Le déploiement de l’évaluation dans le secteur de la protection de l’enfance
en France et au Québec : premiers résultats, intérêts et difficultés d’une recherche comparative internationale

Cette contribution présente une démarche de recherche comparée sur « le déploiement de l’évaluation dans le secteur de la protection de l’enfance en France et au Québec ». Il s’agira dans un premier temps d’expliquer le contexte de ce projet, la problématique, les hypothèses de travail et la méthodologie retenue. Puis, dans une seconde partie, sera exposée une réflexion sur la dimension internationale du projet de recherche : les apports en terme de méthodologie et de résultats et les points de vigilance relevés au cours du processus.

Cette recherche s’inscrit dans un projet de partenariat plus large regroupant cinq Instituts Régionaux du Travail Social (Bretagne, Basse-Normandie, Lorraine, Poitou-Charentes et Réunion) et cinq centres jeunesse au Québec (Québec, Montérégie, Gaspésie, Saguenay Lac Saint-Jean, Estrie). En plus de la recherche, ce projet de coopération franco-québécois investit les questions de la mobilité des étudiants, des formateurs, des professionnels, des chercheurs et des usagers, la formation des cadres et des directeurs de l’action sociale, la reconnaissance des qualifications professionnelles et des compétences et les outils de communication. L’équipe de recherche regroupe pour la France des membres du LAUREPS (laboratoire en psychologie sociale-Université Rennes 2), des PREFAS Bretagne, Basse-Normandie et de la Réunion, du service « Etudes - recherches » de l’IRTS de Lorraine ainsi que des représentants du secteur de la protection de l’enfance (associations, protection judiciaire de la jeunesse, secteur public). Pour le Québec sont présents des membres de l’Université Laval, du Centre jeunesse de Québec-Institut universitaire et du Centre Jeunesse de Montérégie. L’équipe se réunit lors de deux missions franco-québécoises par an (les Québécois venant en France au printemps et les Français se rendant au Québec à l’automne), entrecoupées de séminaires de recherche regroupant les équipes propres à chaque territoire.

Cette recherche poursuit trois objectifs :
- étudier les principaux facteurs influençant le déploiement de l’évaluation
- analyser les incidences de l’évaluation sur les modes d’animation institutionnelle et sur les pratiques professionnelles
- éclairer pour l’avenir les stratégies d’accompagnement et de formation des cadres et des professionnels de l’intervention sociale en matière d’évaluation de programmes et de projets

Nous présenterons les premiers résultats de la recherche et principalement ce que la dimension comparative et internationale a permis de mettre en lumière au sujet de l’évaluation en protection de l’enfance. Il sera également intéressant de s’interroger sur les intérêts de la recherche comparative internationale et sur les précautions à prendre pour travailler dans une telle configuration. Les différents acteurs de ce projet ont déjà relevé que la démarche comparée permettait d’enrichir l’analyse de chaque situation à plusieurs points de vue (effet miroir). Par ailleurs, dans une perspective de mobilisation des résultats de cette recherche sur le terrain, l’identification de nouvelles pratiques peuvent être inspirantes pour chacun des deux pays. Cependant, la dimension internationale et interculturelle dans le domaine de la recherche est également productrice de quelques contraintes. Les contextes culturels sont différents, tant du point de vue de l’organisation de la protection de l’enfance que dans la conception de l’évaluation et/ou de la recherche. La langue française en commun facilite le travail mais elle produit également des quiproquos au sein de l’équipe du fait de l’existence de nombreux faux-amis, ce qui nécessite de définir régulièrement certaines notions. Enfin, la question de la transférabilité des mots utilisés, des concepts, des méthodes et des postures doit également être en permanence envisagée avec prudence que cela soit en terme de recherche ou de pratiques professionnelles.

Alfoldi Francis, Evaluer en protection de l'enfance, Dunod, 2010.
Bouquet Brigitte, Jaeger Marcel, Sainsaulieu Ivan, Les défis de l'évaluation en action sociale et médicosociale, Dunod, 2007
Boutanquoi Michel, Minary Jean-Pierre, L'évaluation des pratiques dans le champ de la protection de l'enfance, L'Harmattan, 2008
Guingouain Gérard, Psychologie sociale et évaluation, Dunod, 1999.
Gabel Marceline, "Les résistances à l’évaluation en protection de l’enfance", Journal du droit des jeunes, N°224, 2003.
Hassenteufel P. , « Deux ou trois choses que je sais d’elle. Remarques à propos d’expériences de comparaisons européennes », in CURAPP (dir.), La Méthode au concret, PUF, Paris, 2000
Jacob Steve, "Trente ans d’évaluation de programme au Canada, l’institutionnalisation en quête de qualité", Revue française d’administration publique, N°119, 2006.
Janvier R, Conduire l’amélioration de la qualité en action sociale, Dunod, 2009.
Lallement M et SPURK J (dir.), Stratégies internationales de la comparaison, Paris, Editions du CNRS, 2003
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Vigour C., La comparaison en sciences sociales. Pratiques et méthodes, Paris, La découverte, 2005

Corinne CHAPUT : Responsable du PREFAS Basse-Normandie, en dernière année de Doctorat de sciences de l’éducation à l’université de Nantes, membre du Comité Scientifique Permanent de l’AIFRIS

Gilles MIREAULT : Chercheur d'établissement au Centre jeunesse de Québec-Institut universitaire

Eugénie TERRIER : Chargée de mission " Comité Régional du Travail Social de Bretagne (CRTS) & PREFAS Bretagne "Pôle de Recherche et d'Etudes pour la Formation et l'Action Sociale", GIRFAS Bretagne - Docteure en Géographie sociale et chercheur associé au laboratoire ESO-Rennes (CNRS)-Université Rennes 2.

Daniel TURCOTTE : Professeur titulaire à l'École de service social de l'université Laval, Directeur de l'équipe de recherche Jeunes et familles à risque (JEFAR), Chercheur régulier au Centre jeunesse de Québec-Institut universitaire

la contribution a été retenue en vue de la publication d’un ouvrage de l’UNAFORIS sur le thème de la biennale au troisième trimestre 201

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