Fiche Documentaire n° 3591

Titre Affinités électives du yoga et du travail social au Québec et dans le monde francophone

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l'auteur principal

Auteur(s) BERGERON-LECLERC Christiane
CHERBLANC Jacques
 
     
Thème Pistes de réflexion à partir d’une recension systématique des écrits  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

Affinités électives du yoga et du travail social au Québec et dans le monde francophone

Selon les plus récentes estimations (ISQ, 2012), 1 054 534 Québécois âgés de plus de 19 ans (1/6 selon le MSSS, 2005) verront leur santé mentale perturbée à un moment de leur vie. Alors qu’on a longtemps cru à la chronicité des troubles, l’on sait maintenant que même les personnes les plus gravement touchées peuvent se rétablir (de 49% à 68% selon les études : Allott et al., 2002). Malgré le fait que les études ne fassent pas consensus sur ce que constitue le rétablissement (Onken et al., 2007), la majorité s’entend pour dire que ce processus résulte de l’interaction entre de multiples facteurs liés à l’individu, à l’environnement ou à l’intervention (Bergeron-Leclerc, 2010 : 33). Parmi les facteurs individuels ayant un impact sur le rétablissement, celui de la spiritualité retient notre attention. Ainsi, près d’un millier d'études démontrent les effets positifs de la spiritualité sur la santé des individus (Koenig, 2009; Hook et al., 2010), mais peu d’études expliquent précisément la contribution de ce facteur dans le processus de rétablissement des personnes (Green et al., 2009; Corrigan et al., 2003; Lachance, 2009). De plus, malgré des effets positifs reconnus, au Québec, la spiritualité n’est manifestement que très peu, voire jamais utilisée comme outil thérapeutique pour différentes raisons qui tiennent tant aux intervenants, au contexte organisationnel de dispensation des services, à la clientèle, à la culture moderne occidentale et aux spécificités québécoises (Cherblanc, 2013; Jobin et al., 2013; Menezes et Moreira-Almeida, 2010). En dépit de cela, et considérant la nécessité d’intervenir selon une approche globale et centrée sur les forces des personnes si l’on souhaite soutenir le rétablissement (Rapp et Gosha, 2006), des programmes d’intervention à connotation spirituelle se développent dans le champ de la santé mentale depuis près d’une dizaine d’années. Portés notamment par le courant de la psychologie positive (Martin-Krumm et Tarquinio, 2011), ces programmes initialement développés dans le champ des « maladies chroniques ou terminales » s’intègrent de façon très graduelle, au champ de la santé mentale. Ainsi, à côté des approches traditionnelles, standardisées, inspirées du modèle biomédical, se développent des approches alternatives qui incorporent des principes issus notamment du bouddhisme ou de l’hindouisme comme le yoga. Si cela est vrai pour l’Inde et les milieux anglosaxons, ces initiatives se font toutefois plus rares au Québec et dans le reste de la francophonie. Cet écart apparait en tout cas clairement dans la littérature savante tel que constaté lors d’une recension systématique des écrits réalisée cette année en ce qui a trait aux effets des programmes d’intervention incorporant le yoga. Cette communication propose tout d’abord de présenter les résultats de cette recension en mettant l’accent sur les effets biologiques, psychologiques, sociaux et spirituels des programmes d’intervention incorporant le yoga. Cette recension montre que l’intégration du yoga à l’intervention en santé mentale est bénéfique autant pour l’aidant – qui développe une pratique plus individuelle et originale – que pour l’aidé – qui se responsabilise et sociabilise par une pratique yoguique de plus en plus autonome. Puis, à partir des conclusions de cette recension, nous discuterons des moyens que pourraient se donner les différents acteurs impliqués dans la formation et la prestation des services sociaux pour réaliser une meilleure intégration du yoga au travail social, notamment dans le champ de la santé mentale. Dans un contexte budgétaire difficile au sein des institutions de santé et de services sociaux, le recours au yoga apparaît ainsi comme une façon relativement simple et concrète de bonifier l’art de faire des travailleurs sociaux.

