Former les travailleurs sociaux en s'appuyant
sur les projets menés dans les quartiers des villes et des villages
Former les travailleurs sociaux en s'appuyant sur les projets menés dans les quartiers des villes et des villages
Parmi les sujets les plus controversés, celui de la gestion collective de l’espace urbain et rural en milieu africain, et notamment tchadien, ne peut laisser personne indifférent compte tenu des vicissitudes socio-économiques auxquels font face aujourd’hui bon nombre de populations. A tous les paliers de la vie sociale, on en parle et on n’en parlera jamais assez étant entendu que les relations que nouaient les hommes entre eux, dans un cadre traditionnel, connaissent aujourd’hui une désarticulation et une déstructuration. Nous vivons aujourd’hui dans une société en pleine mutation où les changements sociaux engendrent des déséquilibres profonds sans précédents dans les manières de penser et d’être des populations.
L’exploration empirique du phénomène en question nous permet implicitement et explicitement de dire que :
1. La question de la dynamique urbaine et rurale aujourd’hui mérite bien une attention et une réflexion
2. Les thèses émises ça et là par certains chercheurs et travailleurs sociaux n’ont pas pour unique fonction de faire un constat grossier du phénomène, mais également le procès, si l’on peut dire, de l’espace de vie en milieu urbain et rural actuel où, perdus dans les méandres des valeurs sociales d’un type nouveau, les hommes, les femmes, les jeunes se cherchent très souvent seul, mais parfois collectivement à travers le tissu associatif qui constitue pour eux à la fois un cadre de ressourcement, de gestion communautaire de l’espace, cadre de vitalité, lieu de réponses à une pluralité de questions et de défis.
Dans nos types de société fondée sur l’organisation lignagère, la vie sociale reposait sur des lois des valeurs, des normes sociales dont les dépositaires sont les aînés sociaux qui assuraient la gestion de la communauté et des biens, et entretenaient également la peur de la maladie, de la mort et bien d’autres infortunes sociales.
Toute cette problématique nous conduit inéluctablement à l’élucidation de la valeur de la parenté. En effet, la parenté est l’univers social par excellence au sein duquel les hommes organisent leurs rapports sociaux (gestion et circulation des hommes et des biens). Lieu de production et de consommation, la parenté organise au sein de la société traditionnelle une trame, un réseau de relation de solidarité organisée et dynamisée par le fait même d’appartenir au sang de la mère ou au sang du père ; c’est-à-dire l’appartenance à la même matière. Ainsi mettre au monde un enfant c’est en même temps créer la parenté, autrement dit, créer des hommes et les reliés soit par le sang de la mère ("Mekon" : "Ventre de la mère") ou le sang du père ("Guel baou" : racine paternelle") soit par alliance matrimoniale.
Ainsi dans la gestion du quotidien, la référence est faite au "Mekon" ou au "Guel baou" et non à l’origine ancestrale commune (Guel kà).
L’idée de départ qui induit cette communication procède d’un constat tout à fait empirique. En effet, aujourd’hui dans l’espace urbain et rural qui est le nôtre, on note depuis quelques années une prolifération d’associations, de comités d’assainissements ou autres organisations locales. Cette prolifération est révélatrice d’une part, des valeurs culturelles de type communautaire perdues, et d’autre part, du souci réel de recréer et de revivre certaines valeurs de vie de la parenté dans un milieu cosmopolite et souvent anonyme.
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