Titre | L'apprentissage des métiers du care en Île de France et en Rhénanie du Nord Westphalie: vers une alternance délibérative? | Contacter |
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Auteur(s) | SENTIS Julie | |
Thème | Pour une approche participative | |
Type | Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative... |
Résumé |
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L'apprentissage des métiers du care en Île de France et en Rhénanie du Nord Westphalie: vers une alternance délibérative? La voie de l’apprentissage est encouragée par la région Île de France à destination des formations sanitaires et sociales de niveau V alors que leurs équivalents dans les régions allemandes par exemple en Rhénanie du Nord Westphalie, pourtant considérées comme des championnes de l’apprentissage, s’effectuent uniquement sous statut scolaire. La question se pose donc de savoir quel mode de formation – par apprentissage en France ou scolaire en Allemagne – favorise davantage le développement professionnel des jeunes personnes en formation conçu comme celui de leurs capacités au travail, à la fois construction d'un choix biographique et d'un pouvoir d'agir relationnel chez l'employeur ou en stage (Zimmermann, 2012). Au prisme d’une enquête ethnographique effectuée sur le modèle multisite (Marcuse, 1995) dans deux CFA franciliens privé et public proposant des formations d’Aide Médico Psychologique (AMP) et d’Auxiliaire de Puériculture (AP) et deux Berufskolleg ou lycée professionnels westphaliens privé et public proposant des formations d’aidant sociaux et de soigneurs d’enfants (niveau Hauptschule équivalent au niveau 3ème), j’ai réalisé 90 entretiens avec des apprentis, des formateurs et des maîtres d’apprentissages franciliens, des élèves et des enseignants westphaliens, des directeurs d’établissements, d’OPCA et des responsables du financement, de l’organisation et de la sécurisation des parcours de formation dans les deux régions de référence. Si la constitution des référentiels allemands insistent indéniablement sur la notion d’identité professionnelle moins évidente en France en référence à la « personne » morale de l’usager, il apparaît que les élèves westphaliens ne sont pas davantage protégés que les apprentis franciliens. La différence se fait au niveau du secteur d’activité plutôt qu’au niveau de la région de référence : les formations sociales (AMP et aidant sociaux) sécurisent moins les jeunes personnes en formation que le secteur sanitaire (AP et soigneurs d’enfants). Ce n'est pourtant pas le fait d'un dispositif centralisé, lié à la tutelle publique, qui « manquerait » au secteur social. Au contraire, c'est bien la place faite à l'apprenti ou au stagiaire qui semble poser problème : le stagiaire, en cours de qualification donc non-qualifié, ne pourrait participer pleinement à la vie de la structure accueillante. Si la question de la responsabilité juridique se pose avec raison, la dynamique participative vers lequel le secteur social évolue aujourd’hui pourrait au contraire être considérée comme un levier plutôt qu’un frein : qualifié ou non, déjà en poste ou en formation, chaque professionnel participe au développement commun de la structure en se développant lui-même avec ses collègues d'un point de vue professionnel dans une interrogation constante sur ses pratiques et leurs évolutions. Une dynamique participative pourrait donc associer les personnes en formation comme les professionnels à part entières au sein de la structure (Le Goff, 2012) autour de la discussion des problèmes qui s'y posent. Associer les familles des usagers et les professionnels concernés serait un deuxième temps possible de façon à favoriser le développement de chacun dans le respect du développement commun. |
Bibliographie |
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Beaud S. (2003), 80 % au bac... et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, La Découverte, 345. |
Présentation des auteurs |
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Julie Sentis, docteure en sociologie (LEST, Aix-Marseille Université) |
Communication complète |
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La région Île de France mise aujourd’hui « sur la complémentarité d’une offre de formation diversifiée (dans ses voies et dans ses modalités) [pour offrir aux jeunes Franciliens] des parcours fluides et positifs » . L’apprentissage, plaçant les alternants à la croisée de temporalités formative en centre de formation et professionnelle chez l’employeur, sont ainsi concernés au premier chef. Les lois d’Astier (1919), Delors (1971) puis Séguin (1987) - qui marque un tournant structurel en étendant l’apprentissage à tous les niveaux - ont en effet peiné à faire prendre son envol à ce mode de formation en France. C’est la loi quinquennale sur l’emploi de 1993 qui a eu un effet dopant, notamment en supprimant l’agrément préalable du maître d’apprentissage institué en 1971 et en augmentant les aides financières aux entreprises, processus déjà entamé par la loi Séguin (Moreau, 2003). Ayant depuis 2007 connu en Île de France ses plus grands succès dans l’enseignement supérieur, l’apprentissage doit aujourd’hui être développé en priorité à destination des personnes peu qualifiées, en étant promu en tant que « passeport vers l’emploi » (Jean-Paul Huchon, président de la région Île de France). Ainsi, 26% des personnes effectuant une formation de niveau V en Île de France sont apprenties en 2009, bien que leur nombre ait baissé de 13% de 2008 à 2009 sous l’effet de la crise. Dans le secteur des métiers du care défini par Paperman (2011) comme « l’ensemble des activités qui répondent aux exigences caractérisant les relations de dépendance », la proportion s’accroît encore : les personnes préparant le Diplôme d’Etat d’ « Auxiliaire de Puériculture » (AP) sont 60% et les Diplôme d’Etat d’ « Aide Médico-Psychologique » (AMP) 80% à effectuer leur formation en apprentissage, exclusivement féminine pour les unes et comprenant 5% d’hommes pour les autres. Pourtant, en Allemagne longtemps considérée par les pouvoirs publics français comme le champion de l’apprentissage avec son duales System, la préparation des métiers correspondants Kinderpfleger ou soigneur d’enfant (KP) et Sozialhelfer ou aidant social (SH) se fait exclusivement sous statut scolaire. Une enquête conduite sur le modèle multisite (Marcus, 1998) m'a en effet permis de mener 90 entretiens dans deux CFA franciliens et deux Berufskolleg (équivalent des lycées professionnels) westphaliens (publics et privés dans les deux régions) avec deux promotions 2011-2012 et 2012-2013 d'apprentis français et d'élèves allemands, les formateurs et enseignants, les directeurs et tous les acteurs notamment régionaux intervenant directement ou non dans leur parcours. |
Résumé en Anglais |
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This research aims at examining, from the inside and outside, different methods of professional training in “care” work between 2010 and 2013. We focus on methods used in French regions and those retained by the Länder in Germany. Our methodology is essentially a multi-pronged approach of capacities, partly based, on the one hand, on the analysis of a bibliography of historical and macro-sociological aspects and, on the other, on 90 interviews conducted in two establishments and several administrations in two regions: the Paris region (Ile de France or IDF) and North Rhine – Westphalia (NRW). In effect, is it not true to say that the "societal effect" (Maurice, Sellier, Silvestre, 1982) only plays a limited role? |