Fiche Documentaire n° 3397

Titre La formation des travailleurs sociaux : le rôle à jouer des universités

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Auteur(s) GARRIGUES Hélène  
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

La formation des travailleurs sociaux : le rôle à jouer des universités

En France, la formation des travailleurs sociaux est historiquement ancrée dans le champ de la formation professionnelle et comme le précise l’Unaforis dans l'appel à communication pour sa biennale 2014 : elle n’est plus réservée aux formateurs des Etablissements de Formations des Travailleurs Sociaux (EFTS). Ce phénomène a débuté il y a plusieurs dizaines d'années (Ministère des affaires sociales et de la santé, 2012) s'illustrant principalement par des partenariats permettant aux étudiants de bénéficier d’un double cursus, à la fois professionnel et universitaire. Si nous prenons l’exemple de l’ETSUP, son premier partenariat avec l’Université de Paris-Ouest Nanterre La Défense date de 1982 et s’est établi autour du Diplôme Supérieur en Travail Social (DSTS). La volonté de proposer des doubles cursus aux étudiants ne date donc pas d'aujourd'hui. Ce qui évolue néanmoins et apparaît plus récemment, c'est l'arrivée des IUT sur le marché de la formation, notamment des éducateurs spécialisés et des assistantes sociales (Fablet, 2009). Outre cette évolution qui n'en demeure pas moins considérable, l’université semble également être une alternative à certaines formations supérieures en travail social, dispensées par les EFTS, qui demeurent coûteuses, à la fois pour les professionnels sur leurs fonds propres et/ou pour les employeurs du champ.

Educatrice spécialisée depuis maintenant un an, mon parcours de formation, associe formation universitaire et formation professionnelle, illustrant ainsi les différentes places et rôles qu’occupe aujourd’hui l’université, dans la formation des travailleurs sociaux :
 L’université aux côtés des EFTS : les doubles cursus
 L’université en lieu et place des EFTS : les IUT
 L’université comme formation supérieure et continue : Les masters professionnels

En effet, après avoir effectué un DUT Carrières Sociales option Education Spécialisée, j’ai intégré une école de travail social afin d’achever mon cursus de formation d’éducateur spécialisé. La même année, et ce grâce au partenariat passé entre mon école et une université, j’ai pu effectuer une troisième année de Licence Sciences de l’Education. Aujourd’hui, parallèlement à mon poste d’éducatrice spécialisée à l’Aide Sociale à l’Enfance, j'ai fait le choix de poursuivre ma formation en Master professionnel.

Les orientations pour les formations sociales 2011-2013 mettaient en avant l’importance de «viser un haut niveau de compétences en combinant étroitement savoirs professionnels et savoirs théoriques» (Ministère des affaires sociales et de la santé, 2012, p.3). Précisons néanmoins que les savoirs professionnels ne relèvent pas exclusivement des EFTS, tout comme les savoirs théoriques de sont pas uniquement l’affaire des universités. Ainsi, tout en ne revenant pas sur l’ancrage des diplômes de travail social dans le champ professionnel, cet objectif met en avant la nécessité de créer et d’entretenir des partenariats étroits entre universités et EFTS. Il s’agissait également de mettre en œuvre le Processus de Bologne afin « d’améliorer la qualité globale du dispositif de formation et son homogénéité » (Ministère des affaires sociales et de la santé, 2011).

C’est pourquoi, au travers de cette communication, je souhaite témoigner de la complémentarité de ces formations en partageant mon expérience et mon vécu, quant à cette collaboration entre écoles de travail social et universités, son articulation et ses apports. Allier formation universitaire et professionnelle a été très enrichissant pour moi, de part la diversité des enseignements mais aussi des intervenants que j’ai pu rencontrer (travailleurs sociaux, cadres médico-sociales, chercheurs, universitaires…). Mais cette alternance a également pu être source de difficultés à certains moments de mon parcours. En effet, cela nécessite d’identifier et de s’adapter aux attentes et à l’organisation de chacune de ces instances de formation qui n’en reste pas moins différentes.

