Fiche Documentaire n° 3177

Titre Effets de raccommodement produits par l’écriture rétrospective
chez d’anciens appelés d’Algérie

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Auteur(s) CHAPUT Corinne  
Site de l'auteur Wiordpress ( CHAPUT Corinne )  
     
Thème Introduction à une thèse en Sciences de l’Education soutenue en novembre 2012  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Effets de raccommodement produits par l’écriture rétrospective
chez d’anciens appelés d’Algérie

J’ai fait la rencontre de Scholastique Mukasonga au moment de l’atroce apogée du génocide du Rwanda, en 1994. Trente-sept membres de sa famille, restés au pays, et dont le seul tort était d’être Tutsi, y ont péri.
En 2006, Scholastique publiait son premier livre et en janvier 2008, lorsqu’elle est venue à la rencontre des étudiants en travail social pour témoigner de sa résilience par l’écriture, elle venait d’achever son second ouvrage auquel elle a ajouté depuis lors un recueil de nouvelles et, tout récemment, un roman inspiré de son expérience qui lui a valu le Prix Renaudot 2012 .
Le cahier d’écolier qui suit toujours mon amie Schola, m’avait, à l’époque où est paru son premier livre, renvoyée à un autre cahier d’écolier. Mon père avait soixante-trois ans au moment où, comme Schola, il a pris la plume pour raconter son histoire. En effet, comme tous les jeunes Français de sa génération, il avait eu la malchance de devoir faire son service militaire durant la Guerre d’Algérie. « Lorsqu’il est revenu, il n’était plus le même », avait toujours dit ma mère; Il n’avait quasiment jamais parlé de ce qu’il avait vécu de l’autre côté de la Méditerranée pendant une trentaine d’années. Seules les questions de ses petits-enfants, surtout de l’un de ses petits-fils, l’avaient amené à revenir sur cette période de sa vie.
Mon sentiment était que ce récit l’avait libéré, n’ayant de cesse, cinquante ans plus tard, de retrouver ses souvenirs, qu’il avait pourtant mis tant d’énergie à cacher.
Et pourtant, il me semblait alors qu’écrire se heurtait, pour beaucoup d’autres, tantôt à des problèmes techniques, tantôt à des peurs plus irrationnelles. En effet, il s’agissait de parler de la mort, celle qui n’avait pas voulu d’eux, celle dont ils avaient cependant porté le fardeau durant si longtemps, celle qui était passée tout près et qui avait emporté la mère ou le camarade, celle qui ne les avait pas choisis et dont ils voudraient être sûrs qu’elle ne s’était pas trompée.

A l’époque où je décidai de travailler ces questions, le silence d’une ou plusieurs décennies signifiait la peur, la culpabilité, le souci de ne pas écraser l’autre de ses états d’âme ; il s’agissait de la honte aussi, honte d’être là et pourtant d’oser se plaindre.
Cette conviction intime que l’écrit était libérateur était donc en même temps ébranlée parce que des exemples célèbres attestaient de l’échec de l’entreprise ou venaient pour le moins la mettre en question.

La première partie de cette recherche s’appuie sur des recherches documentaires, dde nature à apporter un éclairage théorique sur les effets de l’écriture chez les personnes ayant souffert de traumatismes de guerre. Elle définit ce que l’on entend aujourd’hui par situation extrême et lorsque l’on emploie le concept de traumatisme. Elle explique comment a émergé ce nouveau paradigme, depuis un siècle environ, comment il a été traité, en premier lieu par le milieu médical et comment, désormais, il est investi par le champ des sciences humaines et sociales. Elle tente de comprendre également pourquoi la transmission des émotions violentes qui accompagnent les traumatismes est si difficile et ce qui peut néanmoins la motiver, pour terminer par les effets que produit cette transmission.
La suite consiste à présenter les histoires de vie de quatre anciens appelés d’Algérie qui ont écrit le récit de leur expérience traumatique. Partant d’extraits originaux de ces récits de vie, elle propose une analyse des faits qu’ils ont rapportés, des émotions et sentiments qui les ont habités au moment où ils les ont traversés. Ensuite, elle formule des hypothèses quant aux raisons qui les ont conduits à se taire pendant plusieurs décennies, puis quant à celles qui ont mis le point final à ce long silence, pour finir par envisager les effets produits par l’écriture de leur récit. Effets regroupés sous le terme un rien désuet de raccommodement, mais qui semble très adéquat en la circonstance.

Bibliographie

BERTAUX Daniel, Histoire de vie, Recherches, formations, pratiques, 1990, n°126, p.16.
Colloque « Mémoires des Anciens Appelés en Algérie et construction d’historicités », 21 novembre 2012, Université permanente de Nantes.
LAINE Alex, Faire de sa vie une histoire : théories et pratiques de l’histoire de vie en formation, Paris : Desclées de Brouwer, Collection Sociologie clinique, 2007, 276 p., p.142.
MUKASONGA Scholastique. La Femme aux pieds nus. Paris : Gallimard, 2008, 145 p
CYRULNIK Boris. Un Merveilleux malheur. Paris : Odile Jacob, 2002, 218 p.

Présentation des auteurs

Corinne Chaput-Le Bars
Responsable du PREFAS à l’IRTS de Basse-Normandie.

Communication complète


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Résumé en Anglais


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