D’une approche théorique à une approche pratique de la diversité culturelle.
Les effets des rencontres interculturelles.
Depuis 4 ans des échanges avec des formateurs de la Haute Ecole Sociale de Mons (Belgique) nous ont conduites à reconsidérer notre approche pédagogique de l’interculturel et de la diversité culturelle au sein des formations de nos étudiants ASS et EJE.
Le point de départ de notre collaboration est marqué par nos réflexions et échanges suite à l’analyse commune menée en 2008 qui mettait en avant les manques et limites des enseignements interculturels au sein des formations des ASS et EJE. Quasi-absents dans la formation des EJE,la formation des assistants sociaux proposait un module théorique intitulé « interculturalité et travail social » qui proposait un ensemble d’interventions venant éclairer la question de l’étranger et des interventions centrées sur des publics spécifiques - la famille africaine, la famille et les modes de socialisation dans les familles maghrébines, les gens du voyage, les familles comoriennes. Malgré des évolutions et une reconfiguration de son contenu entre 2005 et 2008 et pour se départir d’une approche parfois trop culturaliste, l’approche théorique d’une question aussi complexe semblait ne produire que peu d’effets sur la construction professionnelle des étudiants en dehors, par exemple, d’une prise de conscience de la singularité des situations et des parcours migratoires. L’approche théorique semblait n’enseigner que des principes. La décentration, indispensable à toute démarche interculturelle, était seulement énoncée mais ne pouvait en aucun cas être éprouvée.
La rencontre, en 2008, avec un formateur de la Haute Ecole Sociale de Mons est venue nourrir et renforcer ces questionnements. Au sein de la formation des éducateurs, était organisée une semaine d’« éducation à la diversité culturelle ». La visée de ce module, basé sur une pédagogie active, était de modifier le rapport qu’ont les étudiants à l’altérité, de favoriser une prise de conscience des réflexes identitaires et du caractère ethnocentrique de notre société afin de mettre en place les conditions d’une réelle démarche interculturelle par le biais de visites, activités ludiques, jeux de rôles… Les contenus du module s’appuyait en partie sur un programme européen d’éducation à la diversité développé par le CEJI de Bruxelles auxquels les formateurs avaient été formés.
Très rapidement se sont mis en place des échanges entre nos deux centres de formation, faits d’allers et retours entre la France et la Belgique. Ceux-ci sont venus modifier progressivement l’approche pédagogique et le contenu, appuyant notre volonté de sortir d’une approche trop théorique et parfois culturaliste.
Cette année, nous avons, pour la première fois, co-construit et co-animé un module intitulé « approche de la diversité culturelle » auprès d’étudiants EJE et ASS au sein de notre institut de formation.
La mise en œuvre des principes de la démarche interculturelle, telle que proposée par Margalit Cohen-Emerique , associée à la pédagogie active, nourrie du programme du CEJI et du kit pédagogique « Tous égaux, tous différents » diffusé par le Conseil de l’Europe, visent à faire tomber, ou tout au moins, à remettre en question le « consensus mou » pour lequel tout le monde s’accorde à dire qu’il est important de respecter l’autre dans ses valeurs, ses choix, son identité, sa culture.
Notre communication présentera et analysera les effets d’une rencontre, devenue échange et partenariat en devenir, entre formateurs d’instituts de formation de pays voisins sur les contenus et modalités pédagogiques. Elle mettra en évidence les différents niveaux de cette rencontre interculturelle : entre étudiants, entre étudiants et formateurs, entre formateurs et les effets en termes de professionnalisation pour les étudiants et professionnels pour les formateurs.
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