Fiche Documentaire n° 3756

Titre Penser global et penser local, agir local et agir global

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Auteur(s) LEVIVIER Ana Paula
PIGNATON Fernando
 
     
Thème  
Type Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...  

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Résumé

Penser global et penser local, agir local et agir global

Axe 2
Nous parlerons de la créativité des travailleurs sociaux par une réflexion liée à une conception du
travail social en tant qu'action dont les effets sociaux, culturels, éducatifs, etc., sont intimement liés
à la politique. Nous voulons discuter à partir d'une vision où la res publica est pensée comme une
des arts les plus excellents et difficiles, c'est-à-dire, le gouvernement de la cité, des citoyens et de la
vie sociale au quotidien des personnes. Parler du pouvoir d'agir des travailleurs sociaux et des
populations dévalorisées passe, pour nous, par réinvestir le « faire de la politique », en d'autres
termes, par son réenchantement auprès des citoyens et des travailleurs eux-mêmes ! Par cette
réflexion conjuguant les sciences politiques et la psychanalyse, menée à deux voix, nous
discuterons la formule de Bauman (2005), « penser global et agir local » en l'amplifiant et en la
diversifiant pour potentialiser ses effets dans la réalité. Alors, nous la reformulerons, à savoir :
« penser global et penser local, agir local et agir global ». A fin d'illustrer nos arguments, nous
étudierons ce que nous appelons les « technologies participatives », en spécial, les expériences
autour du budget participatif, véritables actions innovantes à la base du système politique et que
sont d'un haut degré de politisation pour les populations. Les travailleurs sociaux, dans les limites
de leurs actions sectorisées et de leurs intérêts corporatistes ne feront pas grand-chose s'ils sont tout
seuls ! Dans un contexte de réchauffement global et de crise du climat de la planète, pour atteindre
des changements sociaux consistants et durables, il est nécessaire le concours d'actions
multidimensionnelles, alliant forces et acteurs sociaux hétérogènes, divers, parfois antagonistes, capables
d'influencer les actions sociales, politiques, culturelles singulières à chaque localité et au même
temps heuristiquement généralisables, offrant des idées et des alternatives aux problèmes globaux.
Nous comprenons que la crise qui affecte les sociétés actuelles a origine dans un modèle qui
gouverne et qui soumet la planète entière, produisant des problèmes globaux qui néanmoins se
reflètent localement selon la réalité de chaque pays, région, ville, culture, etc. Les communautés se
débâtent à leur niveau avec des problèmes dont la genèse est globale et c'est à ce moment que nous
voyons la nécessité de penser plus amplement la formule de Bauman car les problèmes locaux
d'aujourd'hui peuvent aussi apporter des solutions aux grands problèmes globaux. Les travailleurs
sociaux tendent à penser et à agir de manière circonstancielle, mais le « faire de la politique » dans
le monde actuel et dans celui du futur exige qu'ils avancent et qu'ils puissent aussi, de concert avec
les divers acteurs sociaux, repenser la relation « global-local » et, en conséquence, requalifier
l'action locale et globale.

Bibliographie

BAUMAN, Zygmunt, 2005, Identidades, traduit de l'anglais par C. A. Medeiros, Rio de Janeiro,
Zahar.
FERRAND, Claude (dir.), 2008, Le croisement des pouvoirs. Croiser les savoirs en formation,
recherche, action, Paris, Editions Quart Monde.
FURTOS, Jean, 2012, « Clinique de l'exclusion et de la précarité », dans Santé et précarité.
Spécificités des prises en charge et vécu des professionnels à Mayotte, Actes du Colloque de
l'Association « Fikira de Mayotte et d'Ailleurs », p. 04-10.
KOEBEL, Michel, 2006, Le pouvoir local ou la démocratie improbable, Broissieux, Editions du
Croquant.
LESBAUPIN, Ivo, 2000, Poder local X Exclusão social. A experiência das prefeituras
democráticas no Brasil, Petrópolis/RJ, Vozes.
SANTOS, Boaventura de Sousa (org.), 2001, Globalização : fatalidade ou utopia ?, Porto,
Afrontamento.

Présentation des auteurs

Ana Paula V. F. Levivier: Psychologue clinicien, Psychanalyste, docteur en Psychopathologie Fondamentale et Psychanalyse
(Université Paris 7), Chercheur associé et formateur-vacataire à l'Institut Régional du Travail Social
(Champagne-Ardenne) et à l'Institut d'Enseignement et de Recherche sur les Maladies Addictives
(Paris), Psychologue à l'Association des Papillons Blancs de Reims (I.M.E. L'Eoline, Ssad Mistral
Gagnant, Sessad Galilée). Contact : ap.levivier@gmail.com
Fernando J. Pignaton: Médecin, Spécialiste en Politiques Publiques, Professeur du Master en Gestion des Villes à
l'Université de Vitoria, Brésil (Unives), directeur de l'Institut de Recherche, d'Opinion et de
Marketing Flexconsult (Vila Velha, Brésil), scientifique accrédité par l'European Society for
Opinion and Marketing Reserarch (Esomar). Contact : fernandopignaton@uol.com.br

Communication complète

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Penser global et penser local, agir local et agir global
Ana Paula V. F. Levivier
Psychologue clinicien, Psychanalyste, docteur en Psychopathologie Fondamentale et Psychanalyse (Université Paris 7), Chercheur
associé et formateur-vacataire à l'Institut Régional du Travail Social (Champagne-Ardenne) et à l'Institut d'Enseignement et de
Recherche sur les Maladies Addictives (Paris), Psychologue à l'Association des Papillons Blancs de Reims (I.M.E. L'Éoline, Ssad
Mistral Gagnant, Sessad Galilée), membre du comité de lecture de la revue Le Sociographe. Contact : ap.levivier@gmail.com
Fernando J. Pignaton
Médecin, Spécialiste en Politiques Publiques, Professeur du Master en Gestion des Villes à l'Université de Vitória, Brésil (Unives),
directeur de l'Institut de Recherche, d'Opinion et de Marketing Flexconsult (Vila Velha, Brésil), scientifique accrédité par l'European
Society for Opinion and Marketing Reserarch (Esomar). Contact : fernando.pignaton@uol.com.br
Introduction
Nous allons réfléchir depuis le paradoxe selon lequel notre époque est celle qui a réussi à
produire de richesses dans une vitesse jamais connue, l'exemple est la bourse et son marché des
finances. La spéculation financière a une vitesse extraordinaire, elle est flexible et capable de réagir
instantanément aux événements qui l'influencent, produisant l’enrichissement d'un tiers de la
population et rejetant vers la pauvreté les deux tiers qui restent. L'argent se fait virtuellement et les
conséquences de cette logique sont affreusement réelles, au risque de nier l'homme lui-même, être
dont la vie le prédispose à « Être Plus », selon le terme de Paulo Freire (2013). Notre engagement
avec cet homme que nous sommes c'est résister, c'est de dire non, individuellement et
collectivement aux positions fatalistes qui tentent de nous faire croire que la logique marchande est
inexorable, que rien ne changera les chemins pris par le pouvoir irrésistible de l'argent..., et qu'il
nous est seulement permis de subir passivement le cour des événements – sous prétexte que les
différences entre riches et pauvres ont toujours existé... En d'autres moments historiques, d'autres
hommes ont aussi prétendu que la société serait immuable.
