Appréhender la question interculturelle en centre de formation
La question interculturelle se trouve à la croisée des rencontres, des contacts et des cultures entre les individus. Les usagers du travail social ont une identité singulière, un parcours, des références culturelles multiples. Les transformations opérées par chaque expérience mais aussi les questionnements, l’apport mutuel des rencontres amènent les travailleurs sociaux à s’interroger sur l’interculturel. J. Barou définit l’interculturalité comme « une notion qui implique la rencontre, le partage, et inévitablement la transformation des identités culturelles en présence. » Ces questions d'identité et de diversité placent donc le travail social devant un défi auquel il doit faire face. En effet, les évolutions exigent des différents acteurs l'adoption de ce que nous appellerons une démarche interculturelle. Au niveau des centres de formation en travail social, la traduction de cette « interculturalité » dans les pratiques et dans les représentations passent, selon nous, par différentes étapes.
Tout d’abord une réflexion nécessaire et accrue sur ce qu’est la culture. Le terme, « culture », dissimule, derrière des airs d'évidence, des définitions qui renvoient à des théories divergentes. Nous pouvons l’entendre dans son acception anthropologique comme « ce qui se distingue de la nature », ce qui permet de différencier l’homme de l’animal, ou encore ce qui permet de différencier certains groupes humains d’autres groupes humains, prenant alors la différence ou la spécificité locale pour critères. La culture, ce serait donc ce qui est spécifique à un groupe social . Définir ainsi la culture permet, dans le travail social, d’appréhender les publics en identifiant certaines particularités comme traits culturels (culture populaire, culture déviante ) et dans cette logique chaque rencontre devient interculturelle avec les intérêts et les limites que cela implique. Mais cela nous oblige aussi à interroger nos propres fondamentaux culturels. Pour cela, il nous semble important de proposer à de futurs travailleurs sociaux de faire un stage à l’étranger. La formation pratique à l’étranger oblige ces futurs travailleurs sociaux à se confronter au « choc culturel ». Ce type d’expérimentation de l’interculturalité apparaît comme bénéfique à la (re)découverte de soi-même. Elles encouragent l’élaboration ou la restauration de la capacité à établir des liens avec sa propre histoire, avec son monde intérieur, avec l’autre en soi, et dans le même temps, avec le monde extérieur. Cette mise en stage est accompagnée par les formateurs dans ce sens et la réflexion sur la culture fortement valorisée. Nous constatons aussi combien cette démarche vient modifier le positionnement professionnel en permettant une véritable réflexion sur les pratiques en lien avec les contextes politiques, sociaux et économiques.
Une autre étape est ensuite de pouvoir transposer son expérience à l’étranger dans un travail à l’épreuve de l’interculturalité en France, voir encore plus globalement face à la diversité des publics. La question est bien celle de la formation des travailleurs sociaux face aux problèmes que rencontrent les migrants, mais aussi les personnes en situation de handicap, les toxicomanes, les malades psychiatriques ou tout simplement face à la « diversité domestique » qui remet en cause les pratiques quotidienne de chacun… Il s' agit de changer le regard posé sur un certain nombre de problèmes de société et de se sentir plus à l'aise dans les questions de culture et d' identité. Ainsi la question interculturelle s’inscrit, selon nous, dans un positionnement professionnel et politique à intégrer dans les logiques de formation.
|