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Expérience de la pauvreté et savoirs émancipatoires
Les personnes vivant dans l’extrême pauvreté sont considérées trop souvent comme des individus marginalisés et dépourvus des capacités de faire valoir leurs droits. Or nous constatons qu’il est possible que ces personnes soient considérées tout autrement. Il est possible de bâtir de nouvelles de relations avec elles, qui vont tendre à leur émancipation. Il est possible d’inverser les rapports sociaux et donner aux personnes pauvres l’occasion d’être pourvoyeuses de savoirs.
C’est l’enjeu de l’Université populaire Quart Monde qui s’applique à favoriser la mobilisation et l’expression collective des personnes exclues. Celles-ci sont considérées comme étant porteuses d’expériences liées à leur vie de pauvreté. A partir de cette expérience, il est possible de construire des savoirs qui leur permettent de mieux maitriser leur vie, d’oser des rencontres, de se situer dans le monde. Cette construction de savoirs est produite dans les interactions, échanges, dialogues entre les différents membres de l’Université populaire.
En faisant un travail rigoureux de réflexion sur l’expérience et en s’engageant dans un dialogue entre des personnes issues de milieux socio-économique variés, il est possible de construire de nouveaux savoirs. En effet, les personnes qui vivent la pauvreté ont une vision et une compréhension du monde qui est unique, et qui est un apport indispensable pour tous ceux qui n’ont pas l’expérience de la pauvreté. Ces dernières peuvent alors apprendre des personnes pauvres,
L’Université populaire Quart Monde remet profondément en cause l’accès au savoir, sa production, sa validation, ses objectifs et en propose de nouveaux. Paradoxalement, ceux qui sont les plus éloignés du savoir et qui en subissent les conséquences très graves permettent de reconstruire les chemins vers des savoirs co-produits. Ils relèvent de prises de conscience fortes et conduisent à l’émancipation.
Ainsi, provoquer la rencontre entre des savoirs émanant de sources diverses, parfois antagonistes, et assurer la médiation qui va permettre l’intercompréhension et la production de nouveaux savoirs est une démarche très prometteuse. Un effort d’accès à la complexité du réel est important. C’est important pour la connaissance du monde et pour la démocratie.
L’effet émancipateur de l’Université populaire Quart Monde ne s’applique pas seulement aux personnes qui vivent dans la grande pauvreté et y acquièrent les outils pour la combattre. Cet effet s’applique à tous ceux qui sont partie prenante de ce processus de construction du savoir, et à tous ceux qui en tirent les conséquences. L’Université populaire ose la rencontre entre les pensées de personnes qui ne se rencontreraient jamais sans cette médiation ; c’est de cette façon qu’est mise en œuvre la démocratie cognitive. L’Université populaire Quart Monde apparaît alors avec son sens politique et citoyen au-delà de celui de production de savoir.
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