RECOS : Enjeux et perspectives d’un certificat transfrontalier tri-national
Cette communication s’articule autour d’un dispositif de formation partenarial et transfrontalier qui regroupe six établissements de formation en travail social suisses, allemands et français, situés autour de l’axe rhénan. Ce dispositif intitulé RECOS, dont l’origine date des années 1990, se destine aux étudiants de niveau III et comprend 7 modules à valider. Il se compose d’enseignements théoriques sous la forme de cours et de séminaires, de stages et d’écrits professionnels. Il vise à l’obtention d’un certificat complémentaire aux diplômes préparés qui atteste de l’acquisition de compétences professionnelles liées aux pratiques interculturelles, facilitant la mobilité professionnelle.
Dans un premier temps, il s’agit de mettre en exergue la construction progressive de ce programme en lien avec l’évolution du contexte macrologique, marqué par la libre circulation des biens et des personnes, l’ouverture des frontières, avec pour conséquences, dans un contexte de crise, une mobilité accrue des populations bénéficiaires de l’action sociale… Puis, dans un second temps, il convient de dégager les enjeux et perspectives qui se jouent autour de ce programme, en lien avec les évolutions récentes concernant l’harmonisation et l’européanisation des systèmes de formation en Europe (Roussel, 2004).
Les premiers enjeux apparaissent au niveau de la conception et de la mise en œuvre du travail social, dans un contexte transfrontalier où la mobilité des publics déborde les frontières d’ordre politique et administratif. Il est intéressant de noter que le projet RECOS est né au début des années 90 de questionnements de formateurs autour de la situation faite aux réfugiés (Cohen-Emerique, 2011, p 32). Qu’on aborde la question des migrants (Prieur et all, 2010), des travailleurs frontaliers (Ricq, 1981) touchés par la crise et la dérégulation du travail ou de la prostitution et de l’économie souterraine, l’analyse prend une dimension particulière s’agissant de trois pays comme l’Allemagne, la Suisse et la France, dont les approches diffèrent tant sur le plan de l’organisation politique que de l’action sociale et de la formation.
De ces réflexions découlent des enjeux liés aux dispositifs de formations. Compte tenu des systèmes particuliers à chacun des pays, la démarche implique une forte dynamique partenariale (coopération, coordination, mobilité enseignante et étudiante..) demandant le dépassement de logiques individuelles au profit de logiques institutionnelles partagées (Serbanescu-Lestrade,2007) qui impliquent des réajustements des dispositifs de formation (conventionnement de sites qualifiant, semestrialités, ECTS, apprentissage…). Avec des effets induits non négligeables qui interrogent fortement les organisations. Par exemple, RECOS fait l’objet d’une instrumentalisation diverse de la part des étudiants, qui l’insèrent de manière singulière dans leur projet de formation. Certains privilégient l’obtention du certificat en visant une mobilité professionnelle en dehors du territoire national( Roger et Ventoli, 2003) ; d’autres préfèrent un usage modulaire, recherchant une approche interculturelle pour construire leurs futures pratiques professionnelles (Cohen-Emerique, 2011, p 456).
Enfin, la visée qui se dégage aujourd’hui et qui reste à construire concerne une triple certification, pour une reconnaissance institutionnelle par delà les territoires nationaux. Cette perspective est rendue possible d’une part par l’évolution au niveau européen de l’harmonisation des formations dans le cadre du processus de Bologne, et d’autre part par la construction d’un territoire politico-administratif, la conférence du Rhin Supérieur, engagé dans une réflexion sur une région de la connaissance à même d’innover en matière de formation et de recherche.
Communication retenue pour présentation par le Conseil scientifique de la biennale UNAFORIS 2012, mais dont le contributeur n’a pas pu être présent les 4 et 5 décembre2012, en raison du changement de date de la biennale, et qui est donc présentée en tant que communication « hors congrès ».
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