Bibliographie

Ministère des affaires sociales et de la santé. (2012). La coopération entre les établissements de formation préparant aux diplômes de travail social et les universités. Repéré à http://www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/RAPPORT_cooperationentreetabeetdiplome.pdf

Ministère des affaires sociales et de la santé. (2012). Etude visant la réalisation d’un bilan des coopérations mises en œuvre entre les établissements de formation préparant aux diplômes de travail social et les universités. Repéré à http://www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Strasbourg_Conseil_MSCS_Rapport_final.pdf

Direction générale de la cohésion sociale. (s.d). Synthèse du rapport : « La coopération entre les établissements de formation préparant aux diplômes de travail social et les universités ». Repéré à http://www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/synthese_cooperation_etablissement_de_formation_csts_juin_2013.pdf

Fablet, D. (s-d). Le travail social et la formation des travailleurs sociaux. Repéré à
http://www.unicaen.fr/puc/ecrire/ouvrages/40ans_education/0740ans_education.pdf

Présentation des auteurs

Hélène GARRIGUES est éducatrice spécialisée au Bureau de l'Aide Sociale à l'Enfance de Paris.
Titulaire d'un DUT Carrières Sociales option Education Spécialisée, du DEES, d'une Licence Sciences de l'Education, elle poursuit aujourd'hui ses études en Master Sciences de l'Education mention Education Familiale et Interventions Socio-Éducatives en Europe (EFISE) à l'université de Paris-Ouest Nanterre La Défense.

