La légitimité des savoirs d’action
Les rapports entre la recherche et la pratique alimentent depuis fort longtemps les discussions en travail social. Déjà en 1922, dans son ouvrage What is Social Casework? Mary Richmond signalait l’importance de miser sur la recherche pour guider la pratique.
En contexte nord-américain, les débats sur cette question ont pris différentes orientations. Au début des années 1960, c’est la pertinence de fournir une formation en recherche aux intervenants sociaux qui faisait l’objet de débats. Vers le milieu des années 1970, l’enjeu s’est déplacé autour de l'utilisation de la recherche dans l'enseignement et l’intervention en travail social (Rubin et Rosenblatt, 1984). Avec l’émergence, à la fin des années 1990, de l’approche basée sur des données probantes, la référence aux résultats de recherche comme fondements de l’action est devenue un incontournable pour plusieurs observateurs du travail social.
En France, la question des connexions entre la recherche et la pratique du travail social a également fait l’objet de discussions, au fil des ans. Des événements comme la création du diplôme supérieur en travail social (DSTS), la mise sur pied du diplôme d’Etat d’ingénierie sociale (DEIS), le projet de création de Hautes Ecoles professionnelles en travail social et, plus récemment, la tenue d’une conférence de consensus sur « La recherche en/dans/sur le travail social » ont marqué différentes étapes dans les débats sur le sujet.
S’inscrivant dans la continuité de ces questionnements sur les liens entre savoirs scientifiques et actions professionnelles, cette communication proposera des éléments de réflexion en abordant des questions telles que : À quoi correspondent les savoirs scientifiques ? Dans quelle mesure est-il possible de considérer comme scientifiques les connaissances émanant du terrain de l’intervention ? Quelles sont les méthodes qui permettent la construction de savoirs scientifiques à partir d‘expériences de terrain ?
Pour répondre à ces questions, seront notamment abordées la circularité entre savoirs et actions, les caractéristiques de la connaissance scientifique, les similitudes entre le processus de la recherche et l’intervention professionnelle, et les modalités de productions de connaissances au regard des critères usuels de scientificité.
Daniel Turcotte
Professeur titulaire à l’Ecole de service social de l’Université Laval au Québec, Docteur en Education
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