Lorsque nous aurons réalisé que les discours fatalistes sont de constructions idéologiques
pour nous faire taire, nous serons en mesure de récupérer notre puissance d'indignation et de
révolte. Pour cela, il sera nécessaire de changer notre pensée et notre manière d'interagir entre nous.
Nous aurons besoin de réinvestir notre capacité de réfléchir aux problèmes individuels à l'échelle
des problèmes de société, vers la construction d'un « bien commun » (Morin, 2000a ; Bauman,
2000). Nous aurons besoin de construire de passages entre visions de monde et langages
incommensurablement distincts. Sommes-nous encore en mesure de nous laisser étonner par les
diverses façons dont chaque culture pense l'homme et le monde ? Pouvons-nous encore nous
surprendre par les innombrables questions qui nous posent les différents modes d'être d'un
étranger ?
La diversité de peuples est un trésors pour l'humanité, néanmoins l'idéologie marchande
totale invalide cette richesse, ainsi comme leurs ancrages historiques et sociaux. Et alors nous
assistons à la montée d'un relativisme immodéré, prétendument culturel, enlevant la valeur des
vérités situées historiquement et socialement. C'est ainsi qui gagne place le discours selon lequel
tout est relatif, alors personne détient la vérité – une hypocrisie avec l'air de souplesse qui,
finalement, tord les vérités historiques, sociales et culturelles, nous menant vers un libéralisme sans
freins, déguisé des apanages de la liberté d'expression. Résultat : nous laissons l'homme mourir de
faim, compétir jusqu'à la destruction de l'autre, vivre dans la misère, être abandonné em tant
qu'enfant, jeunes, vieillard, malade... Or, c'est bien la fonction de la vérité qui a été pervertie par les
individualismes éxacerbés (Nogueira, 2004) ; ce qui dans ses conséquences perverti aussi les
logiques des collectifs. Il n'est pas lieu de nous laisser plonger dans la perte de repères par ce
relativisme immodéré – discours qui n'est pourtant pas appliqué aux déplacements de dolars,
technologies aidant, car ceux-ci sont dits imparables. Le monde virtuel des finances peut-il se
autogérer ou bien c'est l'énergie des homens qui le maintient? Dans les films dits du futur, les
générations spontanées des machines qui se autoalimentent trouvent en l'homme l'ennemi mortel...
est-ce celui le futur de nos rêves ? Celui qui nous préparons pour nos enfants d'aujourd'hui et de
demain (Stiegler, 2008) ?
Des années de suprematie des paradigmes dominants de l'économie sur les théorie sociales,
en particulier les néoliberaux, ont mené au pari de laisser libres les mécanismes d'autorégulation du2/11
marché – libéré des embarras posés par les politiques, il nous réserverai un happy end – la grande
crise financicère de 2008 a enlevé la force de cet argument, même s'il a encore ses défenseurs. Ce
qui nous a fait oublier que le monde, livré à lui-même, sans l'action consciente et constructive des
hommes, change, mais avec des résultats coletivement dangereux (Werneck, 2015). Nous voulons
lutter et récupérer les valeurs qui rendent la vie « digne d'être vécue » (Stiegler, 2010.), dans une
époque où celles-ci sont programmées pour perdre leur force d'agrégation. Le manque mondialisé
de limites à l'enrichissement et à la taxation des grandes fortunes ne risque pas seulement la vie de
milliers d'hommes, mais de notre propre planète – vérités qui sont terriblement banalisées. Ces
menaces de mort sont devenues plus fortes avec le succès de l'ère Bush qui a réussi a relativiser,
sous prétexte d'un autre « avis scientifique », les conclusions du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)-Intergevernmental Panel on Climat Change
(IPCC), retardant l'entrée en priorité de la question du climat dans les agendas des organismes
internationaux de la politique mondiale. Ce qui montrait une sous stimation des conséquences pour
l'humanité de la dégradation d l'environnement, permettant contourner le débat sur l'urgente
nécessité de bâtir des nouvelles habitudes de vie et de consommation basées sur de modèles
économiques écologiquement équilibrés. Cet infléchissement dans la question du climat est
responsable un inquiétant retard dans l'articulation des mesures indispensables pour affronter le
rechauffement de la planète.
Assiterons-nous ces faits sans réagir ? Les paradigmes économicistes ont montré leurs
résultats chez l'homme : conformismes, pensées tristes, corps humains et corps sociaux épuisés par
la lourdeur du labour quotidien, course compétitive, reproduction des inégalités et des abîmes entre
le respect pour la vie des uns et le manque de respect pour la vie des autres. Paradigmes qui créent
réalités d'exclusion, de discrimination, de précarité, de mort de la joie. Avec Paulo Freire, nous
croyons « que l'histoire est temps de possibilité et non pas de détermnisme, que le futur [...] est
problématique et non pas inexorable » (Freire, 2013, p. 20). Chaque conquête individuelle et
sociale relève d'une lutte datée. Accompagner le mouvement de notre temps c'est apprendre, c'est
« réinventer la forme historique de lutter » (Freire, 2013, p. 66). L'Histoire de l'homme montre que
les groupes humains portent des espoirs, des passions, des possibilités de mobilisation dans l'action
capables de les mobiliser pour faire les changements de fond dans la vie des sociétés. Alors que
« ...l'inexorabilité du futur est la négation de l'histoire » (Freire, 2013, p. 71). Peut-être est-ce la
raison par laquelle nous entendons avec insistance les discours sur la mort de l'histoire dans un
contexte qui pousse à la soumission, à la fatigue d'être soi, à l'abandon de l'autre, au manque
d'investissement dans la res publique. « Alors c'est bien pour cela qu'une de nos batailles en tant
qu'êtres humains est celle qui nous menera dans le sens de la diminuition des raisons objectives qui
minent nos espoirs et qui nos imobilizent » (Freire, 2013, p. 71).
