement quelques mois après la fin des ateliers nous avons pu obtenir le produit fini, un bel ouvrage relié avec son texte corrigé. L'émotion ressentie à ce moment est peu descriptible, il y a une sorte de fierté à voir quelque chose d'abstrait devenir concret grâce à son action et ce rendu final ne doit pas être oublié quand nous réalisons des ateliers avec quelque public que ce soit.

Deuxièmement, j'aimerais revenir sur les savoirs techniques et les compétences que m'a apporté cet atelier. Je pense que le plus important à voir c'est comment la littérature et le travail social sont liés par une simple notion : l'engagement. En effet, Jean-Paul Sartre nous explique dans Qu'est-ce que la littérature que la notion d'engagement est intrinsèquement liée au travail d'écrivain et d'écriture. La littérature est un moyen de communication sensé éveiller le public. Or, l'engagement me semble aussi fondateur dans le travail social. C'est en cela que nous sommes amenés à modifier la société, à nous positionner face à celle-ci de par notre travail. Dans cette première écriture, nous avons été plutôt écrivant qu'écrivain mais je ne pense pas que nous ayons réalisés des écrits vains. Nous avons mis dans ce texte un peu de ces valeurs que doivent défendre la société comme le droit de rêver à travers le goût de la lecture de notre petit Mo, l'horreur de l'infanticide et des violences faites aux enfants que nous ne pourrons jamais accepter mais aussi des valeurs plus générales comme l'amour et la justice.
Par suite, je pense que cet atelier m'a été bénéfique dans mon rapport à mon travail en équipe. En effet, je me suis retrouvé à poursuivre un objectif commun avec des individus qui n'étaient pas de la même génération que moi, n'avait pas la même formation ni la même culture littéraire ou général. Nous avons su mettre ces différences de côté pour transcender ce que nous sommes et arriver à travailler ensemble. De ma petite expérience dans le social, cela me semble proche du travail en équipe pluridisciplinaire que j'ai pu observer. Nous avons tous en tête la réussite du projet de la personne accompagnée et même si nous travaillons avec des personnes qui parfois sont fort différentes de ce que nous sommes, nous faisons de ces différences une force motrice en puisant dans les ressources de chacun dans le but d'atteindre notre objectif. Bien sûr cela ne va pas sans conflits, et il y en a eu aussi dans cet atelier, mais par le biais de l'expérience que j'ai vécue je suis plus à même de comprendre le fonctionnement d'un groupe de travail et donc cet atelier a amélioré mes compétences professionnelles.
D'un autre côté, le travail social est de plus en plus soumis au rapport à l'écrit. En effet, entre les synthèses, rapports aux divers partenaires, notes et autres, le travailleur social est aujourd'hui obligé de se confronter à l'écrit et cela n'est pas toujours évident. Or d'après Philippe Crognier savoir comment écrire n'est pas quelque chose de naturel et doit s'appuyer sur des méthodes diverses d'apprentissage adaptées aux professionnels. Pour ma part cela est passé par cet atelier grâce au plaisir que j'y ai vécu.

Finalement, je voudrais expliquer que la pratique artistique, et ici plus particulièrement l'écriture, est essentielle et à prendre à compte dans nos accompagnements. En effet, le fait de donner la parole aux personnes accompagnées permet une observation et une amélioration de nos pratiques d'intervention sociale. Tout d'abord, cela permet de donner une voix à ces personnes. Il est important selon moi d'aménager des espaces d'expressions pour les usagers que nous accompagnons quelle que soit leur problématique, c'est à mon avis la première base de la relation éducative et un moyen de les mettre réellement au centre de notre accompagnement. Tout d'abord, cela permet de donner une voix à ces personnes. Il est important selon moi d'aménager des espaces d'expressions pour les usagers que nous accompagnons quelle que soit leur problématique, c'est à mon avis la première base de la relation éducative et un moyen de les mettre réellement au centre de l'accompagnement. Aujourd'hui à l'ère des nouvelles technologies, on oublie bien souvent l'écriture comme moyen rappelant pour beaucoup le côté scolaire et contraignant. Cependant, je pense que si nous axons ces ateliers autour du plaisir qu'ils procurent, si nous ne mettons pas toute l'importance sur les erreurs syntaxiques, orthographiques ou autre mais plutôt sur le message transmis ces ateliers peuvent être de véritables lieux d'épanouissement. J'ai lors de mes stages repris cette expérience d'atelier d'écriture auprès de jeunes majeurs sous la forme d'atelier autour de la notion d'engagement politique et citoyen. Au début de ces ateliers, j'ai laissé fuser les idées, j'ai laissé venir la forme brut et une fois que le plaisir était bien installé, que toutes les barrières avaient été franchies j'ai pu travailler sur la forme ce qui a abouti à l'enregistrement d'un morceau de slam où chaque jeune a pu faire part de sa vision. Le résultat n'est pas au niveau d'un musicien professionnel mais la fierté de mener un projet à bout, de le partager aux personnes qui gravitent autour de ces jeunes a été vraiment bénéfique. J'ai pu aborder grâce à ces ateliers de nombreux sujets tels que l'homophobie, le racisme ou la délinquance.

Pour conclure, je voudrais remercier Yves Baudrin qui a été une rencontre déterminante dans la construction de mon "moi professionnel". Je pense que s'il y a une chose à retenir ici c'est bien la notion de plaisir. Plaisir de travailler ensemble, plaisir d'écrire, plaisir de voir se réaliser un projet. Il n'y a pas d'échange sans plaisir et la pratique artistique est un moyen d'inscrire cette notion dans la construction de la relation avec les usagers. De plus, elle permet aussi une remise en question constante de par la mise à nue qu'elle implique. Une part de sincérité et de nous est toujours présente lorsque l'on écrit et c'est pourquoi ce lien "maître-élève" ou "accompagnant- accompagné" est si important et bénéfique, il construit la relation d'échange et favorise la transmission de savoirs et de connaissances.

Résumé en Anglais


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