Savoirs en société : partages, traditions

Il n’est pas de savoirs qui ne soient partagés et qui ne circulent dans l’espace comme dans le temps. Ces savoirs peuvent être abstraits ou pratiques, porter sur le monde matériel, sur le monde des idées ou sur celui de l’humain : ils créent de multiples liens entre les individus qui les manient et ouvrent une riche palette d’interactions. Apprendre, enseigner, débattre, vérifier, valider, réfuter, expérimenter, appliquer, faire circuler. Le face-à-face des maîtres et des disciples repose sur de nombreux scénarios : transmettre les gestes de métier, manier la parole et le silence, faire s’épanouir l’intelligence et l’imagination, apprendre de celui à qui l’on enseigne, partager des arts de vivre, une éthique, des manières d’être humain. Les savoirs présentent aussi cette particularité de pouvoir être archivés sur des supports matériels, les livres, les outils, les images. Ils peuvent ainsi traverser l’espace et le temps, être réveillés et réactivés à distance, par l’apprenti, l’étudiant, l’homme désireux d’apprendre et de découvrir. Les savoirs font tradition. Ils se sédimentent en niveaux successifs, et on peut choisir de voyager parmi les savoirs de son temps ou de remonter au fil d’une tradition, d’une généalogie qui éveille tous les relais antérieurs.

Au carrefour de l’histoire des sciences, des humanités et des techniques, il y a une place pour une anthropologie des savoirs où l’humain serait au centre de la réflexion : les savoirs comme force créatrice, comme outil de l’action, comme instrument pour donner sens au monde, dans ses multiples dimensions ; les savoirs comme moyen de travailler sur soi et sur les autres, de créer du lien social, comme fondement d’un vivre ensemble où tout ce qui n’est pas partagé est perdu.

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Historien de l’Antiquité classique, ses travaux ont porté notamment sur la géographie et l’ethnographie en Grèce ancienne, ainsi que sur la bibliothèque d’Alexandrie et son contexte culturel et intellectuel.
Depuis une douzaine d’années, son travail a pris une dimension comparatiste et interdisciplinaire, portant sur les pratiques lettrées (usage des livres, lecture, écriture), puis sur les pratiques et les traditions de savoir. En animant un réseau international de chercheurs, il a dirigé plusieurs publications collectives, les volumes Des Alexandries 1 et 2 (Bibliothèque nationale de France, 2001 et 2003) et plus récemment la série des Lieux de savoir, dont deux volumes ont été publiés par Albin Michel : Espaces et communautés (2007) et Les mains de l’intellect (2011).

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