Un des chemins que nous trouvons pour reprendre la problématisation du futur et de
l'histoire c'est l'acte politique, aujourd'hui disqualifié et réduit péniblement aux scènes médiatiques
des partis politiques, des campagnes des candidats, des luttes pour le pouvoir. La globalisation de
l'économie est une des productions de l'aventure capitaliste, qui n'a rien de naturel et reste fortement
déterminée par les orientations politiques de ceux qui tiennent les rênes du pouvoir. « Mais il est
indéniable que le processus de globalisation en cours connaît aussi l'action régulatrice des
instances juridico-politiques, en spécial, celle des organismes internationaux. À la faveur de la
formation d'une opinion publique cosmopolite nous ne pouvons pas laisser de citer l'action du Pape
François et de Jürgen Habermas, ce pape laïque de la démocratie contemporaine et, également, les
travaux de Mireille Delmas-Marty, dédiés au processus de formation d'un droit au niveau
mondial » (Werneck, 2015 ; Demas-Marty, 1994, 1998). Sans l'action des instances régulatrices
mondiales nous sommes menacés, et la menace qui nous guette est la négation de nous-mêmes,
notre transformation en êtres dociles, qui ferment les yeux vis-à-vis de la fureur de l'enrichissement
et du manque de respect à la vie humaine – les conséquences étant probablement la dissémination
banalisée de la violence, voire de la guerre.
1. L'« horreur » de la politique
« L'horreur de la politique c'est l'expression des difficultés que les communautés sont en
train d'avoir pour s'adapter à un contexte de constantes crises et des changements accélérés mais,3/11
surtout, pour le gouverner, le guider, le dépasser » (Nogueira, 2004, p. 23). En d'autres termes, la
politique est devenue un bouc émissaire exemplaire du manque de gouvernance de la citoyenneté
sur le marché financier, commandé par l'alliance entre ceux qui décident des transactions
commerciales et leurs médiateurs politiques au sein des États. Pendant qu'une grande partie de la
population se trouve perplexe et dépassée par ce contexte de « gouvernance commerciale », d'autres
hommes se cachent lâchement derrière le mouvement du capital, qu'eux-mêmes ont aidé à impulser.
Ces hommes, ces « élites » sont responsables du discrédit qui rode la politique en tant que telle, ils
sèment le manque d'espoir dans les forces citoyennes de mobilisation, ils attaquent le besoin
pressant que nous avons de penser et d'agir contre la course féroce du gain de bénéfices et d'intérêts.
La stratégie qui dénigre la politique est vieille comme le monde : diviser pour mieux
régner... Les hommes isolés, chacun avec sa vérité, seraient les seuls responsables de leurs
malheurs, la société dans laquelle ils vivraient n'aurait aucune influence sur le manque de la qualité
de vie. Le conformisme comme horizon... Allant à l'encontre de cette passivité, Marco Aurélio
Nogueira va explorer l'idée de crise en politique : « La crise de la politique est l'aveuglement
devant des conditions qui nous permettraient de dépasser le malaise collectif en vue de la recherche
des nouveaux horizons. C'est une entropie, un frottement ennuyeux, pas du tout agréable entre le
singulier et le général, l'individu et le groupe, les sujets et les institutions : difficulté de trouver et
de composer ce qui est commun » (Nogueira, 2004, p. 19) Avons-nous perdu l'esprit critique et de
solidarité devant les situations sociales et économiques sources de désespoir, de tristesse, qui
requièrent la création de solutions qui n'existent pas encore ?
Pendant que nous dévalorisons la politique comme un bien qui nous concerne, nous ouvrons
grandes les portes, dans toutes les sphères de la vie sociale et individuelle, pour l'entrée de la force à
la place de la discussion. À la place d'organiser la pression pour négocier les intérêts de chaque
peuple, c'est la loi du plus fort qui s'impose : forteresse des finances, des armes de guerre, des idées
totalitaires, des dogmatismes, des sectarismes, des ségrégations, des discriminations de tout ordre.
Ce qui peut se lire par la reprise de la conception du « choque des civilisations » de Huntington
(1997) et après le 11 septembre prises comme les bases de la prescription de l'affrontement armée
entre l'occident et le monde islamique, ainsi que les désastreuses guerres de l'ère Bush.
Dans la mesure où nous désertons les champs des batailles politiques, la souffrance, la
misère et la guerre seront non seulement prolongés, mas récrées – dans des spectres encore
inconnus – par les merveilles technologiques du monde contemporain. À qui profitent-elles les
révolutions techno-scientifiques ? Qui peut avoir l’accès et qui ne peut pas ? Afin de nous revigorer
tout en nous nourrissant des bonnes, mais vieilles idées, rappelons la conception d'Aristote (1995)
sur la politique : « art » et « science » ancrées dans la « certitude » de la « condition sociale » de
l'homme. La politique comme un espace-temps qui se constitue en acte, point de convergence pour
créer les règles capables de maintenir les tensions entre volontés et actions qui tendent vers des
réalités difficilement « naturelles », mais hautement indispensables pour la vie en société, par
exemple, la conquête de la justice et de la liberté, la limitation des individus à la faveur des
collectifs, le tissage du dialogue parmi divergences et contradictions, la recherche de la transparence
lors de la colocation des problèmes dans la quête des solutions. La politique est, fondamentalement,
le développement de la capacité à limiter le pouvoir tout en le transformant en possibilité de
gouverner hommes et cités !
