Fiche Documentaire n° 3671

Titre La situation de vulnérabilité des femmes autochtones et l’intervention sociale

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l'auteur principal

Auteur(s) MONTMINY Lyse
BRASSARD Renée
 
     
Thème La violence conjugale vécue par les femmes autochtones représentent des défis importants pour les intervenants sociaux qui sont à la recherche de moyens pour venir en aide aide à ces femmes et à leurs familles  
Type Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...  

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Résumé

La situation de vulnérabilité des femmes autochtones et l’intervention sociale

Au Canada, comme partout au monde , les femmes sont victimes de plusieurs formes de violence. Les femmes autochtones n’échappent pas à cette triste réalité. Le taux de violence conjugale autodéclarée chez les femmes autochtones est trois fois plus élevé que chez les femmes allochtones (Statistiques Canada, 2009). Elles seraient également huit fois plus nombreuses que leurs homologues non autochtones à être victimes d’homicide conjugal (Tourigny, Domond, Trocmé, Sioui et Baril, 2007; Pharand, 2008). Elles se distinguent également par la gravité des actes de violence dont elles sont victimes. (Montminy, Brassard, Jaccoud, Harper, Bousquet , 2011). Selon Statistique Canada (2006), 54 % des femmes autochtones, comparativement à 37 % chez les femmes allochtones, ont rapporté avoir été agressées sexuellement, battues, étranglées, attaquées avec une arme à feu ou un couteau. Cette différence entre les deux groupes de femmes ne peut être attribuables qu’à des facteurs sociodémographiques (précarité financière, population jeune), il faut aussi tenir compte de certains facteurs d’ordre structurel comme l’organisation de la communauté qui contribuerait à la perpétration de la violence familiale et rendraient ardue son élimination (Bopp, Bopp et Lane , 2003). Pendant plusieurs siècles, les peuples autochtones ont été soumis à des politiques et à des pratiques d’assimilation, y compris l’établissement des réserves, l’enlèvement d’enfants, l’interdiction de certaines pratiques traditionnelles, l’établissement des écoles résidentielles, pratiques qui ont entraîné des effets dévastateurs sur les familles et les communautés qui perdurent encore aujourd’hui (Walby, Armstrong, Strid , 2012; Irvine, 2009; Down, 2008). Mais comment les intervenants aujourd’hui peuvent-ils faire face aux nombreuses conséquences qu’ont laissé les politiques de l’État depuis de si nombreuses années? Ont-ils les moyens de leurs ambitions soit d’éliminer sinon de réduire cette violence faite aux femmes autochtones? Peuvent-ils adéquatement venir en aide à ces femmes, ces familles autochtones à précarités multiples. Quels sont les obstacles qui freinent les interventions sociales au sein des communautés autochtones ? Que peuvent-ils faire «réalistement» étant donné les multiples précarités et les contraintes imposées par les instances à divers paliers des gouvernements ?

Afin de mieux saisir la marge d’action des intervenants qui oeuvrent en communauté autochtone eu égard à la violence conjugale, nous avons mené une recherche-action collaborative afin que les personnes concernées par cette problématique, notamment les travailleurs sociaux, participent à l’élaboration de solutions dans une perspective globale. Nous voulions mettre en perspective l’expérience des intervenants et identifier des initiatives communautaires permettant de mettre en valeur le potentiel des personnes à multiples précarités à se sortir de leur situation en respectant leurs valeurs, leur dignité trop souvent bafouées par nos institutions. Lors de la présentation, nous ferons état des données recueillies qui mettent en exergue les défis associés à la marge d’action des intervenants en violence conjugale que l’on pense à la formation, à la concertation entre les différents acteurs communautaires, à l’évaluation des pratiques, à la mobilité des différents professionnels, à l’absence de corridors de services, à la pratique en milieu éloigné. Nous aborderons également des pistes d’action susceptibles de générer certains changements sur les pratiques des intervenants sociaux qui pourraient avoir un impact auprès des populations autochtones notamment de recréer des liens sociaux entre les différents acteurs, dont les personnes elles-mêmes impliquées dans la problématique de la violence conjugale. Enfin, nous vous ferons part de nos réflexions concernant les responsabilités d’autres acteurs (responsables ministériels , des gestionnaires de ressources) auprès de populations plus vulnérables.

