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L'expérience du voyage comme ressource dans le travail social
Je suis entrée en formation d’assistante sociale avec une vision classique du métier. Après un premier stage ciblé sur la relation d’aide, j’ai réalisé que cette approche ne correspondait pas à mes attentes. Le centre de formation offrant la possibilité de réaliser des stages à l’étranger, j’ai saisi cette opportunité en me rendant au Brésil où j’ai découvert le travail social communautaire.
Cette première expérience du travail social communautaire m’a fait basculer et changer la représentation que j’avais du travail social tel que je le percevais dans la formation. J’ai découvert d’autres modes d’intervention, qui m’ont amené à travailler avec les personnes en m’appuyant sur leurs potentiels, leurs capacités à se positionner en tant qu’acteurs dans leurs expériences. J’ai aussi appris à m’appuyer sur le groupe, comme étant une force vive, qui produit une dynamique positive. Afin d’approfondir la notion d’éducation populaire, de démarche participative et d’action citoyenne, je me suis rendue au Canada, lors du stage de deuxième année. Je me suis inscrite dans une dynamique de projet qui m’a amenée à découvrir différentes notions : le travail social communautaire, l’éducation populaire, l’action collective, le travail social de groupe, l’empowerment, la participation, la citoyenneté.
Mes expériences de stage m’ont donné envie de m’inscrire dans des dynamiques professionnelles identiques à mon retour, mais j’ai eu du mal à trouver des lieux qui fassent écho à tout ce que j’avais expérimenté précédemment. La façon dont je souhaitais écrire mon histoire professionnelle dans le travail social, correspondait plus au métier d’éducateur spécialisé travaillant auprès de groupe d’individus.
En parallèle à mon activité professionnelle d’éducatrice spécialisée, j’ai engagé un nouveau projet de formation qui m’a amené à valider un Master en Sciences de l’Education.
Les mémoires réalisés en Master 1 et 2 m’ont permis d’approfondir de manière théorique les notions approchées pendant mes diverses expériences. La dynamique d’apprentie chercheuse m’a amenée à me rendre à nouveau à l’étranger pour réaliser des études de terrain au Canada et au Liban sur les thèmes de l’éducation populaire et de l’empowerment.
Ce parcours universitaire m’a ouvert d’autres perspectives professionnelles, ainsi, j’occupe désormais un poste de chargée de projet en santé communautaire pour une collectivité territoriale. Afin de renforcer mes compétences dans le contexte de territorialisation des politiques sociales, je me suis engagée dans une formation d’ingénierie sociale (DEIS).
Dans cette nouvelle fonction, je m’appuie sur différentes compétences construites à l’étranger, ce qui m’amène à ce jour, à mettre en place avec des partenaires locaux et québécois un projet d’université populaire d’été « franco-québécoise », centrée sur la valorisation des démarches participatives.
Ce que j’ai construit et mis au travail tout au long de mon parcours professionnel fait sens pour moi dans le travail social et fait écho aux préoccupations actuelles en lien avec la territorialisation des politiques sociales, les pratiques de démocratie locale, de mobilisation, de participation et de citoyenneté de la population.
A l’heure de la généralisation des ECTS pour les formations de niveau 3 en travail social, mon parcours illustre bien l’intérêt et la pertinence de la mobilité pour les futurs travailleurs sociaux d’aller à la rencontre de l’autre, l’autre en tant qu’individu, en tant que culture, en tant que pratique professionnelle. Cette altérité en enrichissant les individus permet aussi de créer du mouvement dans nos modes d’interventions et nous inscrit d’emblée dans une conception du travail social ouvert sur le monde.
Par le biais de cette communication, il s’agit pour moi de montrer comment un parcours de formation ouvert sur le monde peut bouleverser la construction de l’identité professionnelle des travailleurs sociaux et ouvrir d’autres horizons.
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