2. Le « réenchantement » local et global de la politique
« Dans ses chemins les plus avancés, [la politique] est un pari dans la participation
démocratique, dédiée à la refonte du pouvoir, à sa transformation en quelque chose de plus
accessible moins menaçant, plus partagé. De ce point de vue, la politique démocratique se qualifie
par son souci d'affirmer la participation comme un partenaire du gouverner et du représenter. Elle
tente d'être le garant du dialogue comme moyen prévalent pour exprimer et pour résoudre les
conflits en société » (Nogueira, 2004, p. 30). C'est dans cette direction qui s'affirment à la base du
système politique les « technologies participatives de gestion » (Pignaton, 2012) – en spécial, les
innovantes expériences de la discussion du « budget populaire/participatif ». Expériences qui
gagnent en extension dans un format de multipartisme vis-à-vis des tendances qui la pratiquent dans
au moins 2.860 villes déjà recensées parmi celles de l'Europe, d'Amérique du Nord, Centrale et du4/11
Sud, d'Afrique, d'Asie, y compris les métropoles telles que Paris, quelques quartiers de New York,
Chicago, et Péquin (Oliveira, 2015 ; Sintomer, 2009). Sur un point de vue historique, la discussion
participative du budget publique est une contribution pionnière et universelle de la démocratie
brésilienne dont l'origine date de 32 ans en arrière, dans la ville de Vila Velha (Ferri, 2009 ; Vargas
et Morandi, 1987).
Le budget participatif fonctionne comme une chambre de mutualisations inter-corporatistes,
en même temps qu'il promeut l'autonomie politique des mouvements sociaux, le renforcement des
identités sociales et des acteurs de la société civile. Par sa dynamique, il contribue à l'apprentissage
qui tirent tous les acteurs des situations où la négociation des intérêts divers est en jeu, sans que le
recours aux explosions destructives ni à l’exacerbation immodérée des conflits soient employées
comme méthodes. Les expériences s'exercent avec les citoyens organisés et participant directement
à la prise des décisions publiques jusqu'alors seulement accessibles aux connaissances des
« spécialistes » d'une élite politique et bureaucratique locale. Au cours de l'élaboration du budget
municipal, le citoyen apprend et prend l'habitude de manier les rets du pouvoir des mécanismes
financiers et économiques aux moments cruciaux des décisions dans lesquels les demandes seront
choisies et les priorités seront inclues dans les dossiers d'instruction du budget, déterminant où
l'argent publique sera dépensé.
À travers ce que Boaventura Santos (2009) appelle l'« écologie des savoirs », les
mouvements sociaux et citoyens sont aujourd'hui les protagonistes d'une participation populaire qui
est une énergie expansive de la démocratie participative, en démocratisant le modèle conventionnel
hégémonique de la démocratie représentative. Avec l'introduction de ce modèle, « la démocratie
participative ne vise pas à inventer la participation politique », ni devenir la forme exclusive de la
médiation État/société, mais davantage l'élargir. Elle exige la redéfinition de toutes les pratiques
institutionnelles qui composent le système social et politique préexistants à sa pleine introduction
(Martins, 1984). « Aucun État capitaliste est préparé pour attendre, dans l'immédiat et sans se
reformuler, les exigences fonctionnelles de la démocratie participative », même s'il est très en
avance du point de vue du libéralisme et de la démocratie (Martins, 1984, p. 36). Il est important de
relever que c'est justement à cet endroit – concernant la question de l'identité et de l'autonomie du
socius – que les nouveaux paradigmes de la démocratie participative entrent en choque et critiquent
les modèles populistes existants en Amérique Latine et émergents en Europe, aussi bien de la droite
que de la gauche. Populismes qui manipulent les acteurs sociaux, qui font une modération « d'en
haut » des conflits, mettant à la place de la société civile comme protagoniste, l’État et, parfois,
seulement celui d'un seul homme, comme un être providentiel, à la manière bonapartiste (Marx,
1851).
Dans le champ de la « bataille des idées » (Konder, 1984) des relations globales, nous
percevons l’avènement en évolution des nouvelles conditions où la politique démocratique joue un
rôle de protagoniste à partir de la crise économique de 2008. Crise qui dénudé la contradiction entre
le discours dominant à hégémonie économiste dans la théorie sociale et la pratique « politiste » à
contre-courant du social parce que soutenant le radical interventionnisme de l’État dans l'économie
à la faveur du capital financier – alors que de vetos étaient visés sur les projets à caractère sociaux
et humains par de raisons idéologiques, bien déguisées en mille technicisations.
Avec l'intervention politique dans l'économie qui n'a fait qu'augmenter les dépenses des
États et l'utilisation de leurs propres ressources pour résoudre la crise des banquiers à extension
mondiale, le centre du pouvoir économique et politique a fini pour blesser et contredire son propre
discours (devenu naturalisé) de réduire à minima l'autonomie de la sphère publique et de l’État.
Malgré le bénéfice corporatiste immédiat de profiter de l'appropriation privé de l'argent publique au
milieu d'un « se salve celui qui peut », l'attitude de secours du pouvoir économico-politique vis-à-
vis des banquiers a eu comme contre-effet collatéral non escompté la ré-politisation des
mouvements sociaux et des acteurs civils. De par leurs actions, ces derniers ont résolument
interpellé les États – et la politique – pour obtenir des droits. Dans ce contexte, les acteurs du social
ont en grande partie surmonté leur désorientation théorique et leurs difficultés d'agrégation
politique. Ainsi, ils ont redonné de la vigueur à la force virtuelle et présentielle des mobilisations
sociales, à leurs actions politiques et à l'extension de la citoyenneté.
S'il est vrai que la confiance accordée aux partis politiques et aux représentants de la classe5/11
politique est en chute libre, la méfiance à leur égard n'a plus comme effet l'éloignement des
personnes de l'exercice de la politique avec un « P en majuscule » – c'est-à-dire, de la politique
comme un bien et un milieu de relations par lesquelles il est possible faire dialoguer les conflits afin
de promouvoir des transformations positives en bénéfice de la collectivité. « Les personnes veulent
participer de la vie politique, mais, à la place de se laisser limiter par de pratiques qui ne
traduisent pas leur insatisfaction, elles cherchent de nouvelles modalités de participation qui vont
au-delà de la démocratie représentative » (Pignaton, 2015), en utilisant les mécanismes et les outils
informels de la démocratie directe et de la démocratie participative à leur portée. De telles
impulsions d'énergie venant de la dimension de la démocratie participative peuvent avoir un résultat
d'une politisation et d'une requalification de la démocratie représentative elle-même, avec un gain
qualitatif pour la démocratie, comme nous sommes aujourd'hui en train d'assister.