Bibliographie

• Bopp, Michael, Bopp Judie et Phil Lane (2003). La violence familiale chez les autochtones au Canada, Ottawa : Fondation autochtone de guérison
• Downe, P. J. 2008. “La Violence exercée contre les filles Autochtones. Le problème, sa face cachée, les sources d’espoir et les interventions possibles.” Dans Les Violences Faites aux Femmes, edited by S. Arcand, D., Damant, S. Gravel, and E. Harper, chapter 4. Montreal: Presses de l’Université du Québec
• Irvine, K. 2009. Supporting Aboriginal Parents: Teachings for the Future, Prince George: National Collaborating Centre for Aboriginal Health.
• Montminy, L., Brassard, R., Jaccoud, M., Harper, E., Bousquet, M-P. (2011), Dossier autochtone : Pour une meilleure compréhension de la violence conjugale envers les femmes autochtones au Québec. Nouvelles pratiques sociales, 23(1), p. 53-66.Tutty, 2006
• Pharand, S. (2008). Ishkuteu : Des services d'aides en violence conjugale en réponse aux besoins des femmes autochtones. Fédération de ressources d'hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec et Femmes Autochtones du Québec.
• Statistique Canada (2006). Mesure de la violence faite aux femmes : Tendances statistiques 2006, No 85-570-xwf au catalogue de Statistique Canada.
• Statistique Canada (2009). Quelles sont les tendances en matière de violence conjugale autodéclarée au Canada? Publication 89-630-x.
• Tourigny, Marc, Domond, Pascale, Trocmé, Nico, Sioui, Bruno et Karine Baril (2007). « Les mauvais traitements envers les enfants autochtones signalés à la protection de la jeunesse du Québec: Comparaison Interculturelle », First Peoples Child and Family Review, vol 3, no 3, 84-102.
• Walby, S., J. Armstrong, and S. Strid. 2012. “Intersectionality: Multiple Inequalities in Social Theory.” Sociology 46 (2): 224–240. doi: 10.1177/0038038511416164.

Présentation des auteurs

Lyse Montminy, détient un doctorat en service social (2000) qui portait sur la violence psychologique exercée entre conjoints âgés. Depuis 1996, j’ai développé une expertise sur la problématique de la violence conjugale (VC) et les personnes vivant en contexte de vulnérabilité à la VC : les aînéEs et les femmes et les hommes autochtones. Par mes productions scientifiques (articles, chapitres de livre et la production d’un livre sur l’intervention en contexte conjugal), les études réalisées dans le domaine de la violence faite aux femmes en contexte conjugal ainsi que par l’expertise développée pour la recherche en partenariat (RAC), j’ai été invitée dans les cinq dernières années à 20 reprises comme conférencière et réalisé 18 communications avec arbitrage tant au Québec, au Canada, en Europe, qu’en Afrique du Nord sous le thème la violence faite aux femmes, l’intervention en travail social et la recherche-action collaborative en contexte autochtone. À titre de professeure titulaire et de co-directrice scientifique du Centre de recherche sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF), j’ai embauché, encadré et participé à la formation de 19 étudiants (six au premier cycle, huit au deuxième cycle et cinq au troisième cycle) et dirigé sept professionnels de recherche depuis 2009. Dans mes activités d’enseignement je m’intéresse depuis 15 ans à la formation pratique des étudiants en service social de l’Université de Montréal. Toujours en contact avec les milieux de pratique qui accueillent mes étudiants en stage, je suis en mesure de bien saisir les défis des professionnels engagés dans l’aide aux personnes vivant de multiples précarités.
Renée Brassard Ph.D. est professeure titulaire à l’École de service social à l’Université Laval depuis 2005. Elle enseigne le domaine de la déviance, de la délinquance et de la criminalité. Elle est détentrice d’un doctorat en criminologie, thèse qui a été retenue sur la liste d’honneur du Doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal. Cette étude portait sur l’analyse des trajectoires socio-carcérales des femmes autochtones au Québec. Elle a réalisé des travaux de recherche dans le champ de la justice pénale et des Autochtones au Québec, plus spécifiquement, sur les trajectoires carcérales des hommes autochtones au Québec. Entre 2010-2014, elle a codirigé une étude d’envergure sur la violence conjugale envers les femmes autochtones au Québec. Elle dirige actuellement une étude sur l’expérience de violence conjugale des hommes autochtones au Québec. Elle est chercheure régulière au Centre de recherche interuniversitaire sur la violence faite aux femmes (CRI-VIFF) et au Centre international de criminologie comparée de l’Université de Montréal (CICC).

Communication complète


Non disponible

Résumé en Anglais

In our communication, we will present the challenges associated with the limits of the actions of the social workers working with the autochtones populations related to intimate partner violence. We will also approach types of actions able to generate certain changes on the practices of the social workers in particular those able to recreate social links between the various actors, like people themselves implied with the problems of intimate partner violence. Lastly, we will share our reflections concerning the responsibilities for other actors (ministerial representatives, ressources managers) with more vulnerable populations