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LE DEPLACEMENT COLLECTIF EN FORMATION
Depuis plus de 10 ans des échanges ont lieu entre des étudiants en travail social du CRFMS ERASME et de Berlin. Ces échanges, préparés par des enseignants allemands et des formateurs français, donnent lieu à deux séjours réunissant des groupes de français et d’allemands en formation, l’un à Toulouse, l’autre à Berlin. Ces échanges sont organisés sous l'égide de L'OFAJ. Ils permettent I'interconnaissance, la découverte des spécificités nationales des organisations politiques et sociales, les modes d'interventions propres à chaque pays. Notre partenaire allemand est EFB Evangelische Hochschule de Berlin (Haute Ecole en travail social) pour les éducateurs spécialisés et la Staatliche Fachschule für Sozialpädagogik Berlin – Pankow pour les moniteurs éducateurs.
Les échanges ont deux objectifs : échange interculturel et professionnel. Pour ce qui est des étudiants éducateurs spécialisés, chaque année une nouvelle thématique est abordée. Celle-ci comporte un aspect central du travail social toujours du point de vue du pays accueillant et relatif à la région donc Berlin/l'arrondissement respectif ou Toulouse. En ce qui concerne les moniteurs éducateurs, les deux premiers échanges ont renouvelé la thématique « découverte réciproque des métiers et des dispositifs de prise en charge. »
Ces échanges permettent d’apprécier les contours des pratiques, des dispositifs, des principes, de formation et d’intervention en terme de ressemblance et de dissemblances.
Si les ressemblances sautent aux yeux (caractéristiques des populations prises en charge, fortes politiques sociales, « cœurs de métier » similaires, formations en alternance…), les dissemblances provoquent d’intenses réflexions après des réactions premières.
Ce sont ces dissemblances qui permettent le cheminement de pensées collectives qui s’élabore au fur et à mesure du déroulement de l’échange puis après l’échange. Parmi les « étrangetés » transformées aussitôt en thématiques à explorer, figurent la délimitation des secteurs sanitaire et social, les compétences visées, l’histoire des politiques publiques, la place de l’état, l’organisation territoriale, la nature et le champ d’action des partenaires, le contenu des formations, les processus pédagogiques, les principes éducatifs et thérapeutiques dominants… et autres.
Ces rencontres sont donc l’occasion de « brouillonnements » (pour emprunter ce terme au Groupe Français d’Education Nouvelle), de confrontations (au sens socio-cognitif) de complexifications, d’élévation du niveau d’élaboration de tous. Chacun des participants se trouve en position « objective » et collective de recherche.
Mesurer en permanence le cousinage et les écarts, réinterroge et complexifie le « penser et agir le travail. » C’est un « penser global » (l’Europe, « l’ailleurs » comme éclairage ou pas de coté…) dans le but d’un « agir local. »
Cet « ailleurs » comme lieu de questionnement sur l’ici au regard de là-bas, donne des clefs de lecture, d’explications, de choix, d’actions à la fois différenciées et plus élaborées, peu ou pas envisagés avant la rencontre. Ce qui permet à chacun des participants de réaliser la multiréférentialité nécessaire (et qui s’impose désormais) à l’exercice des métiers dans une vision plus systémique du travail (en Europe.)
Ces questions nous amènent par ailleurs à une dernière réflexion : celle de l’intérêt irremplaçable du collectif formateur.
Les petits groupes d’exploration et de confrontation d’idées portent en effet cette dimension immédiate et incontournable qu’est l’élaboration collective d’une pensée évoluant, dimension inaccessible à la mobilité individuelle.
Pendant l’échange, les débats formels et informels se déroulent entre « collectifs pensants et agissants. »
L’échange fabrique de la recherche… de la parole collective et politique.
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