3. Le « réenchantement » de la politique et les travailleurs sociaux
« Personne peut être dans le monde et avec les autres de manière neutre. Je ne peux pas être
dans le monde en mettant des gans aux mains pour simplement faire de constats » (Freire, 2013, p.
75). Les travailleurs sociaux, par leurs relations de travail, perçoivent les effets concrets des
politiques de l’État. De leurs points de vue ancrés dans les réalités, ces politiques ne sont pas
éloignées des problèmes qu'elles tentent de résoudre, voire qu'elles contribuent à fabriquer. Leurs
conséquences gagnent corps par les innombrables développements qui atteignent la vie de tous les
jours des populations.
Nous allons tenter d'« identifier et réfléchir aux effets psychosociaux de la politique car
toutes les politiques et toutes les cultures ont des effets » (Furtos, 2012, p. 05). Nous chercherons les
ponts – parfois difficilement trouvables, mais existants – entre les aspects politiques, psychiques et
sociaux, qui se lient et se déterminent. Quand un professionnel rédige un rapport, analyse une
situation, témoigne, décrit la réalité, justifie son action, accompagne quelqu'un, etc., il contribue à
soutenir une dynamique d'influences réciproques qui traverse le corps social à des vitesses
incontrôlables, créant significations et conséquences multiples et inattendues – ce qui contribue à
rendre opaque la vision des effets de son propre travail. Notre hypothèse est que cette contingence
du travail social – être maillé au tissu politique du socius – peut favoriser au travailleur social
l'éloignement du « produit » de son travail, à la manière de l'ouvrier de Charles Chaplin dans le
filme Les Temps Modernes. C'est-à-dire qu'il peut perdre le sens de ce qu'il fait et ainsi se risquer à
répéter, exécuter, obéir aux injonctions...
Face à ces logiques envahissant les champs du travail fondamentalement humain il est
important de se rendre compte que les travailleurs sociaux ne sont pas seuls et qu'ils ne pourront pas
transformer ces logiques sans le concours des autres – les causes sociales avancent par des collectifs
qui se mobilisent. Les problèmes des personnes et des villes deviennent semblables dans leurs
causes et leurs complications. La société et l'individu sont en train d'être atteints simultanément : les
drames concernant le travail, la vie des villes, le manque de solidarité et de tendresse, la quête
d'amour et d'amitié, le traitement des déchets, la production des aliments, les ressources en eau et en
air, etc., sont particuliers et universels. Et nous avons besoins de beaucoup de courage, de
persévérance et d'audace, mais également de plaisir, de joie, de légèreté et de détermination pour
construire ensemble les chemins d'un futur prometteur dans l'affrontement des défis d'aujourd'hui et
de demain.
4. Que peut signifier l'idée d'une « clinique psychosociale » ?
L'hypothèse ici développée est que les travailleurs sociaux sont aujourd'hui les témoins de
modalités de souffrance qui ne sont pas encore écrites dans les livres et qui illustrent ce que la vie
des populations – publique du travail social – est en train de devenir. Le travail auprès des plus
défavorisés, des démunis, de ceux qui semblent abandonnés à leur propre sort et qui demeurent à la
marge des évolutions (scientifiques, technologiques, médicales, sociales, du marché du travail...),
montre que l'origine des souffrances actuelles – dans leurs aspects psychiques, socio-culturels,
familiaux, économiques – sont de plus en plus multi-déterminées, difficiles à cerner isolément,
voire, de façon claire. Nous avons l'impression que pour « résoudre » un seul « problème » d'une
personne ou d'une famille, il serait presque nécessaire de s'attarder sur les problèmes de toute une6/11
société ! Impression qui est très juste et qui reflète la spécificité de la souffrance humaine que nous
rencontrons d'aujourd'hui.
« ... quand le problème est à la fois psychique et social et qu'une prise en charge dans une
seule discipline ne suffit pas, c'est que nous appelons la clinique psychosociale. C'est une clinique
de la difficulté à exister avec autrui. Cela concerne des personnes dont la souffrance n'est pas
complètement issue de son propre espace psychique, ni complètement de son environnement social.
Ces deux espaces sont alors complètement intriqués » (Furtos, 2012, p. 05). Cette clinique met en
lumière une figure inouïe de la précarité : un puissant sentiment d’insécurité économique et
psychique s’empare des espoirs de l’homme moderne. Espoir en la vie, en un monde meilleur.
L’homme semble vivre dans un état d’alerte face à un risque toujours imminent (Bauman, 2000,
2005). Ce que cause une instabilité permanente et instaure une progressive perte de confiance : dans
l’autre et en soi-même.
Face à ce mélange précarité/instabilité devenu presque ordinaire, Furtos (2012, p. 07-09)
identifie trois manifestations qui démarquent des niveaux de souffrance différentiés, selon l’atteinte
portée à la personne. Le premier est compatible avec les situations problèmes devant lesquelles il a
mobilisation des ressources de l’individu et de son milieu – les solidarités sont présentes – afin de
les surmonter et de les résoudre. Ici, les souffrances sont génératrices d’un stress qui est compatible
avec la santé. Le deuxième niveau de précarité est plus aigu dans ses dégâts : les situations
problèmes génèrent une perte généralisée de confiance dans le futur, l'individu est dans le souci
permanent de satisfaire ses besoins vitaux. Les moyens pour se maintenir en vie sont imprévisibles
et incertains et la désillusion offusque la pensée sur la sortie, c'est une vie de galère. Les personnes
non plus la force de demander de l’aide et la refusent même, entrant dans l’isolement, la solitude,
parfois la méfiance. La peur et le désinvestissement des relations peuvent renforcer l’intolérance et
l’entrée dans un état de tristesse existentielle chronique. Ces personnes représentent un réel défi
pour les travailleurs sociaux parce qu’elles mettent à l’épreuve leur ténacité et leur esprit d’équipe
vis-à-vis de l’extension des ruptures qui a pris des années pour s’installer. Il sera nécessaire
réinvestir la confiance en l’autre comme possibilité existentielle. La jeunesse des générations des
émigrés en France – étrangers dans le pays d’origine et étrangers devant les français, dans un no
men's land – fait penser à ce genre de précarité à regarder leur désenchantement dans leur avenir
(Marlière, 2005, 2008). Aussi bien que ceux qui rentrent tôt dans les chiffres du décrochage
scolaire, mis au-dehors du système de valorisation diplômante et professionnelle (Guigue, 2008).