Bibliographie

Allott, P., Loganathan, L., & Fulford, K. W. M. (2002). Discovering hope for recovery from a british perspective : a review of a selection of recovery literature, implications for practice and systems change. Canadian journal of community mental health, 21(3), 13-33.
Bergeron-Leclerc, C. (2010). Les facteurs qui facilitent et entravent le cheminement vers l’intégration sociale des personnes ayant des troubles mentaux graves et recevant des services d’une équipe de suivi intensif dans la communauté. Thèse de doctorat. Faculté des sciences sociales. École de service social. Université Laval.
Cherblanc, J. (2013, à paraître). Analyse du développement de la notion de spiritualité en santé. Dans G. Jobin et J.-M. Charron (Dir.). Spiritualité et santé, Québec : PUL.
Corrigan, P., McCorkle, B., Schell, B. & Kidder, K. (2003). Religion and spirituality in the lives of people with serious mental illness, Community mental health journal, 39(6), 487-499.
Green, J. E., Gardner, F. M., & Sandra, S. A. (2009). Healing of the soul : the role of spirituality in recovery from mental illness. International journal of psychosocial rehabilitation, 13(2), 65-75.
Hook, J.N., Worthington, E.L., Davis, D.E., Jennings, D.J., Gartner, A.L., & Hook, J.P. (2010). Empirically supported religious and spiritual therapies. Journal of Clinical Psychology, 66(1), 46-72.
Institut de la statistique du Québec (ISQ) (2012). Estimation de la population du Québec par groupe d'âge et sexe, au 1er juillet, 2001 à 2012. Site internet consulté le 24 octobre 2012: http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/demographie/struc_poplt/index.htm.
Jobin, G., Guyon, A.-C, Allard, M., Caenepeel, D, Cherblanc, J., & Vonarx, N. (2013, à paraître). Bénévoles et spiritualités en soins palliatifs. Dans A. Sévigny et al. (Eds.) Bénévoles et soins palliatifs.
Koenig, H.G. (2009). Research on Religion, Spirituality, and Mental Health:A Review. The Canadian Journal of Psychiatry, 54(5), 283–291.
Lachance, G. (2009). Expérience spirituelle et itinéraire de rétablissement : les phases d’un processus de transformation de l’être. Le partenaire, 18(2).
Martin-Krumm, C., & Tarquinio, C. (2011). Traité de psychologie positive. Paris : De Boeck.
Menezes, A., & Moreira-Almeida, A. (2010). Religion, Spirituality, and Psychosis. Current Psychiatry Reports, 12(3),174-179.
Metheany, J.-S., & Coholic, D. (2009). Exploring spirituality in mental health : social worker and psychiatrist view point. Clinical social work, 10(1), 82-95.
MSSS (2005). Plan d’action en santé mentale 2005-2010. La force des liens. Québec : Ministère de la santé et des services sociaux.
Onken, S. J., Craig, C. M., Ridgway, P., Ralph, R. O., & Cook, J. A. (2007). An analysis of the definitions and elements of recovery: A review of the literature. Psychiatric Rehabilitation Journal, 31(1), 9-22.
Pilkington, K. Kirkwood, G., Rampes, H., & Richardson, J. (2005). Yoga for depression: the research evidence. Journal of Affective Disorders, 89 (1-3), 13-24.
Rapp, C.A. & Gosha, R.J. (2006). Strenghts assessment: amplifying the well part of the individual in The strengths model : Case management with people with psychiatric disabilities (2nd ed.). New York : : Oxford University Press.

Présentation des auteurs

Christiane Bergeron-Leclerc, Ph.D., est professeure au Département des sciences humaines de l’Université du Québec à Chicoutimi. Membre du Groupe de recherche sur l’inclusion sociale, l’organisation des services et l’évaluation en santé mentale (GRIOSE-SM), du Groupe de recherche et d’interventions régionales (GRIR) et chercheure au sein de l’alliance internationale de recherche universités-communautés Santé mentale et citoyenneté (ARUCI-SMC), elle s’intéresse depuis plusieurs années, aux parcours de vie des personnes (intégration sociale/rétablissement) ayant des troubles mentaux. Elle a collaboré à plusieurs projets de recherche à ce titre (en cours : implantation et efficacité de l’approche centrée sur les forces ; recension systématique des écrits sur le yoga) et encadre plusieurs étudiants aux cycles supérieurs s’intéressant à ces questions.

Jacques Cherblanc, Ph.D., est professeur-chercheur en éthique et religion à l’Université du Québec à Chicoutimi. Titulaire d’un doctorat en science politique de l’Université Montesquieu Bordeaux-IV et d’un PhD en sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal, il est sociologue et se spécialise dans la place et le rôle du religieux dans les institutions sanitaires et scolaires publiques du Québec. Membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la pratique enseignante (CRIFPE) ainsi que de différents groupes de recherche, il est directeur du Laboratoire d’expertise et de recherche en anthropologie rituelle et symbolique depuis 2007. Ses recherches ont notamment mené à la publication de différents articles et ouvrages dont Rites et symboles contemporains, en 2011.

Communication complète


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Résumé en Anglais


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