Fiche Documentaire n° 3173

Titre Les savoirs professionnels de l’intervention sociale. La part risquée de l’acte.

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Auteur(s) LIBOIS Joëlle  
     
Thème CONFERENCE CONGRES LILLE 2013  
Type Autre  

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Résumé

Les savoirs professionnels de l’intervention sociale. La part risquée de l’acte.

Les modalités d’élaboration des savoirs interrogent la place et la lisibilité qui leur sont données. Ceux définis comme tacit skills, savoirs implicites, savoirs pratiques, savoirs incorporés ou encore savoirs d’action se différencient des savoirs dits scientifiques, transférables, constructions théoriques issues des disciplines en sciences sociales.
La vraie question qui se pose aujourd’hui n’est plus celle de la séparation, mais bien celle de l’articulation plurielle des modalités de savoirs. Nous reviendrons sur cet aspect en nous appuyant sur les théories de l’action et les travaux de De Certeau (1990), en ce qui concerne le découpage artificiel entre les savoirs dits nobles et ceux de l’ombre.

La pensée rationnelle occidentale est attachée à une conception de la science qui n’obtient d’autorité que par les capacités de mesure, de maîtrise et de généralisation qu’elle exige. Penser l’acte en trois temps, au sens de Mendel (1998), permet de mieux saisir la part d’intentionnalité du professionnel engagé dans l’agir tout comme la part de réalité immanente issue de données contextuelles. Le refus de la réalité, dans sa part de risque, de contingence, évince l’acte de la pensée scientifique. Or, c’est précisément dans les espaces incertains que la complexité et la créativité de l’agir en intervention sociale tiennent d’un art de faire, d’une expertise, d’un savoir productif. Les impératifs de performance poussent à une sur-dimension du travail par objectifs et de la prévision au travers d’indicateurs du devenir de l’acte. Pensée rationnelle et théorique porteuse des projets de prestation comme nouveau mode de gouvernance. Dans ce cadre, parler d’efficience est évalué à l’aune de la mise en œuvre et de la réalisation de projets. L’action professionnelle en vue d’évaluation et de reconnaissance est attendue comme téléologique, consciente, verbale, descriptible et reproductible. Reste en demeure, la forme de pensée et d’agir spécifique au sujet engagé de manière interactive dans la pratique proprement dite de l’acte. Nous défendons que les professionnels dans les métiers de l’humain s’engagent dans un processus de co-construction au sein duquel la part d’imprévisibilité est inhérente au projet. En ce sens, le résultat de l’acte ne peut être prédéterminé, mais requiert une posture professionnelle risquée, porteuse de savoirs spécifiques, transmissibles.

Il est nécessaire de prendre en compte la part contextualisée de l’agir au sens des quatre dimensions de l’activité définies par Clot (2006). Déroulement dans lequel les protagonistes sont pris par la réalité du monde, par la culture et les règles de l’institution, par tout autre acteur qui prend part au projet. Concevoir l’agir dans sa part contextuelle montre combien le professionnel ne possède pas la maîtrise du processus en cours tout en devant être en capacité d’interactions propices au développement de la situation. L’organisation du travail est un fait prescriptif qui peut être traité comme une composante explicative et causale, mais elle est aussi tenue par des sujets, agissants et pensants, porteurs et producteurs de savoirs. Nous sommes en présence d’un modèle complexe explicatif et compréhensif au sein duquel organisation du travail et sujets au travail se trouvent en interactivité constante. L’acte est constitué d’éléments trivialement concrets, pratiques, qui ne concernent qu’un présent ponctuel et valable dans un contexte donné. C’est cette pensée du faire comme intelligence pratique, rusée, couplée d’une pensée téléologique, rationnelle, que nous chercherons à rendre dicible.
Saisir ce qui fait acte au travers de l’explicite et de l’implicite, de la sensorialité incarnée dans la mémoire des gestes du praticien tout comme dans ses dimensions cognitives est en soi un processus de construction de savoirs. Position qui amène à activer une pensée d’inclusion au sein de l’univers du travail social porté lui, journellement, par les problématiques de l’exclusion.

Bibliographie

CASTEL, R. La montée des incertitudes. Travail, protection, statut de l’individu. Paris : Seuil, 2009.

CERTEAU, M. de, L’invention au quotidien. 1. Arts de faire. Paris : Gallimard, 1990.

JOAS, H. La créativité de l’agir. Paris : Les éditions du Cerf, 1999.

JOBERT, G. L’analyse sociologique des groupes professionnels. In : Les formateurs d’adultes, matériaux pour l’étude sociologique d’un groupe professionnel. Etude réalisée pour le Ministère du Travail et de l’emploi. Délégation à la Formation Professionnelle, 1987, 89-133.

LE BLANC, G. Vie ordinaires, vies précaires. Paris : Editions du Seuil, 2007.

LEPLAT, J. Regards sur l’activité en situation de travail. Contribution à la psychologie ergonomique. Paris : PUF, 1997.

LHUILIER, D. Cliniques du travail. Ramonville Saint-Agne : Erès, 2007 [2006].

LIBOIS, J. & STROUMZA, K. (éds.) Analyse de l’activité en travail social. Actions professionnelles et situations de formation. Genève : Les Editions ies, 2007.

MENDEL, G. L’acte est une aventure. Paris : Editions La Découverte, 1998.

PASTRE, P. La conceptualisation dans l’action : bilan et nouvelles perspectives. Apprendre des situations. Education permanente, 1999, 139

PASTRE, P. Apprendre à faire. In : BOURGEOIS, E. & CHAPELLE, G. (éds.). Apprendre et faire apprendre. Paris : PUF, 2006, 109-121.

PIETTE, A. L’acte d’exister. Charleroi : Socrate Editions Promarex, 2009.

Présentation des auteurs

Joëlle Libois

Directrice de la Haute Ecole de Travail Social (HETS) Genève

Communication complète


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Résumé en Anglais


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