Dans quelles mesures les instituts de formation en travail social peuvent-ils s’inscrire dans l’éducation au développement durable ?
La notion de développement durable, apparue en 1987, est un terme profondément polysémique. Il est toutefois assez large dans son acception puisqu’il intègre les logiques économiques, sociale et écologique.
Comme l’indique le sociologue Philipp Mondolfo, il existe une proximité théorique, éthique, et pratique entre le travail social et le développement durable. En effet, dans la mesure où le cœur d’action du travail social demeure l’humain et où le premier principe retenu par le sommet de la terre à Rio (1992) énonce que « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable », le dénominateur commun entre les deux champs est trouvé.
Les professions multiples et variées du travail social en France possèdent des compétences complémentaires et dont une parcelle de leurs activités peut être extraite pour les orienter dans l’action au développement durable.
Les Éducateurs Spécialisés, les Éducateurs de Jeunes Enfants, les Moniteurs Éducateurs, dont les compétences en matière d’action éducative ne sont plus à démontrer, font la preuve qu’ils ont un rôle à jouer dans ce domaine en matière d’éducation à la citoyenneté ou à travers les actions éducatives de sensibilisation à l’environnement.
Les Conseillers en Économie Sociale et Familiale, les Assistants de Service Social et les Techniciens de l’Intervention Sociale et Familiale peuvent agir dans l’accompagnement budgétaire des familles et dans la sensibilisation aux économies d’énergie. Ils peuvent aussi intervenir dans les actions d’insertion permettant d’orienter les personnes dans le secteur dit de l’IAE (Insertion par l’Activité Économique).
Ce sont les animateurs socio-culturels qui, dans leurs pratiques d’animations quotidiennes, proposent des activités de sensibilisation à l’environnement au sens large du terme pour les jeunes publics.
Ce sont plus globalement les travailleurs sociaux qui cherchent à développer des expériences innovantes, s’inscrivant dans le champ de l’économie sociale et solidaire, pour trouver des solutions adaptées aux problèmes rencontrés par les personnes qu’ils accompagnent.
Ce sont, enfin, les cadres de l’intervention sociale qui, par les effets d’un contexte de crise, se tournent vers les solutions possibles pour économiser sur les consommables.
Le travail social ferait dans le développement durable sans le savoir ou sans le dire !
Les enjeux planétaires autour de la réflexion sur la place centrale de l’Homme dans le système économique et de sa survie au centre de la biodiversité doivent conduire les différents secteurs professionnels à recentrer leurs interventions dans cette perspective.
L’action sociale, dont le cœur de l’action historique est la promotion de l’humain et le développement durable, dont la préoccupation est l’interaction homme/environnement, ne peuvent plus fonctionner parallèlement. L’humain décontextualisé de son environnement n’est pas viable, nous le savons bien. La prise en compte plus forte de son environnement dans son accompagnement est un enjeu fort de développement. Le travail social a donc tout intérêt à conduire son action dans ce contexte, d’autant plus que le développement durable permet une réelle recomposition des espaces sociaux, économiques et environnementaux.
Pour cela, la formation à l’éducation au développement durable doit s’insérer plus fortement dans les formations des métiers au travail social. Il y a lieu d’observer, à travers les arrêtés encadrant les formations, à quel endroit cette inscription est possible. C’est une tâche à laquelle s’est attelée la HETS de Genève puis les quatre sites HES-travail social de Suisse romande. La France doit leur emboîter le pas.
L’objet de cette communication sera de faire état des expériences de projets d’éducation au développement durable dans le champ social et d’imaginer les axes de formation possibles pour le développement de la conceptualisation du lien travail social/développement durable.
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