Communication complète

Les réflexions et analyses présentées dans cette communication s’appuient sur mon propre parcours de formation professionnelle, qui oscille entre le monde universitaire et celui des EFTS, tout en me référant à différents rapports et référentiels. C’est pourquoi, dans cette communication il sera question des places et rôles qu’occupent dans la formation des travailleurs sociaux et plus particulièrement celle des éducateurs spécialisés, l’université Paris Ouest Nanterre La Défense, l’IUT de Ville d’Avray qui y est rattaché, ainsi que l’ETSUP, EFTS se trouvant dans le 14ème arrondissement de Paris.
Après l’obtention de mon baccalauréat, je souhaitais intégrer une formation d’éducateur spécialisé afin d’exercer ce métier qui, d’après les informations dont je disposais, pouvait correspondre à mes compétences et appétences. Pour mener à bien ce projet, je me suis inscrite auprès de trois écoles de formation en travail social et ai parallèlement inscrit le DUT Carrières Sociales (CS) option Education Spécialisée (ES) de l’IUT de Ville d’Avray sur le site « Admission Post-Bac ». Ceci afin d’optimiser mes chances de devenir un jour éducatrice spécialisée.
C’est ainsi, que j’ai effectué, dans chacune des EFTS où j’ai déposé ma candidature, une épreuve écrite, qui m’amènera dans deux d’entres elles à une épreuve orale. Je n’ai néanmoins été admise dans aucune de ces écoles, les formateurs et candidats rencontrés pointant notamment mon jeune âge comme une difficulté, qui s’est avérée, au vu des résultats, insurmontable. Il ne restait donc que ma candidature au DUT CS option ES de l’IUT de Ville d’Avray pour me permettre de mener à bien mon projet professionnel. Après que mon dossier ait été retenu, j’ai été convoquée à un entretien individuel. J’intégrerai à la rentrée suivante cette formation universitaire.
Contrairement aux EFTS rencontrés, le DUT de l’IUT Ville d’Avray n’est pas réticent à sélectionner de jeunes candidats, inexpérimentés et pouvant encore avoir des doutes quant à leur projet professionnel. Quelques étudiants, après ces deux années de formation se dirigeront d’ailleurs vers d’autres projets de formation plutôt que vers le Diplôme d’Etat d’Educateur Spécialisé (DEES). D’après l’équipe pédagogique du DUT, le nombre de ces étudiants augmentes au fil des années, mettant ainsi en avant une évolution dans la composition des promotions. Il n’en reste pas moins que le public de ce DUT se différencie de celui des EFTS, notamment au niveau de l’âge des étudiants, ce qui demeure une caractéristique observable. Toutefois, les « enquêtes écoles » de la DREES démontrent un rajeunissement des étudiants inscrits dans les écoles : les moins de 20 ans représentaient en 2007 22.7 % des effectifs contre 27 % en 2011. (DRESS série statistique N°175, cité par le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 2013)
Les DUT CS option ES sont assez récents contrairement à l’option « Assistante Sociale ». Il n’existe donc pas à ce jour de recherche qui atteste de ces différences. Néanmoins, au vu de ces observations, nous pouvons nous questionner sur les moyens mis en œuvre par ce DUT pour permettre aux étudiants de se préparer au DEES en trois ans ; deux années de DUT Carrière Sociale et une troisième année en école d’éducateur spécialisé, tout en sachant que la majorité de ces mêmes étudiants se sont vus refuser une entrée en EFTS.
Les formations en DUT se fondent sur un Programme Pédagogique National (PPN) dans lequel figure les différents enseignements dispensés, ainsi que leur volume horaire (Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 2013). Le DUT CS option ES de l’IUT Ville d’Avray a lui été pensé en fonction du marché de l’emploi, des attentes des étudiants, mais il a également été pensé dans le sens d’une forte convergence avec la formation d’éducateur spécialisé. Ceci, tant au niveau de l’enseignement théorique qu’au niveau de la formation pratique, allant ainsi au-delà des 1400 heures d’enseignements réparties sur les deux années de formation figurant dans la PPN, ainsi que les 12 semaines de stage prévues, puisqu’il en prévoit plus du double. La formation d’éducateur spécialisé dispensée par les EFTS compte quant à elle 1450 heures de formations réparties sur trois années selon l’Article 5 de l’arrêté du 20 juin 2007 relatif au diplôme d’Etat d’Educateur Spécialisé. Le DUT CS option ES de l’IUT Ville d’Avray a donc, à la fois une convergence forte entre son programme et celui des EFTS, mais il met aussi l’accent sur la formation théorique et pratique, accent illustré par le volume horaire accordé à chacun. Ce volume horaire permet alors au DUT de proposer des enseignements complémentaires aux étudiants. De nombreux travaux sont également demandés aux étudiants, leur permettant ainsi de travailler l’écris.
Concernant les effectifs d’étudiants, les promotions du DUT de l’IUT Ville d’Avray se composent de 20 à 30 étudiants, ce qui permet à la fois un suivi individualisé, mais aussi davantage d’interactions entre les intervenants et les étudiants, favorisant notamment la réflexion individuelle et collective. Dans certains EFTS les promotions peuvent dépasser les 50 étudiants et certaines interventions se déroulent en amphithéâtre, conjointement avec d’autres filières, ce qui ne peut permettre des échanges de même nature.