Tous ces jeunes, à degrés divers, vivent des ruptures psychiques et sociales qui attaquent la
transmission d’un mode de vie – du monde des parents, des adultes, du travail – où ils auraient une
place autre qu’être à la marge.
Le troisième niveau de précarité annihile et détruit les ressources psychiques et sociales : les
situations problèmes mènent à la stratégie de défense où la personne va « couper les ponts » entre
les souffrances et sa capacité à les ressentir – espèce d’extraction du monde et de soi-même afin de
survivre. Certains témoignages des sans abri fixe illustrent cet état ; Fiona Thiebaux (2014) le décrit
lorsqu’elle parle de réussir à devenir immune contre les effets du froid, de la saleté, de la faim, des
regards discriminateurs. Les drames des demandeurs d’asile qui vivent dans une attente prolongée,
suspendus à une réponse pour savoir quelle place sociale leur sera accordée peuvent les mener à ce
type de souffrance. Une semblable situation « d'attente sociale » peut être vécue par les adultes
polyhandicapés et handicapées lorsqu'ils se trouvent à la recherche d'une place en structure adaptée.
Toutes ces personnes vivent une existence qui risque de se résumer à une parenthèse, danger parfois
renforcé par professionnels et milieu social, qui, eux aussi, s’anesthésient contre les affres de
l’impuissante attente. Dans ce type de précarité, les pertes du monde psychique interne sont
renforcées par le milieu : l’exclusion sociale donne réalité au sentiment d’être en-dehors des droits
et des devoirs citoyens. Nous rencontrons aussi des situations où cette attente n’existe plus : en
hiver, dans les bois de Paris, les travailleurs sociaux ont littéralement besoin de porter dans les bras
les personnes jusqu’aux abris sinon pendant la nuit elles vont mourir. Ces personnes ne demandent
plus rien. Furtos (2012, p. 08) parle de « syndrome d’auto exclusion », une « pathologie de la
souffrance » ; signe de nos temps.
Devant telles formes de souffrance ce qu’importe dans un premier temps est la construction
des liens de confiance avant n’importe quel point d’approche spécialisé. Ce qui va forcément faire7/11
sortir les professionnels de leurs références trop accrochées à leurs métiers – parfois des malaises
émergent, ou bien le sentiment d'être démuni, voire impuissant, certains commencent même à
souffrir... Ce type de souffrance représente un défi pour les équipes qui sont mises face à des
« inversions sémiologiques » : c’est l’impression que la personne ne s’adresse pas à l’interlocuteur
le mieux placé : l’assistant social va entendre des traumatismes psychiques, au psy on demandera
l'inscription à l’épicerie sociale... C'est une donnée de la réalité qui nous arrive, que nous avons
besoin de comprendre et qui nous oblige à travailler autrement, « les gens ont besoin de nous parler
à l'envers (de ce qui est attendu). [...]. Peut-être, ce qui serait intéressant, dans un contexte qui est
à la fois mondial, spécifique et particulier, ce serait d'approfondir ce qui appartient à tout le
monde ; ce qui fait quasiment partie de ce qui devrait être la culture générale, la culture politique
de base, la culture psychosociale de base ; puis, ce qu'on peut faire en fonction de son statut, ce
pour quoi on est payé, etc... » (2012, p. 09).
Chacun aura besoin de garder ces adresses inversées au dedans de soi-même pour ensuite,
avec les autres travailleurs sociaux, songer à leur adresse. Peut-être est-ce la raison par laquelle nos
méthodes actuelles soient de plus en plus les pratiques en réseaux, les partenariats, les conventions
de partage... Ce qui est fort d'enseignements pratiques : c'est entre acteurs avec objectifs, missions
et visions distincts des nôtres que nous arrivons quelque peu à prendre avec les populations des
chemins de secours – pouvant, peut-être, mener à des destins autres que les situations
catastrophiques. Les souffrances actuelles peut-être nous signifient aussi qu'elles ne se laissent plus
appréhender par nos modèles explicatifs et compréhensifs habituels... Affronter le nouveau
n'exigerait pas des changements dans nos formes de le penser et de le mettre au travail ? Il nous
paraît certain que la hyper complexité des phénomènes humains et sociaux nous exigera les
logiques de la complexité afin de les approcher, dans un effort de confluence de savoirs pour
pénétrer leur intelligibilité (Morin, 2000). Penser par l'angle de la clinique psychosociale rend
visible cette réalité par laquelle les drames individuels rencontrent des pistes de compréhension et
des alternatives pour les aborder dans le cœur de nos problèmes de société. D'où découle le
caractère politique incrusté dans les pratiques du travail social – les manifestations inhabituelles des
souffrances de notre siècle sont les produits de notre propre temps. Cette modernité même qui les a
fait naître sera-t-elle aussi capable de les transformer en autre chose que précarité psychique et
sociale ?
Conclusion
Une des conclusions de Manuel Castells de ses études sur les mouvements sociaux et ses
formes web de mobilisation en réseau est que les personnes étaient réunies – « malgré leurs
différences d'opinion ou filiations associatives » – parce que leurs « connexions », bien au-delà des
outils de communication, se sont « connectés » avec « les préoccupations réelles partagées dans les
expériences humaines revendiquées ». Il suit en analysant les bienfaits de la vitesse de propagation
des sentiments, contenus et arguments qui ont ramené les personnes à manifester. Le cynisme des
hommes de pouvoir, imposant la précarité et discréditant la démocratie, a transformé l’humiliation
et la peur en indignation et en espérance, qui se sont répandues virtuellement comme une vague
« virale » partout dans le monde (Castells, 2013).
« Ils se sont joints. Union qui les a aidé à surmonter la peur, cette émotion paralysante que
soutient les pouvoirs pour se perpétuer. [...]. De la sécurité du cyberespace, les personnes de tous
les âges et conditions ont commencé à occuper l'espace publique, dans une rencontre à l'aveugle
entre elles et le destin qu'elles voulaient prendre en mains lorsqu'elles ont revendiqué leur droit à
faire l'histoire – leur histoire – dans une manifestation d'auto-conscience qui a toujours caractérisé
les grands mouvements sociaux » (Castells, 2013, p. 12).
