comment les expériences transfrontalières interrogent les implicites de travail social
Plus on est « entre soi » et moins on questionne le monde qui nous entoure : C’est le constat posé à partir de l’accompagnement pédagogique des étudiants en stage à l’étranger et en France.
Responsable du Projet Pédagogique de l’Alternance pour la formation des assistants de service social à l’IRTS Nord pas de Calais, je favorise depuis plusieurs années la mobilité internationale dans le cadre des stages longs de 2ème année (6mois).
Cette démarche proposée de manière quasi intuitive m’a conduit rapidement à expliciter les enjeux de cette mobilité pour nos étudiants et rassurer les équipes pédagogiques pour qui «partir à l’étranger » relève parfois davantage d’un projet personnel quelque peu exotique que d’un réel projet de formation.
L’engagement financier récent de la région Nord Pas de Calais pour la mobilité de nos étudiants, l’arrêté du 25 août 2011 relatif à la mise en crédits européens (ECTS) de nos formations, nous obligent à revoir notre système de formation en intégrant les éléments qui constituent des axes de professionnalisation pertinents.
Continuer à promouvoir la mobilité étudiante constitue en ce sens un levier de professionnalisation important pour les étudiants qui peuvent en bénéficier, comme pour le partage de ces expériences avec les cadres pédagogiques et l’ensemble des étudiants.
Pour les étudiants, les bénéfices de cette mobilité sont souvent liés aux interrogations suscitées par la confrontation à d’autres réalités, que ce soit dans la formation, le travail social lui-même, et la culture du pays rencontré.
C’est cette rencontre avec un contexte éloigné de ses propres systèmes de référence, qui impose à l’étudiant de questionner ce qui lui paraîtrait lisse et évident en France : qu’est ce que le social ? Comment le social s’est construit ? Qui le finance ? Quelle est sa place dans la société ?
De même si les problématiques rencontrées ressemblent bien souvent aux nôtres, la manière d’y répondre dans le cadre du travail social diffère d’un pays à l’autre.
Enfin la posture du travailleur social dans son rapport à l’usager est elle aussi un construit social pouvant être analysé à la lueur d’autres modes de faire et d’être.
Ainsi la rupture qu’apporte le stage à l’étranger contribue à développer l’une des compétences attendue dans la professionnalisation et plus particulièrement, l’Expertise Sociale : « prendre de la distance vis-à-vis de la réalité sociale, déconstruire ses représentations,… »
Cette réflexion est favorisée par l’accompagnement pédagogique avant, pendant et après le stage, c’est ce qui nous a conduits à construire des outils favorisant la mobilité.
Ils rejoignent les préoccupations plus génériques liées à l’évaluation des apprentissages en stage à partir de 3 dimensions : les contextes de l’apprentissage, les aptitudes et qualités de l’apprenant, les référentiels de formation et de certification.
Cette réflexion a été menée à partir d’accompagnements pédagogiques d’étudiants, réalisés dans plusieurs pays (Maroc, Canada, Espagne, Italie, Belgique, …), il nous faudra la revisiter à la lueur des changements attendus dans nos formations.
En effet, la réforme de 2004, incitant à une individualisation des parcours de formation, nous avait conduits à proposer dans le cadre des stages de 2ème année, des objectifs de stage établis par chaque étudiant à partir d’un guide d’accompagnement et des différents référentiels de formation.
Aujourd’hui la réalisation de module semestriel, associant temps de stage et cours et visant l’acquisition de compétences spécifiques nous invite à retravailler sur les objectifs de ces stages et leur évaluation.
C’est cette analyse de l’existant et son évolution qui seront proposées dans le cadre d’une communication relative aux enjeux de la professionnalisation dans le cadre européen : à partir de ces éléments ancrés sur nos pratiques pédagogiques actuelles il s’agira de réfléchir aux outils de l’alternance de demain, favorables à la mobilité internationale.
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