Pour finir, dans l’objectif de permettre aux étudiants de poursuivre leur cursus en troisième année de formation d’éducateur spécialisé au sein d’une EFTS, le DUT CS ES de l’IUT Ville d’Avray, tente de sensibiliser leurs étudiants aux épreuves du DEES, tout en ne prétendant par les entraîner à ces dernières, travaille qui est davantage entrepris dans les EFTS
Les étudiants justifiant d’un diplôme universitaire de technologie mention Carrière Sociale peuvent prétendre jusqu’aux deux tiers d’allègement de la formation d’éducateur spécialisé d’après l’article 9 de l’arrêté du 20 juin 2007 relatif au diplôme d’Etat d’Educateur Spécialisé. Toutefois, les EFTS semblent réticents à appliquer cet allègement mettant en avant la difficulté à comparer les programmes et à évaluer le niveau des étudiants, discours qu’ont pu entendre certains étudiants sortant de DUT et souhaitant intégrer une troisième année de formation au sein d’EFTS, notamment de province. C’est pourquoi, outre la volonté d’avoir pensé le DUT en tenant compte du contenu de la formation ES, l’équipe pédagogique du DUT CS option ES de l’IUT Ville d’Avray a dès ses débuts œuvré pour faire connaitre son programme et faire reconnaître son existence sur le marché de la formation, à la fois auprès des sites qualifiants et des EFTS. Ce travail aboutira notamment à un partenariat étroit avec trois EFTS d’Ile de France, afin de favoriser l’accès en troisième année de formation d’éducateur spécialisé, aux étudiants diplômés de ce DUT.
C’est grâce à l’un de ces partenariats que j’ai pu intégrer la troisième année de formation ES de l’ETSUP. L’ETSUP est une EFTS qui propose à ses étudiants de la filière ES un double cursus, en partenariat avec l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense. Au cours de cette troisième année, j’ai alors pu me préparer aux épreuves du DEES, tout en effectuant une troisième année de Licence Sciences de l’Education. C’est lors de cette expérience que j’ai pu observer que le passage de l’université à une formation en EFTS, tout comme l’alternance entre EFTS et université, nécessitent certaines adaptations de la part des étudiants.
Tout d’abord, la transition entre une formation universitaire telle que le DUT et un EFTS a principalement impliqué, en ce qui me concerne, un réajustement concernant les attendus de la formation, ainsi que celles du diplôme. En effet, cette différence entre les commandes de formation a été exacerbée lorsque j’ai commencé à rédiger les différents dossiers demandés dans le cadre des épreuves du DEES. Au sein du DUT il nous était laissé la possibilité d’interroger, de questionner les pratiques et de les critiquer. Or, dans le cadre du DEES, cette opportunité de réflexion m’a semblé réduite, avec des sujets assez redondants d’un étudiant à un autre ou d’une promotion à une autre, avec également une vigilance accrue quant au contenu dans la volonté de « limiter les risques ». Mon intention n’est néanmoins pas ici d’incriminer les EFTS, puisqu’ils tirent l’enseignement des promotions précédentes qui se sont présentées elles aussi au DEES. Mais davantage de mettre en lumière les difficultés qui peuvent être rencontrées par les étudiants passant d’une instance de formation à une autre. Le rapport «Évaluation de la réingéniérie du Diplôme d’Etat d'Educateur Spécialisé » de la Direction Générale de la Cohésion Sociale met notamment en avant le fait que les épreuves du DEES s’attardent davantage sur la « qualité du récit des compétences que leur maîtrise » (p.38), ce qui peut rejoindre l’idée énoncée ci-dessus.
Ensuite, en ce qui concerne les étudiants de l’ETSUP qui en troisième année se rendent tous les vendredis à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense afin suivre la troisième année de licence Sciences de l’Education, les difficultés semblent être de natures différentes. En effet, ces derniers ont été en difficulté, non pas en ce qui concerne les attentes des diplômes entrepris, mais davantage au sujet de ce que nous pouvons nommer les exigences organisationnelles du monde l’universitaire. En effet, l’Université de Nanterre, comme d’autres universités, réglemente les absences, les retards et les évaluations des étudiants. Il n’existe aucune souplesse quant à ces règles contrairement à l’ETSUP. Ce règlement rigide a alors été une réelle difficulté pour les étudiants de l’ETSUP, tout comme l’ont été les normes de communication entre enseignants et étudiants qui différent également d’une instance à une autre.
A la suite de ce cursus de formation, une fois diplômée, j’ai souhaité trouver un poste dans le champ de la protection de l’enfance, tout en poursuivant mon parcours de formation. C’est dans un premier temps le Diplôme d’Etat d’Ingénierie Sociale (DEIS) qui a attiré mon attention, de part son contenu et ses perspectives professionnels. Toutefois, cette formation coûte prés de 14000 euros. Etant jeune diplômé et nouvellement sur le marché de l’emploi il y avait peu de chance que mon future employeur prenne en charge cette formation. J’ai alors décidé de poursuivre mon parcours en Master.
La formation universitaire et principalement le Master selon moi a une approche pédagogique différente que celle que j’ai pu connaitre en DUT ou en troisième année de formation d’éducateur spécialisé. En Master nous travaillons beaucoup à partir de recherches, d’études ou encore de diagnostics. Il s’agit alors «d’apprendre à articuler les savoirs théoriques et les savoirs d’action, apprendre la rigueur, apprendre à communiquez sa pensée». (Clerc, 2008).

Résumé en Anglais


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