Ce dialogue instantané avec l'autre par la mobilisation collective est restreinte à ceux qui en
ont les moyens – possibilité qui est encore inexistante pour la plupart des personnes vivant dans le
seuil de la misère. Toutefois, il est acquis la démonstration de ses effets politiques au niveau global.
La révélation de tous ces mouvements est que leurs répercussions sont à la fois locales et globales :
la séquence des mobilisations populaires depuis l'internet a commencé à Madrid en 2004 et a
continuée : Iran, Islande, Espagne, Grèce, Portugal, Italie, Grande-Bretagne, États Unis, Tunisie, le8/11
printemps arabe, France, Brésil (Castells, 2013). Le mouvement de protestation contre les attentats
du 07 janvier en France a aussi montré – à travers la politique – la face bénigne d'une globalisation
convergente avec les marches populaires affichant leur solidarité dans plusieurs villes (Werneck,
2015). Au nom de la liberté d'expression et de choix religieux, la marche de 2015 dans les rues de
Paris a mobilisé le peuple mais aussi les représentants politiques et religieux de plusieurs Nations. À
Paris la voix d'une société civile mondiale s'est fait entendre, a pris forme, et a appelé à la vie ce qui
a toujours existé d'universel dans la Révolution Française.
Le fait que le diagnostic sur le réchauffement et l’exhaustion des ressources naturelles de la
planète est aujourd'hui incontestable – non seulement scientifiquement mais aussi parmi les centres
de pouvoir mondiaux notamment par les rassemblements internationaux à l'occasion des sommets
sur le climat et l'environnement et, plus récemment, par les accords entre les États Unis et la Chine
– pose des restrictions concrètes aux paradigmes néolibéraux que jusqu'alors promettaient « le ciel
comme limite » face à la croissance inspirée de leur modèle économique dont la voracité ne prend
pas en compte les conséquences destructives pour l'environnement. L'interconnexion de ces faits sur
le cours d'une réalité bien empirée par la crise de 2008 – y compris la synergie activée à la base du
système politique avec les expériences de la discussion des budgets publiques – mettent en lumière
des conditions de mobilisation démocratique inédites, démarquant un changement historique que
nous sommes en train d'assister dans l'appropriation du « faire de la politique » au niveau local et
global.
L'occupation des lieux publiques par les regroupements fort hétérogènes ont alerté les
communautés locales et les États quant à la diminution des marges de vie et de liberté partout. Les
manifestations ont été les porte-paroles du malaise psychosocial et du sentiment généralisé
d'insécurité, elles ont aussi dénoncé la dégradation des relations humaines sur tous les niveaux : du
travail aux relations entre les sexes et les générations, de la liberté de pensée et des choix de vie à la
réduction des personnes à des consommateurs, du renoncement à l'espoir dans le futur jusqu'à la
résignation. Or, ce que nous avons vu, tout le monde le savait déjà : la face sans pitié de la
mondialisation menée par l'uni-direction de l'homo œconomicus. Mais nous avons aussi vu que les
solutions ne sont pas impossibles à trouver et qu'entre le local et le global, l'enjeu n'est pas
l’incommensurabilité des problèmes, mais la pertinence de la transportabilité créative de leurs
alternatives de solutions. La réduction de la qualité de l'air planétaire altère les conditions de vie de
chaque ville, les solutions locales des quartiers et des villes pour la question des déchets sont de
véritables trouvailles pour la question mondiale des déchets, parler de solidarité, de tendresse et
d'amitié concerne n'importe quel homme où qu'il soit... Ce sont ces résonances entre elles qui nous
persuadent de notre urgent besoin de penser global et penser local, d'agir local et d'agir global.
Les cycles de manifestations populaires dans les rues sont l'émergence des formes aiguës
d'une démocratie participative en progrès d'affirmation mondialisée. Ils sont de réponses face aux
demandes adressées à une démocratie représentative aujourd'hui alignée sur des intérêts contraires
aux intérêts de la res publique. Les manifestations relient avec les processus de politisation par les
dynamiques collectivement nées, elles montrent la démocratie participative et directe faisant
légitime pression sur la démocratie représentative, régénérant la perspective d'une démocratie à la
mesure de chaque pays, ville, communauté. Elles nous « provoquent » sur la nécessité de penser
aux réalités institutionnelles inusitées afin d'accueillir les actions protagonistes des citoyens en
direction du socius, du politique et du publique.
Dans ces temps d’ébullition sociale et politique, à la place de suivre la « mode » de la fin de
l'histoire et de la politique, nous décidons de reconnaître dans les événements populaires de notre
monde les symboles d'une politique locale et globale en connexion, intensive, à contagion : donnant
vie à une démocratie de haute intensité, réenchantant nos espoirs, démocratisant la démocratie. Pour
les populations démunies, désenchantées, les mouvements ont, en quelque sorte, crié haut et fort
leur douleur, en mettant le doigt sur les souffrances actuelles et sur la détérioration de la qualité de
vie. Concernant les horizons du travail social, cela peut signifier les pistes des changements à venir
dans la façon dont le travail est pensé et réalisé car face aux innombrables variantes d'une seule
situation qui se présente, les difficultés de fixer de points de concordance de la raison inondent
aujourd'hui le quotidien de ses métiers, posant des impasses, des contradictions et des ambiguïtés
qui défient la pensée critique et même le doute. La façon dont les travailleurs sociaux sont sollicités9/11
dépasse largement un seul champ de compétence. Et c'est dans l'approche de cette réalité multi-
déterminée de la vie des personnes que les travailleurs sociaux peuvent faire preuve de créativité :
les postures plurielles, complexes dans leurs logiques de pensée et d'action, diversifiant les points
de vue, fédérant services, organismes, institutions distinctes, mobilisant lectures et visions
hétérogènes peuvent être des « expérimentations de la complexité » pour explorer les alternatives
capables de contempler la pluralité, les influences réciproques, l'instabilité, etc., des problèmes et de
leurs solutions. Ce qui présuppose une multitude de sujets liés par la détermination de chercher
ensemble ! Ce qui requiert curiosité, audace, sens du collectif, concertation, organisation,
persévérance, énergie, entre-aide – bref, valeurs humains. L'humanité au travail se repose sur la
mobilisation de l'espoir et des solidarités professionnelles. Faire preuve de créativité ne serait- ce
pas créer cette mobilisation sans précédent des forces communes que la réalité des souffrances
actuelles semble nécessiter ?
Selon Tarso Genro (Santos et Genro, 2015) nous avons besoin « des institutions nouvelles
pour cette nouvelle ''zone'' qui surgi entre l’État et la société ». En 2005, un des chemins vers
l'institutionnalisation participative d'une large extension théorico-politique a été envisagé par une
proposition née des expériences de participation populaire dans la discussion des budgets publiques
(Orçamento participativo, OP, chez les brésiliens), menées au Brésil : « que le droit populaire à la
discussion de l'OP soit garanti par son inclusion dans la Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme » (Pignaton, 2013, 2006). En 2014, la « participation citoyenne » est politiquement
renforcée par deux importants événements internationaux qui ont simultanément eu lieu au Brésil, à
Rio Grande do Sul, dans la ville de Canoas : le Forum Social Thématique et la 14 ème Conférence de
l'Observatoire National de la Démocratie Participative (OIDP). Ceux-ci ont officiellement demandé
à l'ONU que le droit à la participation citoyenne soit incluse parmi les Objectifs pour le
Développement Durable das Nations Unies.
Formulée en un contexte de lutte contra contre l'autoritarisme de la dictature militaire
brésilienne, et simultanément comme alternative critique au traditionnel populisme qui renaissait
avec la ré-démocratisation du pays, la proposition du budget « populaire » – plus tard appelé budget
« participatif » – a toujours eu, depuis son origine en 1983 dans la ville de Vila Velha, la vocation de
devenir stable et universelle à travers de son institutionnalisation démocratique. La première loi
municipale institutionnalisant le budget participatif et l'Assemblée Municipale des Délégués du
Budget Municipal furent crées en 1984 (Pignaton, 2005) – jusqu'aujourd'hui, 32 ans après, la ville a
toujours cette pratique dans son agenda politique, indépendamment du parti qui emporte les
élections législatives. En 1988, les principes de la participation populaire dans la discussion des
budgets publiques ont été pérennisés dans le texte de la Constitution Fédérale du Brésil, par
l’approbation d'un amendement constitutionnel venant des représentants de Vila Velha.
Ces ancrages historiques sont des exemples de l'invention de connaissances politiques et de
gestions publiques qui s'affirment à contre-courant de la dévalorisation des épistémologies du sud.
Ils construisent de références socio-politiques dans l'histoire de la participation citoyenne comme
une alternative démocratique de l'expérience brésilienne dans sa proposition de reforme politique
des relations entre l’État et la société qui se reconfigure partout dans le monde, en ce moment précis
et nouveau, historiquement marqué par l’extraordinaire cycle global de manifestations populaires.
Concrètement, en prenant l'exemple brésilien, ce serait implémenter les « technologies
participatives » de gestion publique non seulement au niveau des budgets municipaux, mais – en
tenant compte des adaptations nécessaires –, étendre son savoir-faire (principes, valeurs, méthodes,
outils...) aux politiques publiques en général, y compris son application aux budgets
départementaux, régionaux et nationaux. Sa viabilisation politique peut se faire en agrégeant : d'une
part, les énergies sociales avec l'aide de la force de mobilisation populaire et de réseaux par internet
sous forme virtuelle, ainsi que sous forme présentielle, plus traditionnelle. D'autre part, en
s'appropriant les outils technologiques les plus pointus, comme les softwares de traitements de
données (informations, mots, images, etc.) idéologiquement réservés aux « services secrets » des
pays centraux. Ces logiciels permettraient le traitement du monumental volume d'opinions,
propositions, projets et programmes générés dans les dialogues propagés aux échelles locales et
globales. Et par là, rendre techniquement possible la discussion et la délibération « en réseau » des
ressources et des politiques publiques produites, liant quartiers, villes, pays, par « l'humanité d'un10/11
village digital global ». Ce que pourrait garantir une forme de participation populaire permanente et
structurelle, une nouvelle modalité de participation pour une « Citoyenneté Nouvelle et Globale »
qui a déjà montrée son visage dans les rues, qui s'exprime en réseaux virtuels, qui rêve de futur.
Pour notre part, les possibilités d'un renouveau dans le visage de la politique par les formes de la
participation dans l'ère du virtuel nous fait rêver d'une « Dommus du Futur », revalorisant l'art de la
politique dans les théories sociales et dans les cœurs des citoyens.
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Résumé en Anglais

Title: To think globally and think locally, to act locally and act globally
We will talk about the creativity of the social workers through a reflection that will be
closely related to the conception of social work as an action, the social, cultural, educational, etc.
effects of which are not detached from politics. We want to discuss, based on a view where the res
publique is thought as one of the most excellent and difficult arts, i.e., the government of the city,
the citizens, and social life as a part of people's everyday life. Rescuing the power of acting of the
workers and undervalued populations goes through, in our opinion, the rescue of « making
politics »; in other words, its reenchantment! In this reflection that we will make in two voices,
conjugating political science and psychoanalysis, we will discuss Bauman's (2005) motto « to think
globally and act locally », extending and diversifying it, in order to maximize its effects on reality:
to think globally and think locally, to act locally and act globally. In order to illustrate our
arguments, we will study the example of what we call « participatory technologies », particularly,
the participatory budget, which, in our view, is a truly innovative step, a highly politicizing tool for
the populations, in the base of the political system. The social workers, limited by the corporate
interests and the atomized actions, will not be able to do much by themselves! Within a context of
global warming and climate crisis in the planet, in order to achieve consistent and long-lasting
social changes, it takes multidimensional actions allying with several forces and social players that
are heterogeneous, sometimes antagonistic, and capable to carry out sociopolitical-cultural actions
that are particular to the location and, at the same time, heuristically generalizable, offering
alternatives to the global problems. We understand that the crisis affecting the current societies is
from a model that subjects and governs the entire planet, causing general problems, however these
reflect differently according to the reality of each country, region, city, culture etc. The communities
struggle locally with problems arising globally, and here we see the need for thinking wider and
giving a new dynamism to Bauman's formula: the present-day localized problems bring the
solutions to the major global problems. The social workers tend to think and act in a circumstantial
manner; however, the making politics of today and tomorrow also requires that they go forward and
that, together with the other social players, they can also rethink on the « global/local» relationship
and, at the same time, requalify the local and global action.

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